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Le groupe luxembourgeois Feidt met 11 millions d'euros pour relancer le port de Neuves-Maisons
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Le groupe luxembourgeois Feidt met 11 millions d'euros pour relancer le port de Neuves-Maisons

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Exploitant d’une plateforme portuaire à Neuves-Maisons, le groupe luxembourgeois Feidt, via sa filiale Lorport, compte développer la voie fluviale pour la desserte commerciale du sud lorrain.

La taille des péniches pouvant naviguer sur le canal des Vosges est limitée par la capacité des écluses, de gabarit "Freycinet" — Photo : Jean-François Michel

Pour parcourir les 60 kilomètres qui séparent le port de Neuves-Maisons, en Meurthe-et-Moselle à proximité de Nancy, à celui de Chavelot, tout proche d’Épinal dans les Vosges, via le canal des Vosges, une péniche va devoir franchir 35 écluses, pour un temps de trajet d’environ 17 heures. Un obstacle face à la concurrence du camion, qui parcourt le même trajet en 45 minutes ? "La question, aujourd’hui, est d’aller vers des modes de transport durable, et la voie d’eau en est un à 100 %", assure le président des Bétons Feidt, Ferdinand Feidt. Le fabricant de béton luxembourgeois, qui pèse 180 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 550 personnes, vient d’investir 11 millions d’euros pour rénover et équiper 16 000 m2 de plateforme portuaire à Neuves-Maisons, en Meurthe-et-Moselle, situés juste en face de l’emprise portuaire exploitée par la SAM, filiale du sidérurgiste italien Riva.

"Nous proposons le report sur la voie d’eau à nos clients, et il n’est pas difficile de les convaincre"

Un investissement qui permet de relancer la desserte commerciale du port de Chavelot, par des péniches de type "Freycinet", dont la taille ne dépasse pas 39 mètres et le chargement n’excède pas 350 tonnes, soit environ 15 camions, quand une péniche à grand gabarit peut emporter jusqu’à 4 000 tonnes. Des limites qui ne découragent pas les chargeurs et les transporteurs d’utiliser la plateforme exploitée par Lorport, une filiale détenue à 100 % par Feidt Participations, une structure du groupe de Ferdinand Feidt. "En 2020, 420 000 tonnes ont transité par notre plateforme", souligne Christophe Mendès, le directeur général de Lorport. "Nous allons terminer l’année 2021 sur plus de 480 000 tonnes et le développement sera encore rapide dans les années à venir." Ferdinand Feidt estime que la plateforme Lorport pourra faire transiter jusqu’à 700 000 tonnes de marchandises, pour l’essentiel du vrac, des matériaux de construction ou encore de la pâte à papier.

Une alternative aux routes saturées

"Le réseau routier est saturé, il faut trouver des alternatives", souligne Alain Foulon, le dirigeant des Transports Foulon (CA : 25 M€ ; effectif : 250). Son entreprise, basée à Champigneulles, envoie déjà par la voie d’eau plus de 30 000 tonnes de marchandises à destination du Nord de l’Europe. Et l’initiative portée par le groupe Feidt ouvre de nouvelles perspectives au dirigeant des Transports Foulon : "Nous proposons le report sur la voie d’eau à nos clients, et il n’est pas difficile de les convaincre", assure Alain Foulon. Diagnostic partagé par le directeur général du groupe vosgien Mauffrey (CA : NC ; effectif : 4 300), Fabrice Grandgirard, qui a déjà fait transiter près de 200 000 tonnes de marchandises par le port de Neuves-Maisons exploité par Lorport. "Au niveau européen, notre filiale MAF, pour Mauffrey Affrètement Fluvial, a retiré plus de 3,5 millions de tonnes de marchandises de la route, en les reportant sur la voie d’eau et le fer", souligne Fabrice Grandgirard. Impliquée dans le développement de la plateforme exploitée par Lorport, Terialis, co-entreprise portée par les groupes coopératifs CAL et Emc2, exploite depuis la fin 2020 un site de stockage d’engrais en bordure de quai. Un investissement de 8 millions d’euros qui va permettre à Terialis de stocker jusqu’à 3 900 tonnes de solution liquide et 7 500 tonnes d’engrais solide.

La plateforme Lorport de Neuves-Maisons a déjà vu transiter 420 000 tonnes de marchandises en 2020 — Photo : Jean-François Michel

"Les chargeurs, les transporteurs, tout le monde a compris qu’il fallait être responsable vis-à-vis de l’environnement", assure Christophe Mendès. Même argumentaire pour Ferdinand Feidt, qui rappelle que "la voie d’eau, c’est quatre fois moins d’émissions de CO2". Une démonstration saluée par les élus de tous bords, qui apportent tout de même un bémol : "Rien ne serait possible sans les investissements de l’État, qui ont permis de maintenir le canal navigable", rappelle le député de Meurthe-et-Moselle, Dominique Potier. Un rappel qui vaut avertissement : les VNF ont engagé la réunion des ports lorrains le long de la Moselle, dont le pilotage temporaire est assuré jusqu’en 2024 par CFNR Transport, avant que le concessionnaire soit choisi pour 30 ans. Un projet qui va désormais impliquer de négocier avec un privé, qui ne cache pas ses ambitions et a su mettre en place une gouvernance simple qui correspond aux attentes des transporteurs. Du côté de Ferdinand Feidt, le message a été bien reçu : le président du groupe luxembourgeois a bien compris qu’il assumait une "DSP" en exploitant la plateforme. "Et j’ai bien compris que le P de DSP, c’est pour public", souligne le président du groupe Feidt. "Ensuite, chaque acteur doit jouer sa partition. Et moi, acteur privé, je veux convaincre mes clients d’utiliser mes services." Le président du groupe Feidt se projette déjà sur l’étape d’après : "Je souhaite voir se réaliser rapidement la desserte ferroviaire de la zone derrière le port de Neuves-Maisons".

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