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L’avenir d’Exatec et de ses automates bancaires s’écrit en Afrique
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L’avenir d’Exatec et de ses automates bancaires s’écrit en Afrique

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La PME azuréenne Exatec est dans l’air du temps : depuis vingt ans, elle reconditionne des distributeurs de billets, et en traite 2 000 par an, notamment pour ses pièces détachées. Si le Covid a reporté ses projets à 2021, la nouvelle année devrait être très active et voir notamment s’ouvrir ses premières filiales en Afrique où elle réalise déjà 50 % de son activité.

Né à Menton fin 2000, Exatec traite 2 000 automates bancaires chaque année — Photo : Exatec

Exatec a enregistré en 2020 une baisse de 15 à 30 %. Mais uniquement dans ses prévisions, car dans les faits, la crise sanitaire n’aura été « que » de 5 % de son chiffre d’affaires (3,5 à 4 M€). Le Covid-19 aura surtout suspendu en vol nombre de projets qui devraient déjà être opérationnels, parmi lesquels la création de filiales sur le continent africain.

Convaincre les banques

En 2000, Thierry Boucard créait l’entreprise dans le but de donner une deuxième vie aux distributeurs de billets et à leurs pièces détachées. L’économie circulaire et la RSE n’existaient pas encore. Aujourd’hui, forte de 25 collaborateurs, la PME implantée à Menton coche toutes les cases : réemploi, développement durable, écologie, commerce green… peu importe le vocabulaire qu’on lui prête, Exatec n’a pas varié. « Nous ne sommes plus une PME qui gratte dans les poubelles », résume son fondateur dirigeant. « Aujourd’hui, nous sommes une start-up de l’économie circulaire. Mais le fonds de commerce est le même ! »
Pour autant, cela reste difficile de convaincre les banques de vendre leurs distributeurs plutôt que de les envoyer au recyclage. « On tentait depuis toujours de travailler par exemple avec la Banque Postale. Il aura fallu attendre 2020 pour qu’ils acceptent de nous vendre des automates. Pourquoi ? Je m’explique cela par un changement de génération. J’ai un nouveau contact au sein de l’établissement, une personne plus jeune. Souvent lorsqu’un process est en place au sein d’une entreprise, certains ne voient pas l’intérêt d’en changer. Nous avons également changé notre communication. Alors que le pouvoir des responsables RSE est en train de grandir, nous mettons en place un certificat de participation à destination des banques. » Soit une façon de valoriser celles qui mettent réellement en adéquation leurs paroles (leur publicité et leur communication) et leurs actes. Ainsi le chef d’entreprise suit-il de près la fusion annoncée entre le Crédit du Nord et la Société Générale qui devrait entraîner la fermeture de quelque 600 agences. C’est autant de distributeurs qui seront retirés du marché et donc potentiellement à vendre pour être reconditionnés.

90 % de l’activité à l’export

Le marché français représente 10 à 15 % de l’activité d’Exatec. « Uniquement des pièces détachées pour la maintenance. Parmi les 50 000 automates que compte la France, pas un seul n’est d’occasion. Mais ça va venir, j’en suis convaincu », reprend Thierry Boucard. « D’ici les cinq ans, certains devront être reconditionnés. » D’autant que, de plus en plus souvent, ces machines sont remisées alors qu’elles sont quasi neuves, conséquence de la fermeture d’agences bancaires et avec elle, des points de retrait. La PME signe donc 90 % de son activité à l’export, auprès d’une centaine de pays. En Europe, au Moyen-Orient jusqu’en Afghanistan, mais surtout en Afrique, pour la moitié de son activité. Le continent, « largement sous-équipé » en la matière, est devenu le terrain le plus fertile pour la croissance d’Exatec. « Nous y sommes présents depuis 15 ans. C’est un territoire qui bouge beaucoup. » Ainsi l’entreprise azuréenne a-t-elle prévu d’y implanter un réseau de filiales. À Abidjan en Côte d’Ivoire pour commencer, puis à Dakar, au Sénégal. Sauf opportunités à ne pas manquer ailleurs, le Cameroun devrait suivre. « Nous y aurons une représentation commerciale, un support technique et, très important, un showroom avec des pièces immédiatement disponibles sur place. » Cela permettra de pallier les délais très longs à l’export, entre problématiques de transport ou de douane. Les techniciens sur place seront issus d’entreprises déjà partenaires d’Exatec. « Ils ne feront pas le même travail que nous ici. Ils ne feront que de la maintenance, du travail de terrain. Ici, à Menton, nous menons un travail d’usine, d’atelier. Quant aux flux de sourcing, ils resteront plus faciles à gérer depuis la France. »

"Il y aura toujours du cash"

2021 devrait donc être une année bien remplie pour la PME. Quant à la fin du cash, prédit par de nombreux observateurs, Exatec ne se sent pas vraiment concerné. Selon une étude de la Banque de France, derniers chiffres officiels connus, entre fin 2015 et fin 2018, le nombre de distributeurs de billets a diminué de 5,3 % dans l’Hexagone, pour atteindre 52 697 machines. Thierry Boucard demeure serein. « La disparition des automates, cela fait vingt ans qu’on nous la prédit. Comme pour le chèque. Bien sûr que le paiement digital est une forte tendance, mais il y aura toujours du cash, notamment en Afrique. Comme l’arrivée de l’automobile n’a pas fait disparaître le train. Je ne suis pas inquiet. »

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