Nord
Le transporteur et logisticien nordiste Bils-Deroo signe sa première acquisition depuis 23 ans
Nord # Transport-logistique # Fusion-acquisition

Le transporteur et logisticien nordiste Bils-Deroo signe sa première acquisition depuis 23 ans

S'abonner

Le transporteur et logisticien nordiste Bils-Deroo vient de signer une opération de croissance externe auprès des Transports Fosseux. La première depuis une acquisition difficile en 2000. Le dirigeant Jimmy Bils s’est laissé convaincre par l’opportunité de compléter son offre, tout en continuant à miser sur la croissance organique pour atteindre 220 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2025.

Le transporteur et logisticien nordiste Bils-Deroo vient de signer la reprise de la PME Transports Fosseux, après 23 années de pause en matière d’acquisitions — Photo : Groupe Bils-Deroo

En début d’année, le transporteur et logisticien Bils-Deroo a annoncé l’acquisition des Transports Fosseux, une PME basée à quelques encablures de son propre siège social de Sin-le-Noble (Nord). L’opération est plutôt atypique pour cette ETI 100 % familiale et centenaire, aux mains de la cinquième génération, représentée par Jimmy Bils. "Nous n’avons pas réalisé d’opération de croissance externe depuis 23 ans", souligne le dirigeant, qui prône une grande prudence en la matière.

Échaudé par une précédente vague d’acquisitions entre 1994 et 2000, qui s’est à l’époque soldée par une fragilisation du groupe, Jimmy Bils mise depuis sur la croissance organique, ce qui passe par la diversification des activités. Bils-Deroo compte désormais huit métiers différents, qui gravitent tous autour de la logistique, la colonne vertébrale du groupe, qui représente 50 % du chiffre d’affaires. Celui-ci s’élevait à 200 millions d’euros en 2023, avec 1 800 collaborateurs. À l’horizon 2025, Jimmy Bils table sur un chiffre d’affaires de 220 millions d’euros.

Échaudé par une expérience difficile dans les années 2000

La dernière acquisition réalisée par Bils-Deroo en l’an 2000 a laissé à son dirigeant un souvenir amer. "Nous avons mené dix opérations de croissance externe dans les années quatre-vingt-dix. La dernière, qui était aussi la plus importante, n’a jamais été digérée par le groupe. Elle concernait une entreprise déficitaire, que nous n’avons pas réussi à redresser", raconte Jimmy Bils. Intervenue dans un contexte de hausse du prix du gasoil en 1999, puis en 2000 – le groupe en achetait alors 30 millions de litres par an – cette opération a entraîné d’importantes difficultés, notamment une impasse en matière de trésorerie. "C’était l’opération de trop. Elle nous a conduits à la barre du tribunal de commerce de Douai, avec un redressement judiciaire et un plan de continuation dont nous sommes sortis en 2012, avec l’ensemble des dettes remboursées", relate le dirigeant.

"Une opération sans risque"

Rien d’étonnant à ce que le groupe ait attendu près de 20 ans avant de remettre le pied à l’étrier. Deux raisons ont poussé Jimmy Bils à signer le rachat des Transports Fosseux. La première, c’est que l’opération comportait peu de risques. "L’entreprise est détenue par une famille que nous connaissons bien. Les parents du dirigeant tenaient une friterie dans les années soixante-dix. À cette époque, Bils-Deroo était marchand de pommes de terre et cette famille comptait parmi nos clients", se souvient le dirigeant, un brin amusé par ce coup d’œil dans le rétroviseur. "Eric Fosseux s’est rapproché de nous en septembre dernier, car il souhaitait se consacrer à 100 % à une nouvelle activité dans la restauration. L’opération s’est faite simplement, sans intermédiaires. Nous nous sommes mis d’accord après la réalisation d’audits et fin novembre, c’était conclu. Nous avons tout repris, sauf les deux dirigeants", sourit Jimmy Bils.

