Quand les convois de Carbon Zero s’ébranlent, ce sont plusieurs centaines de kilos de marchandises qui prennent la route. Tirant plusieurs remorques, la dizaine de vélos-cargos électriques de la jeune structure déplacent chacun en moyenne 400 kilos par jour. Depuis janvier 2023, ils assurent des livraisons en BtoB sur le territoire de la Métropole européenne de Lille, pour ses clients distributeurs, restaurateurs ou artisans. Lancée comme un spin-off de Mes Voisins Producteurs, l’entreprise lilloise Carbon Zéro, qui depuis 2018 vend et livre, à vélo, des produits alimentaires bio et locaux, a vite trouvé ses clients.
Parmi eux, figurent les six drive piétons lillois de l’enseigne Leclerc, qui représentent à eux seuls 800 commandes par jour. "C’est à partir de ce premier client qu’a démarré notre offre de prestation de service. Le gérant lillois des drive piétons Leclerc avait besoin d’une solution pour faire fonctionner son drive du Vieux-Lille, qui est en zone piétonne le samedi et ne pouvait donc pas fonctionner ces jours-là, pourtant importants. Connaissant l’expertise que nous avons développée sur la livraison à vélo avec Mes Voisins Producteurs, il nous a sollicités pour savoir si on pouvait l’aider à trouver une solution," retrace Jérémie Guilbert, à la tête des deux structures. Depuis, une douzaine de camions sont déchargés tous les jours dans l’entrepôt lillois de Mes Voisins Producteurs. Les commandes sont ensuite réparties sur les vélos, en un ballet bien réglé. Et depuis que ces derniers arpentent la ville, les appels entrants se font nombreux.
Un développement rapide au national
"En moins d’un an, nous sommes passés de 8 à 21 salariés, tous en CDI. Et en termes de chiffre d’affaires, Carbon Zero représente déjà 40 % de notre chiffre d’affaires [non communiqué, NDLR], et Mes Voisins Producteurs, 60 %. En quelques mois, c’est très encourageant. La demande est forte. Notre proposition, ce n’est pas seulement de décarboner la ville, c’est aussi de l’apaiser. La multiplication des camionnettes de livraison, c’est des émissions de gaz à effet de serre mais aussi, une source d’accidents. Les vélos sont beaucoup plus sûrs pour l’ensemble des usagers", assure Jérémie Guilbert.
Si le développement de cette nouvelle activité, et notamment l’achat de la flotte de vélos, a été financé en fonds propres, pour la suite Carbon Zero s’apprête à lever des fonds, sans doute "autour d’1,5 million d’euros". De quoi accélérer la structuration de l’entreprise, et développer de nouveaux marchés. "Il y a plusieurs pistes qui me semblent intéressantes. Je pense que nous pourrions être utiles par exemple dans la pharmacie, pour assurer des livraisons aux particuliers, depuis les officines. Mais nous n’irons pas, en revanche, sur le colis en BtoC. C’est peu rentable, avec des exigences de rapidité qui me paraissent insensées pour des produits non vitaux", raisonne Jérémie Guilbert. À moyen terme, le dirigeant se prépare à essaimer dans d’autres métropoles, en nouant des partenariats avec d’autres acteurs, ou en se développant en franchise.
