Coup dur pour l’un des acteurs historiques des énergies marines renouvelables en Finistère. Le fabricant d’hydrolienne Sabella (20 salariés, CA NC) a été placé en redressement judiciaire le 20 octobre. Pourtant, sur le plan opérationnel, son démonstrateur D10 injecte depuis 18 mois de l’électricité sur le réseau de l’île d’Ouessant, en partenariat avec EDF.
Assurer une continuité de services
"Toutefois, l’absence de cadre légal empêche que de nouveaux investisseurs financent la suite de notre développement, regrette la direction de la PME dans un communiqué. Seule la mise en place de fermes hydroliennes nous permettra de devenir bénéficiaires et nous avons besoin pour cela que l’État inscrive l’hydrolien parmi les énergies renouvelables développées en France." Un crève-coeur pour Benoît Bazire, son président. "Notre technologie est prête, - le démonstrateur D10 fonctionnant depuis 18 mois à la satisfaction générale -, mais le marché ne l'est pas : l'hydrolien n'est pas encore inscrit dans les lois et les décrets portant sur l'énergie, la future LPEC et la nouvelle PPE étant très en retard", déplore-t-il.
Sabella annonce également mettre en place des solutions pour "poursuivre l’activité de ses salariés pour la conservation de leur savoir-faire, maintenir la continuité du service à Ouessant, poursuivre les projets en cours de développement, et promouvoir l’hydrolien auprès des énergéticiens". La PME souhaite par ailleurs trouver de nouveaux financeurs "dès que l’État aura donné la visibilité nécessaire à la filière". Le premier projet de ferme pilote soutenu par l’État est attendu en 2026 dans le Raz-Blanchard dans la Manche avec le projet Flowatt de l’entreprise Hydroquest. L’annonce a été faite en juillet dernier avec celle d’un financement de 65 millions d’euros. Le début du développement d’une filière industrielle d’hydrolienne en France.
Période d’observation de six mois
Peut-être trop tard pour Sabella. L’entreprise née en 2008 à Quimper a été un pionnier des hydroliennes en Bretagne, avec un premier démonstrateur dans l’Odet dès fin 2008 et une hydrolienne D10 (13 M€ de budget à l’époque) immergée dans le Passage du Fromveur pour alimenter Ouessant en 2015. En 2016, la société avait levé 8 millions d’euros auprès de ses partenaires financiers historiques (Go Capital, Emertec, IWD/CMI et Farinia) renforcés de trois nouveaux actionnaires : Écotechnologies (Bpifrance), Force 29 (Crédit Agricole du Finistère) et Litto Invest (Banque Populaire Atlantique). "Bpifrance, notre premier actionnaire, suit avec attention les évolutions de Sabella et souhaite que d'autres investisseurs prennent le relais pour financer les phases ultérieures de notre développement", précise Benoît Bazire.
"La prochaine audience sera pour nous le 17 novembre. Il faut que Sabella, avec l'aide de l'administrateur judiciaire et du mandataire judiciaire trouve des solutions avant la fin de cette année", conclut Benoît Bazire. La prochaine échéance aura lieu dans six mois pour Sabella, avec la fin de la période d'observation.
