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Mouvements sociaux : les chefs d’entreprise normands font part de leur « ras-le-bol »
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Mouvements sociaux : les chefs d’entreprise normands font part de leur « ras-le-bol »

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Les mouvements sociaux contre la réforme des retraites, lancés en décembre, impactent fortement l’économie normande. La CCI Seine-Estuaire alerte sur cette situation préoccupante et lance une ligne dédiée pour répondre aux préoccupations des chefs d’entreprises.

Photo : apnear40 - CC0 Pixabay

La situation économique devient critique sur le territoire Seine-Estuaire, depuis le démarrage des mouvements sociaux contre la réforme des retraites en décembre. « Il est urgent d’arrêter l’hémorragie économique », confirme la CCI Seine-Estuaire, qui a lancé, la semaine dernière, une enquête flash auprès des chefs d’entreprise, industriels, commerçants et prestataires de services de son territoire.

Les chefs d’entreprise ont répondu en masse à cette consultation et font part d’un « véritable ras-le-bol » face aux mouvements sociaux qui fragilisent l’activité économique. « Le résultat de notre enquête est très inquiétant et préoccupant pour l’avenir, notamment en termes d’emploi », commente Léa Lassarat, présidente de la CCI Seine-Estuaire.

Chiffres d’affaires en berne pour tous

Dans l’industrie portuaire, la situation de blocage du port du Havre depuis plusieurs semaines a entraîné « l’annulation de près d’une centaine d’escales et de plus de 100 000 containers, la perte de centaines de milliers d’euros de trafic, le report vers l’étranger avec prise en charge des coûts par nos opérateurs, donc avec un double effet négatif et un risque réel et sérieux de voir des trafics quitter définitivement notre région », s'alarme Léa Lassarat.

Les questionnaires remplis par les chefs d’entreprise, industriels et prestataires de services évoquent des baisses de chiffres d’affaires de plus de 25 % depuis décembre et la non-reconduction de CDD en cours. Plusieurs entreprises ont indiqué que le retard pris dans le traitement de leurs clients et la baisse des recettes conduiraient au gel des embauches en 2020. Une réduction de l’activité subie également par les sociétés de travail temporaire, qui notent un « fort ralentissement des demandes pour des contrats courts et un risque sérieux pour les prochains mois ».

Du côté des sociétés de transport, réunies le 28 janvier, à l’initiative du préfet de Seine-Maritime, les pertes d’activité s’annoncent « très préoccupantes » : « les mesures de report de charges habituelles proposées par l’État pourraient ne pas suffire pour redémarrer sereinement le moment venu », commentent les représentants des sociétés de transport. L'État a pourtant tenté, encore récemment, de répondre à ces difficultés conjoncturelles par des mesures spécifiques pour les entreprises de transport et de logistique.

Les commerces, hôtels et restaurants sinistrés

Les centres commerciaux et les grandes surfaces du territoire annoncent une baisse de fréquentation de 15 à 20 %, ainsi que des pertes sèches liées aux coupures sauvages d’électricité. Plusieurs responsables évoquent « une période de Noël morose et des soldes ratées, alors qu’il s’agit d’un moment essentiel dans l’activité annuelle ».

Le commerce traditionnel est également directement impacté, avec une diminution de l’activité dans des centres-villes désertés. Les hôtels, cafés et restaurants affichent tout particulièrement « des baisses allant jusqu’à 35 à 40 % » au Havre, mais également sur la Côte Fleurie, où les problèmes d’annulation de trains ont lourdement pénalisé la fréquentation de ces dernières semaines.

Face à cette situation, la CCI Seine Estuaire a ouvert une ligne téléphonique dédiée pour les entreprises ressortissantes : 02 35 11 25 59 (du lundi au vendredi). Au début du mois de janvier, Bercy avait également mis en ligne des fiches pratiques pour aider les structures en difficulté dans leurs démarches.

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