La transformation de déchets et de bactéries marines en plastique bientôt industrialisable
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La transformation de déchets et de bactéries marines en plastique bientôt industrialisable

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Alors qu’une étude italo-britannique publiée fin avril a mis en évidence les propriétés dégradantes d’un ver sur le plastique, posant la question de ses applications industrielles, le programme breton et mayennais Bluecopha avance depuis plusieurs années sur une autre voie, inversée : la production de plastique à partir de coproduits issus de l’agroalimentaire et de bactéries marines. Il est temps pour les industriels de s'emparer de la filière.

— Photo : Le Journal des Entreprises

La phase de recherche touche à son but : en octobre 2017, les partenaires du programme Bluecopha, labellisé par le pôle Valorial, finaliseront la troisième étape de plusieurs années de recherche, au cœur de la Glaz économie, sur la création d’un procédé industrialisable et durable de transformation de coproduits agroalimentaires (déchets de fruits et légumes) et de bactéries marines en plastique biosourcé biodégradable. « C’est le stade de la faisabilité industrielle, après l’étape labo (Biocomba) et pilote (PHApack) », résume Stéphane Bruzaud, chercheur à l’Université de Bretagne Sud, sur le site de l’IRDL de Lorient, joint par le Journal des Entreprises.

Imminent

Bluecopha rassemble en l’occurrence Séché Environnement, Triballat, Europlastiques, CBB Capbiotek, Elixence, l’Ademe et le réseau Breizpack aux côtés d’universitaires de l’Université de Bretagne Sud (Institut de Recherche Dupuy de Lôme de Lorient) et de l’Ecole nationale supérieure de chimie de Rennes. « Nous savons transformer les sucres dégradés de déchets et de bactéries en granulés de plastique. Tout l’enjeu consiste à bâtir une filière et il y a urgence. D’autres projets avancent, notamment en Europe du Sud, et surtout des nouvelles législations vont s’appliquer en France comme l’interdiction de microparticules plastiques dans les exfoliants (crèmes, dentifrices...) dès 2018, l’interdiction des bâtons de coton tige en 2019, la vaisselle de pique-nique en 2020. C’est demain. »

Stéphane Bruzaud a, notamment, testé le bioplastique pendant trois ans, avec ses équipes, sur la plage de Kernevel de Larmor-Plage : « En 180 jours, le film de 0,2 mm a été réduit à 0,08 mm en eau de mer naturelle. La biodégradation est de 98 % à 220 jours. » Des tests de biodégradation se sont avérés 50% plus rapide que pour la cellulose par un effet de stress métabolique appliqué aux bactéries. « Une telle avancée répond à de nombreux critères : elle concilie performance thermique, impact sur l’environnement, valorisation des circuits courts, relocalisation du process... Imaginez l’impact marketing de vanter des produits emballés dans du bioplastique produit localement en Bretagne à partir de ressources locales ? »

« Aux Bretons de s’emparer de ce gisement ! »

Stéphane Bruzaud voit trois évolutions possibles au programme : soit la poursuite de la recherche seule en plus approfondi - « ce qui se fera dans tous les cas » - soit la constitution « directe » d’une filière industrielle, soit son appropriation par une start-up. D’ores et déjà, des produits ont été réalisés avec le concours des partenaires du programme : gobelets, couverts, assiettes... « Les bioplastiques sont porteurs d’avenir, plaide le chercheur lorientais. Pour l’industrie agroalimentaire comme pour les métiers de l’agriculture ou de l’aquaculture, c’est une filière complémentaire. » Et de citer un exemple : l’exploitation de champs de chardons, endémiques en Sardaigne, pour fabriquer du mater-bi en guise de plastique. Mauvaise herbe par excellence, elle pourrait détrôner le pétrole demain dans les emballages sans déstabiliser les autres filières alimentaires et donc les cours de la nourriture. « Aux Bretons de s’emparer de ce gisement avec les bactéries marines et les résidus agroalimentaires ! »

Contacts :

> Institut de Recherche Dupuy de Lôme (Lorient) : tél. 02 97 87 45 46
> CBB Capbiotek (Rennes) : tél. 02 99 38 33 30

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