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Le "Davos des banlieues" veut garantir l’équité des chances pour les PME
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Le "Davos des banlieues" veut garantir l’équité des chances pour les PME

Les 250 000 TPE et PME implantées dans les banlieues génèrent chaque année 75 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Pour accompagner leur croissance, un Forum économique des banlieues est organisé en septembre prochain à Paris. Pour Aziz Senni, son organisateur, l’objectif est de sonner la "mobilisation économique générale".

Le Forum économique des banlieues veut attirer l’investissement public et privé dans les quartiers — Photo : Antoine

C’est un appel au business que lance Aziz Senni, président de l’association Quartiers d’affaires et organisateur du Forum économique des banlieues. Cet évènement, qui aura lieu les 17 et 18 septembre prochains à Paris, au Conseil économique, social et environnemental, "n’est pas un cri du cœur mais un appel à tous ceux qui veulent venir voir comment la banlieue est rentable", explique l’organisateur.

"La banlieue peut et veut contribuer au PIB. Ces territoires sont dans les derniers relais de croissance alors qu’ils rassemblent des dispositifs fiscaux intéressants et des gens prêts à se former", selon Aziz Senni. Avec 250 000 TPE et PME, 75 milliards d’euros de chiffre d’affaires, les entreprises situées dans les quartiers prioritaires emploient 180 000 ETP. Le taux de chômage, qui atteint 16,5 % chez les femmes et 19,6 % chez les hommes en 2022, y est cependant bien supérieur à la moyenne nationale. En 2020, le taux de pauvreté atteignait même les 42 %.

100 millions d’euros de commandes publiques et privées visées

Le Premier ministre Gabriel Attal, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, l’ex-ministre de la Ville Jean-Louis Borloo ou encore la directrice générale de la Fédération française bancaire Maya Atig font partie des intervenants annoncés pour la première journée du Forum. L’objectif est de "créer une mobilisation économique générale" autour d’acteurs du monde politique, d’élus locaux, d’associations et de chefs d’entreprise. Un tour de chauffe avant une seconde journée qui vise à "mobiliser 100 millions d’euros de commandes publiques et privées à destination des entreprises installées dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville".

Balayant le concept de discrimination positive, Aziz Senni plaide pour "l’équité des chances" dans l’accès aux contrats alors que la commande publique a représenté 180 milliards d’euros en 2023, dont 30 % remportés par des TPE et PME. Il faut, selon lui, faire de la pédagogie et transmettre l’information autour des réponses aux appels d’offres notamment. Dans le secteur privé, les PME des banlieues pourraient même "cocher plusieurs cases, dont celle des territoires défavorisés" dans le volet social des normes ESG.

"Choose banlieue" pour accompagner les PME dans la durée

Aziz Senni propose la déclinaison de plusieurs dispositifs de promotion de l’entrepreneuriat. Décliner Choose France en "Choose Banlieue" pour "vendre la banlieue comme une opportunité" et créer un label "Made in banlieue" font partie de ses propositions. L’organisateur du forum juge aussi qu’il serait "positif" d’intégrer la banlieue dans la réflexion sur la réindustrialisation.

Malgré l’existence de divers plans de soutien à l’entrepreneuriat dans les quartiers prioritaires, Aziz Senni estime que pour les "entreprises de plus de deux ans, installées dans ces quartiers, il y a des trous dans la raquette".

C’est le cas pour la PME de Sofiya El Manani. La fondatrice et dirigeante du groupe de crèches "Bulles d’éveil" a aujourd’hui 7 établissements dans les Yvelines et dans l’Eure. L’entrepreneure emploie une trentaine de salariés. "Cela fait 13 ans que ma société existe et aujourd’hui je rencontre encore des difficultés en matière d’investissement. Les ressources humaines sont aussi un frein, les métiers de la petite enfance rencontrent une pénurie de main-d’œuvre", explique Sofiya El Manani. Pour répondre à ce besoin, la dirigeante a pour projet d’ouvrir un centre de formation.

Une réforme prévue pour inciter l’implantation d’entreprises dans les quartiers

Parmi les soutiens financiers existants, le programme "Entrepreneuriat Quartiers 2030", porté par Bpifrance, est doté de 456 millions d’euros sur 4 ans pour accompagner et financer les projets des entrepreneurs dans les quartiers. Un comité national, qui s’est réuni pour la première fois le 28 mars dernier, suit le déploiement de ce programme. Un "accélérateur de croissance" est aussi prévu pour accompagner les petites entreprises à changer d’échelle.

Pour mobiliser l’investissement privé, les zones franches urbaines, qui prévoient des exonérations fiscales pour les entreprises installées dans les quartiers prioritaires, vont être revues. "Seuls 187 des 1 362 quartiers prioritaires de la politique de la ville sont couverts par des ZFU", indiquait Sabrina Agresti-Roubache, la secrétaire d’État chargée de la ville. Autre levier qui sera activé par le gouvernement : les nouveaux contrats de ville, qui définissent les orientations de la politique de la ville dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville jusqu’en 2030, intégreront un volet dédié à l’investissement privé.

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