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Le spécialiste du cyclamen Morel Diffusion résiste à l'étranger malgré la crise
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Le spécialiste du cyclamen Morel Diffusion résiste à l'étranger malgré la crise

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L’entreprise centenaire Morel Diffusion, spécialisée dans la sélection de cyclamens et présente dans 70 pays, a vécu la crise sanitaire au rythme des mesures prises à travers le monde. Elle enregistrera un chiffre d’affaires en baisse par rapport au prévisionnel. Alors que la reprise se confirme en Chine, son directeur adjoint Guy Schertzer espère que le virus du jardinier s’installera durablement dans la population.

Pour assurer le respect des gestes barrières, le travail dans les serres ne se fait plus face à face mais côte à côte dans le respect d’une distance d’un mètre minimum — Photo : Morel Diffusion

Quelques semaines avant le confinement, l’entreprise Morel Diffusion fêtait dans ses serres à Fréjus et à Paris 100 années d’activité dédiée à la sélection de cyclamens. Elle y dévoilait son dernier catalogue, composé de 300 variétés, dont des innovations, fruits d’une recherche intensifiée ces dernières années. « Cette capacité d’innovation et notre hyperspécialisation nous permettent de figurer aujourd’hui en bonne place parmi les acteurs mondiaux du cyclamen. Grâce à cela nous sommes présents dans plus de 70 pays, en direct ou via des distributeurs », confie Olivier Morel, l’un des trois frères à avoir repris le flambeau familial.

Depuis les festivités du centenaire, le Covid-19 est passé par là. Si l’entreprise familiale ne clôture son exercice que fin juin et ne dispose pas à ce jour du recul nécessaire pour évaluer les conséquences de cette crise sanitaire, « nous savons néanmoins que notre chiffre d’affaires (non communiqué par l’entreprise) sera inférieur aux prévisions et si nous arrivons à clôturer l’exercice avec une baisse inférieure à 10 %, ce sera un bon résultat », explique Guy Schertzer, directeur adjoint en charge des ventes et du marketing.

Une réponse différente du marché d’un pays à l’autre

L’entreprise, qui réalise 90 % de son chiffre d’affaires à l’export, a vécu ces dernières semaines au rythme des mesures prises à travers le globe. « En Chine, nos produits avaient pu être livrés pour le Nouvel an chinois avant les premières mesures de confinement. Une fois le confinement acté, certains de nos clients, partis dans leurs familles pour les fêtes, n’ont pas pu retourner sur leur lieu de travail. Depuis la sortie du confinement, les ventes de plantes ont repris en Chine en même temps que le virus s’étendait à d’autres pays. Ainsi, en Italie, le coup d’arrêt sur le commerce est intervenu du jour au lendemain en pleine période de commande. En Allemagne, après avoir essuyé des refus de commandes, liés à un vent de panique, les échanges ont repris deux semaines plus tard. En Australie, le marché a bien résisté grâce à des mesures différenciées selon les états. En revanche, aux Pays-Bas, le déblocage d’une aide de 600 millions d’euros pour aider les horticulteurs crée des distorsions de concurrence. Globalement, les ventes non réalisées ont été perdues et le secteur a connu une chute importante des prix pour des raisons de déstockage massif », détaille Guy Schertzer, qui ne sait pas de quoi l’avenir sera fait.

« Nous sommes tous liés d’un bout à l’autre de la chaîne et la crise est intervenue pendant notre haute saison. »

Pendant quatre semaines, les ventes de graines de cyclamen ont été inférieures aux prévisions et « aujourd’hui encore, la situation reste fragile et tendue. » En outre, si le directeur adjoint estime avoir limité les dégâts en Chine, il doit maintenant faire face aux nombreuses sollicitations de reports de paiement et remarque que si les entreprises ayant une trésorerie saine repartent, pour les autres, ce sera plus difficile. « Non seulement, nous sommes tous liés d’un bout à l’autre de la chaîne, mais en plus la crise est intervenue pendant notre haute saison puisque toutes les entreprises (des producteurs de graines, comme Morel Diffusion aux vendeurs de plantes en pots, NDLR) réalisent en moyenne 70 % de leur chiffre d’affaires sur 10 à 12 semaines au printemps », ajoute le directeur adjoint.

Un espoir : le "virus" du jardinier

Printemps oblige, l’entreprise Morel Diffusion n’a jamais fermé ses portes et a très tôt anticipé la mise en place de mesures sanitaires pour protéger ses salariés (26 personnes au sein de la SAS et un effectif variant de 25 à 70 personnes au sein de la SCEA). Du gel hydroalcoolique est à la disposition de tous et deux masques jetables par jour sont distribués aux salariés présents. « Nous avons aussi installé des séparations en plexiglas dans les bureaux et généralisé le télétravail quand cela était possible. Dans les serres, le travail ne se fait plus face à face mais côte à côte dans le respect d’une distance d’un mètre minimum, les chemins ont été balisés avec des marquages au sol et les salariés travaillent en horaires décalés. » L’entreprise, « saine et en bonne santé », selon les mots de son directeur des ventes, n’a pas sollicité d’aides à ce jour et ne manque pas une occasion de diffuser les bonnes nouvelles, « comme la reprise qui se confirme en Chine », pour entretenir le moral de ses troupes.

Désormais, Guy Schertzer espère qu’un autre "virus" aura contaminé en nombre : celui du jardinier. Pendant la crise, les plants de légumes se sont en effet vendus comme des petits pains et Guy Schertzer espère que cette tendance générera un attrait durable et pérenne des consommateurs pour l’entretien de leurs jardins. « Nous en récolterions forcément les bénéfices au sein de l’entreprise, mais aussi au-delà. Car jardiner est un acte de transmission et procure du bien-être… Mais je n’ai pas les clés de cette réponse. »

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