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Les baskets en marc de raisin de Zèta avancent à pas de géant
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Les baskets en marc de raisin de Zèta avancent à pas de géant

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Nourrie de l’audace de sa jeune fondatrice, l’entreprise bordelaise de baskets écoresponsables Zèta connaît une forte croissance depuis sa création il y a trois ans. Elle ouvre cette semaine un premier showroom, à Bordeaux, qui présentera notamment sa collection pour enfants lancée en juin. En attendant les autres projets…

Laure Babin a créé des baskets avec des matières organiques et plastiques recyclées. Elle ouvre début septembre son premier showroom — Photo : Caroline Ansart

Souriante et décontractée, Laure Babin mène sa barque avec assurance, pugnacité et une sacrée audace. À 26 ans, elle est à la tête de la start-up Zèta, qui fabrique des baskets végan conçues à partir de matières recyclées et recyclables, ne générant aucun déchet. Créée il y a juste trois ans, Zèta dépasse déjà le million d’euros de chiffre d’affaires (1,1 M€ fin août 2023), emploie neuf personnes et commercialise en ligne et via une cinquantaine de points de vente en Europe. Sur 2022, la marque a écoulé 20 000 paires. Et surtout permis d’économiser 270 000 tonnes de CO2 depuis son lancement. C’était cela le leitmotiv de Laure Babin : réduire l’empreinte environnementale des baskets.

3 kg de déchets par paire

L’idée a germé alors que l’Angevine était encore élève en marketing à l’IAE de Bordeaux. "Je voulais un produit avec un fort impact. Tout le monde porte des baskets, quel que soit l’âge, le pays, le niveau social. Elles sont produites à 90 % en Asie avec des matières très polluantes." Elle intègre l’incubateur de l’école en parallèle de ses études et se démène. "J’ai beaucoup fouillé. Comment se fabrique une chaussure ? Quelle alternative à chacun des composants ? Je suis tombée sur du cuir de raisin en Italie."

Désormais, une paire de baskets réutilise environ 3 kg de déchets : la partie supérieure est en résidus de raisin, café ou maïs, les semelles en liège et caoutchouc recyclés, les lacets et la doublure en plastique repêchés en Méditerranée, la colle en latex recyclé. Le coût carbone par paire est inférieur de 60 % comparé à celui d’une paire classique. Les baskets sont assemblées à la main au Portugal, là où se concentre l’essentiel des fournisseurs. "Quand j’ai démarché des usines à 21 ans, on ne m’a pas prise au sérieux. C’est un monde encore patriarcal, davantage sollicité par des équipes chevronnées. Moi, j’étais seule avec trois dessins." Les banques aussi étaient frileuses. Les crowdfunders, eux, ne s’y sont pas trompés. En quelques heures, le palier nécessaire au lancement de l’atelier était atteint. S’en sont suivis des essais. "Le cuir de pomme n’a pas résisté."

Nespresso, running et livraison

Le début de commercialisation lui vaut un coup de pouce bien venu. "Le patron de Nespresso m’a contactée via LinkedIn. Il m’a lancé le défi de fabriquer une paire de baskets en cuir de marc de café. J’ai mis du temps à identifier un partenaire pour tester la fabrication, ensuite nous avons mis huit mois à mettre le produit au point."

Depuis, les recettes bouillonnent toujours et les clients se pressent. En juin, Zèta a lancé sa première collection enfants (76 € la paire, à partir de 135 € pour adulte). "C’était une demande de nos clients, le marché en propose peu", justifie Laure Babin. Un segment d’autant plus encourageant que ce sont les plus gros consommateurs de chaussures.

Peut-être viendront-ils pousser les portes du premier showroom de Zèta, qui ouvre ce 7 septembre dans les nouveaux locaux de l’équipe à Bordeaux. "Comme tous les acteurs du e-commerce, on enregistrait une baisse des ventes sur Internet depuis janvier au profit d’un retour en boutiques, chez nos revendeurs. Nous avons aussi envie de rencontrer nos clients et gagner en visibilité."

Dans sa besace, la dirigeante prépare aussi d’autres modèles, "des running et un modèle haut", ainsi que des chaussettes en coton et plastique recyclé, en cours de prototypage. Zèta a par ailleurs signé un partenariat avec l’entreprise bordelaise de livraison de repas à vélo Blackbird Bordeaux (créée en 2022), qui transportera des baskets pendant ses heures creuses. Quant à ceux qui guettent une boutique 100 % Zèta, "ce serait le rêve, d’ici trois ans".

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