L’offre de transport étoffée

La seconde raison qui a poussé Bils Deroo à acquérir les Transports Fosseux, c’est l’opportunité de se doter d’un savoir-faire supplémentaire. Avec 19 salariés et 15 camions, les Transports Fosseux (2,5 M€ de CA) étaient positionnés sur un métier que Bils-Deroo Transports ne réalisait pas : le groupage, c’est-à-dire le transport de petits lots de marchandises entre les Hauts-de-France et la région parisienne, avec des livraisons sur chantiers, chez les particuliers, dans des usines ou des plateformes logistiques, etc. "Nous avons une demande régulière en la matière, à laquelle nous ne pouvions jusque-là pas répondre. Nos clients se tournaient donc vers d’autres prestataires, qui leur glissaient au passage avoir eux aussi une activité de logistique. Ils nous arrivaient donc de perdre des clients de cette façon…", regrette le chef d’entreprise.

Conquérir de nouveaux clients

Ce rachat est donc une manière de fidéliser les clients actuels, en leur proposant un interlocuteur unique sur différentes prestations de transport et logistique, mais aussi d’en gagner de nouveaux. "Nous allons ouvrir cette activité aux clients de Bils-Deroo Transports et en conquérir d’autres, en développant cette offre de groupage sur toute la France", annonce le dirigeant. Si cette récente opération de croissance externe s’annonce gagnante, il n’est toutefois pas question d’envisager des acquisitions à tout va. "La reprise des Transports Fosseux constitue une exception à notre règle, car c’était une opération sans risques", insiste Jimmy Bils.

Un groupe riche de 8 métiers différents

Si le souvenir de cette procédure collective demeure vivace pour Jimmy Bils, il reconnaît que ses interlocuteurs sont désormais nombreux à n’avoir jamais entendu parler de cet épisode lointain, par ailleurs clos. S’il a encore des impacts au sein du groupe, c’est uniquement au niveau de la stratégie de développement. "Depuis, nous privilégions la croissance organique et la diversification des activités", indique Jimmy Bils, qui revendique huit métiers différents au sein de l’entreprise. Tous ont un dénominateur commun : la logistique, qui est aujourd’hui le navire amiral du groupe. "Pour faire de la logistique, il faut des entrepôts, des camions, qu’il faut d’ailleurs entretenir, mais aussi des intérimaires, etc.", résume le dirigeant. Pour la plupart de ces activités, le groupe s’est d’abord tourné vers des prestataires de services, avant d’intégrer ces métiers en interne.

Le groupe Bils-Deroo est donc logisticien (avec l’exploitation d’un million de mètres carrés, concentrés à 90 % dans les Hauts-de-France), transporteur (faisant rouler quelque 600 semi-remorques), garagiste poids lourds, carrossier poids lourds, centre de contrôle technique (pour poids lourds, bus, voitures et motos, via cinq centres Unitech en région), prestataire immobilier (le groupe est propriétaire de 60 % de son parc logistique, afin d’offrir plus de réactivité à ses clients), et enfin, agence d’intérim (en franchise, via la marque TOMA). "Nous avons lancé ces métiers d’une part, parce que nous n’étions pas toujours satisfaits de la qualité des prestations de service ou de leur réactivité, notamment en termes d’entretien des camions ou d’embauche d’intérimaires. Et d’autre part, dans un souci de compétitivité", explique Jimmy Bils. Destinés à répondre à des besoins en interne, ces métiers ont été également ouverts à une clientèle extérieure. Ils représentent aujourd’hui 40 millions d’euros de chiffre d’affaires, contre 100 millions d’euros pour la logistique et 60 millions d’euros pour le transport. "Tous ces métiers sont voués à se développer avec une croissance de 5 à 10 % d’ici 2025", estime Jimmy Bils.

Nord # Transport-logistique # Services aux entreprises # Fusion-acquisition # ETI
Fiche entreprise
Retrouvez toutes les informations sur l’entreprise BILS DEROO HOLDING