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Le groupe Passenaud investit 40 millions d’euros sur trois ans
Sarthe # Gestion des déchets # Investissement

Le groupe Passenaud investit 40 millions d’euros sur trois ans

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Acteur du recyclage, le groupe familial sarthois Passenaud développe un plan d’investissement de 40 millions d’euros sur trois ans. À la fois pour réaménager ses sites et pour s’adapter aux enjeux et évolutions de la filière.

Le groupe Passenaud, qui emploie 245 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 212 millions d’euros, investit 40 millions d’euros en 3 ans — Photo : Groupe Passenaud

Chaque année, le groupe familial sarthois Passenaud, spécialiste du recyclage, investit environ 4 % de son chiffre d’affaires, soit 5 à 6 millions d’euros, dans l’amélioration de ses sites ou dans différents équipements. Il a décidé de passer à une vitesse supérieure, avec un plan d’investissement beaucoup plus important, s’élevant à 40 millions d’euros sur trois ans. "Nous avons fait cinq acquisitions entre 2017 et 2022, explique Marie-José Yvon-Passenaud, présidente du groupe, et cette accélération des investissements est en partie liée à ces reprises. Nous sommes dans un secteur d’activité en pleine mutation. L’objectif est de mettre l’ensemble de nos 14 sites en adéquation avec les enjeux du recyclage de demain et qu’ils soient des vitrines de notre profession. Nous y investissons dans la production mais aussi dans l’amélioration des conditions de travail pour le bien-être des collaborateurs."

Champagné et Flers

Les deux sites les plus importants de Passenaud, celui de Champagné où siège le groupe, et celui de Flers, dans l’Orne, comptent pour une importante partie de ce plan d’investissement. À Champagné où le site se déploie sur 15 hectares, 9 millions d’euros sont ainsi injectés. "Nous nous équipons d’une nouvelle plateforme de transit de déchets partiellement couverte avec un bâtiment de 8 000 m2, précise Marie-José Yvon-Passenaud. Nous refaisons aussi l’ensemble des réseaux et les équipements de traitement des eaux usées du site."

À cela s’ajoute pour 2 millions d’euros le doublement du bâtiment administratif. À Flers, ce sont 6 millions d’euros qui sont engagés, dans une extension du site qui s’étend sur un total de 4,5 hectares, son imperméabilisation et le changement des systèmes de traitement des eaux, un travail mené avec le soutien de l’Agence de l’eau, et dans des outils pour optimiser les process, comme une nouvelle presse à cisaille, une grue ou encore des caméras thermiques. Déjà engagés, les travaux s’achèveront fin 2024, tandis qu’à Champagné, ils devraient s’étendre jusqu’à 2025.

Tous les sites concernés

Les 14 sites du groupe Passenaud se répartissent entre la Sarthe, le Calvados, l’Eure, l’Orne, l’Eure-et-Loir, le Loir-et-Cher, l’Indre-et-Loire, le Maine-et-Loire, la Mayenne et l’Ille-et-Vilaine. "Ce sont des équipements de proximité, indique Marie-José Yvon-Passenaud, qui traitent des matières provenant d’un rayon maximum de 50 kilomètres." Quasiment la totalité des implantations du groupe sont concernées par le plan d’investissement, pour optimiser les process. C’est le cas à Chacé et Montreuil-Bellay, en Maine-et-Loire, à Laval en Mayenne, à La Flèche dans la Sarthe ou encore à Cormenon, en Loir-et-Cher, et à Courbépine, dans l’Eure. Pour exemple, le groupe travaille sur le sujet du risque incendie, et déploie des systèmes d’alertes, et de prévention, caméras thermiques, formation des équipes, espaces dédiés aux matières inflammables, sur l’ensemble de ses sites. "Nous harmonisons les process, complète Marie-José Yvon-Passenaud, comme pour isoler les piles au lithium, très inflammables, ce qui est une véritable problématique." Le groupe travaille aussi avec les communes dans lesquelles il est implanté pour faciliter la communication et en cas d’alertes incendie. Il va par ailleurs ouvrir des espaces dédiés aux professionnels sur certains sites, entre autres pour les entreprises du bâtiment. "Nous menons beaucoup d’actions avec ce secteur d’activité et ses éco-organismes, ajoute la présidente du groupe familial. Nous travaillons aussi sur des solutions de tri des déchets à la source." Pour cela, Passenaud a conçu une mini-déchetterie mobile, avec 4 à 8 contenants séparés, qui permet aux entreprises de séparer les matières directement sur les chantiers, facilitant ainsi le tri et le ramassage des déchets qui seront ensuite traités sur les différents sites.

