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Le groupe Verbaere utilise la diversification comme levier de vitesse
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Le groupe Verbaere utilise la diversification comme levier de vitesse

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Fondé en 1950 avec une activité de concessionnaire automobile, le groupe nordiste Verbaere mène une politique de diversification volontariste. L’ambition est de passer progressivement du statut de concessionnaire à celui de fournisseur global de mobilité. Grâce à ses nouvelles activités, le groupe compte franchir le cap des 500 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2028.

Le groupe nordiste Verbaere compte 37 sites dans les Hauts-de-France, le Grand Est et en Belgique, avec 300 salariés. Il assure la distribution de 14 marques automobiles — Photo : Groupe Verbaere

Jean-Charles Verbaere dirige le groupe familial du même nom depuis 2013. En l’espace de dix ans, il a conduit l’entreprise sur la route de la croissance, en portant le chiffre d’affaires de 40 à 250 millions d’euros. Ce concessionnaire automobile, dont le siège est à Lomme (Nord), a désormais à son actif 37 sites, dans les Hauts-de-France, le Grand Est et en Belgique, 14 marques automobiles et quelque 300 collaborateurs. Une belle performance pour le groupe, qui compte encore accélérer. À l’horizon 2028, le dirigeant veut franchir le cap des 500 millions d’euros de chiffre d’affaires. Il faut dire que ce développement s’avère nécessaire pour continuer à peser sur un marché où règnent de grands groupes. "C’est important pour les constructeurs de pouvoir s’appuyer sur des puissances de distribution, notamment régionales, ayant une forte connaissance de leurs zones et de leurs clients", commente Jean-Charles Verbaere.

Un secteur en mutation

Pour atteindre ce nouvel objectif de chiffre d’affaires, le dirigeant mise sur la diversification : "Nous sommes en train de passer de concessionnaire à fournisseur de mobilité au sens large". En lançant de nouvelles activités ou en menant des opérations de croissance externe, le groupe s’adapte aux grandes mutations de son métier, comme le développement de la mobilité douce ou électrique, l’essor du marché de l’occasion et la nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Fondé avec une activité de concessionnaire en 1950 par le grand-père de l’actuel dirigeant, le groupe Verbaere n’en est d’ailleurs pas à sa première mutation. "Mon grand-père a démarré par un contrat avec la marque Ford pour vendre 24 véhicules sur une année complète", relate Jean-Charles Verbaere en souriant. Il faut dire que ce rythme contraste avec les quelque 12 000 ventes annuelles du groupe. "Dans les années quatre-vingt, mon grand-père a vu germer les concessionnaires à marque, créant une forte concurrence sur le marché. Dans les années quatre-vingt-dix, mon père a connu le virage incontournable du multimarques…", poursuit l'actuel dirigeant, qui fait quant à lui face à ce constat : "L'automobile n'est plus l'unique réponse à la mobilité".

De nouveaux relais de croissance

Parmi les nouveaux leviers de développement de l’entreprise nordiste, figure la mobilité douce. Dès 2019, le groupe Verbaere a ainsi créé une start-up, Unripe, pour proposer des solutions en la matière, à savoir la location longue durée de scooters, trottinettes et vélos électriques, en B to B to C. Unripe démarche les entreprises, afin qu’elles accompagnent financièrement leurs salariés à l’achat de solutions de mobilité douce. "La prise en charge d’une solution de mobilité douce peut-être de 70 % par l’entreprise et de 30 % par le salarié par exemple, via le forfait mobilité durable, qui fonctionne de manière similaire au ticket-restaurant", détaille le dirigeant. Unripe propose également aux entreprises l’installation et la vente de bornes électriques de recharge. Unripe compte pour l’heure une cinquantaine d’entreprises clientes, pour un chiffre d’affaires de 500 000 euros. "Nous avons de gros chantiers en cours, mais sur des cycles longs, notamment avec des promoteurs immobiliers, afin d’équiper leurs bâtiments de bornes de vélos électriques".

Le groupe Verbaere se renforce aussi sur le véhicules d’occasion, qui affiche une demande en hausse, en particulier dans ce contexte d'inflation. "Nous en vendons environ 8 000 par an et nous visons les 25 000 ventes en 2028". Le concessionnaire, qui dispose d’une usine de reconditionnement dans la région, s’appuie pour cela sur l’acquisition, réalisée il y a un peu plus d’un an, de l’enseigne belge de négoces de véhicules d’occasion Dex Easy Car Shopping. Une opération de taille pour le groupe nordiste, puisque Dex réalisait en 2021 un chiffre d’affaires de 70 millions d’euros, avec une petite vingtaine d’agences multimarques en Belgique. Le groupe s’emploie désormais à déployer ce réseau belge en France, avec l’ouverture d’une première agence Dex à Valenciennes en mars dernier et d’une deuxième à Douai en octobre.

Quid de l’électrique ?

Du côté de la vente des véhicules neufs, le groupe vise les 10 000 véhicules par an en 2028, contre 4 000 aujourd'hui. Si l’Europe interdit la vente de voitures thermiques neuves à l’horizon 2035, Jean-Charles Verbaere a de son côté une position tempérée au sujet de l’électrique. "Je ne pense pas que l’avenir de l’automobile sera 100 % électrique. J’envisage plutôt une combinaison entre le moteur thermique, électrique et peut-être à hydrogène. Le moteur à hydrogène pourrait d’ailleurs être le diesel de demain". En 2023, la voiture électrique neuve n’est d’ailleurs pas à la portée de toutes les bourses : "C’est un produit de luxe, constate le dirigeant. Il faudra plusieurs années encore avant que les ingénieurs ne parviennent à réduire les coûts de production, ainsi que les temps de recharge".

En attendant, le concessionnaire nordiste s’attelle à rester un pourvoyeur de mobilité, avec une proposition de véhicules d’occasion plus récents et donc moins émetteurs. "Sans oublier que la problématique de la pollution n’est pas uniquement liée aux émissions du véhicule, mais aussi à son mode de production et à la gestion de sa fin de vie", souligne le dirigeant. Fort de ces constats, il parie sur un autre relais de croissance : celui de l’entretien des véhicules. Une nouvelle opération de croissance externe est en cours sur un acteur de l’après-vente – et encore confidentielle au moment où nous écrivons ces lignes – en vue du lancement, au printemps 2024, d'"une solution intelligente d’entretien des véhicules de plus de cinq ans", avec notamment des pièces de réemploi.

Un virage RSE

Enfin, le groupe Verbaere mène également sa propre démarche RSE, même si son image en termes d’engagement est essentiellement "liée aux produits que nous vendons. Nous avons tout de même un rôle à jouer". En début d'année, le groupe a ainsi inauguré à Douai une concession Kia et Dex qui se veut neutre en carbone. "L’électricité consommée par ce site est produite par des panneaux photovoltaïques, positionnés sur la toiture du bâtiment et des carports. De plus, des moutons entretiennent les espaces verts, à chaque achat d’un véhicule électrique, un arbre est planté sur le terrain, etc.". Ce site représente un investissement 2,2 millions d’euros, avec coût supérieur de 25 % par rapport à un site classique. "Il y a pas mal de subventions à disposition des entreprises, il faut toutefois prendre le temps de les chercher et d’en faire la demande". Les autres sites du groupe font progressivement l’objet de rénovations en ce sens, comme une meilleure isolation des bâtiments, l’installation de pompes à chaleur ou d’éclairages led, etc.

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