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Léa Lassarat (CCI Seine Estuaire) : "Il ne faut pas s'accrocher au pouvoir"
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Léa Lassarat présidente de la CCI Seine Estuaire "Il ne faut pas s'accrocher au pouvoir"

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Première femme élue à la tête d’une CCI en Normandie, en 2017, Léa Lassarat a choisi de ne pas se représenter pour un second mandat. La cheffe d’entreprise, à la tête des Maisons de Léa, s’engage dans de nouveaux projets entrepreneuriaux. Elle conserve cependant la présidence du réseau Femmes & Challenges qu’elle a fondé avec la CCI Seine Estuaire au début de sa mandature.

"J’ai beaucoup de témoignages chaque jour du besoin d’aider et d’accompagner les femmes dans l’entrepreneuriat", souligne Léa Lassarat — Photo : © Anne Soullez - Anne Soullez

Quel bilan dressez-vous de votre mandature ?

Je n’ai pas souhaité faire un bilan de mandature car je n’aime pas regarder en arrière. Mais mon impression générale est d’avoir eu cinq années plus qu’intéressantes. J’ai découvert un monde que je ne connaissais pas, et j’ai découvert l’intérêt général. Mon ambition était de gérer la CCI comme mes entreprises. Un vrai challenge au début, et on m’avait dit que ça ne fonctionnerait pas. Mais au final, c’est ce qui a permis de faire bouger l’image de la CCI, en m’entourant de nombreux chefs d’entreprise et en mettant en place un bon suivi de nos actions. Une méthode qui a bien fonctionné auprès des élus et a su les garder motivés et investis dans leurs missions. Dans les challenges que j’avais à relever, mes discours étaient un point important, car même si l’on a l’habitude de parler quand on dirige une entreprise, on parle essentiellement de ce que l’on connaît. Avec cette fonction de présidente de CCI, je devais être capable de parler de tous les secteurs d’activité, aller sur des terrains que je ne connaissais pas, comme le portuaire. Et aussi assumer d’être la première femme présidente de CCI de la région.

Pourquoi avoir choisi de ne pas vous représenter ?

D’abord, parce que je pense que cela doit tourner. Il ne faut pas s’accrocher au pouvoir. Je me suis donnée à fond pendant cinq ans avec beaucoup de cœur et d’énergie. À présent, je vais vers un gros projet professionnel de rachat de 1 600 m2 de bâtiments (rue de Paris au Havre, NDLR) pour y créer un hôtel, un restaurant et une école. C’est un projet important financièrement et qui va me demander beaucoup de temps, pour une ouverture prévue en 2023.

De quel type d’école s’agit-il ?

Je me suis lancée dans l’hôtellerie-restauration en 2013 (Les Maison de Léa à Honfleur, NDLR) et depuis, je me suis rendu compte qu’il y avait des trous dans la raquette dans ce domaine d’activité. Sans être encore complètement définie, l’idée de cette école sera de se retrouver autour du partage d’expérience. On pourra y apprendre comment agir, ou encore comment acquérir de la confiance en soi. Mais, ce ne sera pas une école pour acquérir des diplômes, et ce ne sera pas non plus un tiers lieu. Ce sera un lieu pour progresser et gagner en confiance en soi.

Quel avenir envisagez-vous pour le réseau Femmes & Challenges que vous avez créé, autour de l’entrepreneuriat au féminin ?

Je vais garder la présidence du réseau (984 adhérents, NDLR), notamment à la demande des présidents des CCI de Normandie. Nous préparons le Forum annuel pour le 9 décembre 2021 au Havre, au Carré des Docks. Ce réseau fait partie de ce qui a fait bouger les CCI. Mais, je n’avais pas imaginé que le réseau prendrait une telle ampleur. C’était un pari, car il a été créé avant que le fait parler d’entrepreneuriat au féminin soit devenu "tendance", et avant #metoo. Je reçois chaque jour de nombreux témoignages révélant le besoin d’aider et d’accompagner les femmes dans l’entrepreneuriat. Il faut continuer la création d’entreprises pour les femmes, car celle-ci se porte mieux en Normandie que dans d’autres régions. Pour la suite, un axe important de travail est également de convaincre les femmes de reprendre des entreprises.

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