De la TPE au grand groupe

Le groupe Passenaud réalise aujourd’hui 212 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 245 collaborateurs, dont 85 sur le site de Champagné. Initialement, son activité s’était développée autour du recyclage des métaux, ferreux et non ferreux. Il représente aujourd’hui encore 60 % environ de son activité, avec une activité de broyage qui est réalisée pour l’ensemble des sites à Champagné.

Le groupe Passenaud est dirigé par les trois frères et soeur : Marie-José, Hervé et François. Ils représentent la quatrième génération de l'entreprise — Photo : Passenaud

"Le volume des métaux a tendance à baisser confie Marie-José Yvon-Passenaud, du fait de la désindustrialisation et de l’automatisation des procédés, dans l’industrie, qui génère moins de déchets. Pour survivre mais aussi proposer d’autres prestations, nous nous sommes orientés vers une offre globale, avec le traitement de l’ensemble des déchets industriels, sauf les déchets ultimes. Nous assurons aussi le pompage de déchets liquides. Nous travaillons aussi bien avec des TPE, des PME ou de grands groupes comme Citroën, Renault ou Eiffage, pour la collecte, le tri et l’orientation vers des filières de revalorisation." Quand il ne s’agit pas d’apport volontaire, la collecte est assurée par le groupe sarthois, qui dispose de sa propre flotte. Si le rayon de collecte est d’environ 50 kilomètres autour des sites, en aval, les matières repartent dans toute la France et pour 15 à 20 % à l’export, en Espagne, en Italie ou encore aux Pays-Bas. "Nous vendons en prix de départ mais n’assurons pas le transport, complète Marie-José Yvon-Passenaud, qui s’effectue par voie terrestre, ferroviaire ou maritime. Il y a une certaine instabilité dans nos métiers, avec des variations selon les cours entre les prix d’achat et de revente des matières, instabilité qui est renforcée par un aspect réglementaire qui évolue beaucoup sur les déchets."

Être force de proposition

Dans le secteur du traitement et du recyclage des déchets, les réglementations ont en effet beaucoup changé ces dernières années et continueront d’être modifiées. C’est au cœur de ces bouleversements que veut s’inscrire le groupe sarthois. À la fois en investissant pour coller au plus près des normes en vigueur, mais aussi en rendant ses métiers attractifs et en travaillant avec des éco-organismes : "Il faut aussi que nous allions vers une décarbonation de nos activités, ajoute Marie-José Yvon-Passenaud et nous travaillons sur un plan d'action RSE avec des indicateurs précis, avec entre autres un volet sur notre flotte de véhicules. Elle est récente, nous avons formé nos salariés à l’écoconduite mais nous allons encore renforcer à partir du bilan carbone. Grâce à notre expertise métier, nous voulons aussi être force de proposition, auprès des éco-organismes, pour par exemple optimiser les chaînes de recyclage ou qu’en amont moins de déchets soient générés." Quant à continuer de s’étendre sur le territoire comme il l’a fait ces dernières années avec la reprise de plusieurs sites, le groupe ne ferme pas la porte. "Ce n’est pas une priorité, reconnaît Marie-José Yvon-Passenaud, et nous étudierons les opportunités, mais nous voulons rester un acteur local sur notre périmètre dans le Grand Ouest."

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