Développé à son rythme depuis 2013, Le Court-Circuit connaît un sérieux coup d’accélérateur depuis le confinement. L’entreprise lilloise, qui propose à la vente, via son site internet, des produits alimentaires provenant de 140 producteurs et artisans du Nord et du Pas-de-Calais, a vu la demande exploser. De 3 000 commandes par mois, le site a bondi, au printemps, à 8 000 commandes mensuelles, avec un panier moyen passé de 41 à plus de 60 euros. Si depuis, la cadence a ralenti à quelque 4 500 commandes par mois, les enseignements à tirer sont nombreux, estime Jimmy Devemy, cofondateur, avec Maxence Messiant et Anthony Voilet, du Court-Circuit. « Plus que l’effet d’aubaine dont nous avons bénéficié, la période nous a permis de confirmer plusieurs éléments. D’abord, que les gens adhèrent au principe du circuit court, mais manquent de temps pour changer leurs habitudes. Il a fallu un événement hors du commun pour que beaucoup sautent le pas. Ensuite, la démonstration a été faite pour les producteurs avec qui nous travaillons, que notre système est bon : ils n’ont eu aucune perte d’activité, contrairement à des exploitants en monoculture intensive, comme les producteurs de pommes de terre. Et enfin, nous avons pu constater qu’il n’y a pas assez de production locale pour répondre à une demande massive. Notre rôle est donc de continuer à accompagner ceux qui veulent se lancer, ou à aider les agriculteurs installés à se diversifier. »
Le chiffre d’affaires va doubler
Fidèles à leur philosophie du pas à pas, les fondateurs du Court-Circuit, qui devraient passer d’un million d’euros de chiffre d’affaires en 2019 à deux millions en 2020, sont loin de s’emballer. « On ne se dit pas qu’on a enfin trouvé la poule aux œufs d’or, ce n’est pas ce qui nous anime. L’objectif, c’est de faire grandir la cause », résume Jimmy Devemy. Soit, de continuer à défendre une alimentation saine et de proximité pour les consommateurs, et d’assurer aux agriculteurs de pouvoir vivre décemment de leur travail. « Avant la création, nous avons passé un an à interroger les agriculteurs, pour coconstruire notre outil avec eux, et l’adapter à leurs besoins. Notre modèle a la particularité, par rapport à d’autres, d’être sans abonnement, et sans panier imposé pour le consommateur. Et bien sûr, ce sont les producteurs qui fixent leurs prix, en toute transparence. Nous affichons clairement nos 11 % de commission, qui nous permettent d’être rentables, c’est assez rare sur ce segment pour être souligné, » poursuit Jimmy Devemy.
Cap sur d’autres régions ?
Pas question, donc, de tirer des plans sur la comète. L’entreprise, qui compte trois salariés et une vingtaine de points de retraits autour de Lille et dans les Flandres, va peu à peu étendre son champ d’action - mais dans les limites des Hauts-de-France. Pour la suite, le modèle reste à inventer. « Nous sommes très sollicités pour implanter Le Court-Circuit dans d’autres régions, et nous nous posons bien sûr la question de transmettre le savoir-faire issu de ces sept années de travail. Mais les modalités restent à inventer. En tout cas, nous n’avons pas envie de passer par une simple franchise pour dupliquer l’entreprise, il faudra trouver une solution plus innovante », prévient Jimmy Devemy. Avis aux candidats à l’aventure…
