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La SARC se réinvente en entreprise à mission
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La SARC se réinvente en entreprise à mission

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La Société armoricaine de canalisations (SARC) est devenue une entreprise à mission, début 2023. Une démarche qui consacre son implication à vouloir protéger la ressource de l’eau, dans la réalisation de ses chantiers. Sous l’impulsion de son président, Jean-Louis Vanhee, la société de TP innove également. Elle veut conduire un projet de rétrofit d’engins de chantier.

Une partie de l’équipe de la SARC, spécialiste de la pose de canalisations pour les réseaux d’assainissement — Photo : SARC

Il ne devait venir que pour quelques mois afin de redresser une entreprise en difficulté, alors en cessation de paiement. Quatre ans plus tard, Jean-Louis Vanhee, le président de la Société armoricaine de canalisations (SARC, 215 collaborateurs, 40 M€ de CA en 2022), société de travaux publics spécialisée dans l’adduction d’eau potable (technique permettant d’amener l’eau depuis sa source vers les lieux de consommation, à travers un réseau de conduites, NDLR) et la pose de canalisations pour les réseaux d’assainissement, est toujours là. Il a remis la société à flot et il ne prévoit pas de partir avant d’avoir parachevé son œuvre : celle de transmettre aux nouveaux propriétaires salariés une entreprise transformée dans ses valeurs et son modèle de travail. Arrivé en 2019 comme simple "manager de transition", l’électricien de formation, originaire de la région de Lille (Nord), est en train de marquer de son sceau l’histoire de cette PME bretonne, implantée au Rheu en région rennaise.

Transmission aux salariés

Pendant plusieurs générations, la SAS a appartenu à la famille Chupin, originaire de Brest (Alfred Chupin, le fondateur, a été maire de Brest après-guerre, NDLR). Mais en 2019, Dominique Chupin, mandataire social dans une vingtaine d’entreprises de l’ouest de la France, a souhaité vendre l’affaire. Pas à n’importe qui, aux forces vives de la société : les collaborateurs. "J’ai monté le projet pour trouver comment financer ce rachat avec les cadres de l’entreprise", renseigne Jean-Louis Vanhee, 62 ans, qui voyait dans cette mission une "belle opportunité de fin de carrière", lui qui a longtemps dirigé des centres de profits - dont Engie Ineo, la branche travaux électriques du groupe Engie. Avec l’aide du cabinet d’avocats rennais Fidal, une nouvelle répartition capitalistique a été mise en place. Six cadres dirigeants de l’entreprise (dont Jean-Louis Vanhee) ont racheté 75 % des parts de la SARC à Dominique Chupin, qui détient encore 20 % des actions. Il leur cédera ses titres restants en septembre 2025. Les 5 % de parts restantes appartiennent à une holding de salariés qui a été montée grâce à la loi Pacte. L’ensemble des collaborateurs - soit 200 personnes environ - a eu l’opportunité de souscrire au capital de l’entreprise. Une soixantaine a franchi le pas.

Entreprise à mission

Renflouée, la société experte dans les travaux complexes liés au cycle de l’eau, poursuit le déploiement de son activité sur des bases saines et solides. Son carnet de commandes est plein pour les 18 prochains mois.

Un collaborateur de la SARC sur un chantier de canalisation d’eau — Photo : SARC

L’entreprise de construction réalise 200 chantiers par an. Elle capitalise sur les compétences de quelque 215 collaborateurs (des techniciens, chefs de chantier…), répartis dans quatre grandes régions : la Bretagne, la Normandie, la région Pays de Loire Poitou-Charentes et la région Centre Ile de France. La SARC développe cinq enseignes (Nantes TP, Rennes TP, S-TRS, SEN-TP, SARC Assistance), qui ont vocation à devenir décarbonées. "Le gros de notre chiffre d’affaires, à 90 %, c’est de la canalisation humide. Et dans ces 90 %, il y a 95 % de commandes publiques", souligne le dirigeant. L’entreprise dégage du résultat depuis plusieurs années, qu’elle "réinvestit dans l’outil de production".

"Boulot ingrat"

La transformation environnementale de son activité est devenue son nouveau cheval de bataille. "Il n’y a plus une journée qui passe sans qu’on ne parle de sujets liés au changement climatique. L’eau a pris une place prépondérante, car c’est le conflit d’aujourd’hui et de demain, rend compte Jean-Louis Vanhee. Notre métier a retrouvé ses lettres de noblesse : on travaille sur une matière essentielle à la vie sur terre. Mal faire notre travail aujourd’hui, sans respecter les autres aspects de l’environnement, ce serait quelque part se moquer du monde..." Le patron en est convaincu, il faut en faire plus pour protéger Dame nature. Une conviction forte qu'il cherche à partager avec l'ensemble des collaborateurs de l’entreprise. La voie à suivre est balisée. L’entreprise est devenue entreprise à mission au début de l’année 2023, l’une des toutes premières dans le secteur des TP. La fin d’un long travail d’introspection entamé il y a deux ans.

Jean-Louis Vanhee, président de la SARC, au siège social de l’entreprise, au Rheu (Ille-et-Vilaine) — Photo : Baptiste Coupin

"Dans ce projet, je suis allé faire le travail de fond, jusqu’au bout. J’ai interrogé tous les salariés pour déterminer ce qu’on voulait vraiment pour l’avenir, et sur quelles missions prioritaires on allait se consacrer." La raison d’être de la SARC est désormais limpide… comme de l’eau de roche : "L’eau est notre raison d’être, source vitale et précieuse dont nous protégeons les droits". L’entreprise développe ses convictions dans un document interne : "par nos engagements individuels et collectifs, nous contrôlons et améliorons l’impact de nos activités sur le climat et la biodiversité". Jean-Louis Vanhee développe : "Quand on arrive quelque part, on ne sait pas ce que l’on va trouver parce que l’on creuse la terre. On perturbe l’environnement proche de chez nous. Nous avons un boulot assez ingrat… mais ce qu’on fait est essentiel, et essentiel pour l’avenir. L’objectif c’est de bien faire notre travail jusqu’au bout en se préoccupant des riverains, de la flore, de la faune ou encore de l’étanchéité des surfaces qu’on laisse…"

Objectif zéro CO2

Le patron est un défenseur de l’environnement. Il est engagé bénévolement au sein du mouvement "Le Grand Défi" - créé à Nantes -, qui rassemble des entrepreneurs de tous secteurs mobilisés pour la planète. "Je milite pour que dans les appels d’offres publics, il y ait des points réservés à l’environnement, comme le zéro carbone, ou la RSE en général. Pour l’instant ça n’existe pas…" Dans sa volonté de vouloir limiter son empreinte environnementale, le président de la SARC essaie d’orienter les maîtres d’ouvrage sur des projets vertueux : "Notre ambition cette année, c’est de faire un chantier zéro carbone dans chaque région où nous opérons… C’est-à-dire avec des véhicules électriques, et avec de la matière première (pour les canalisations) que nous réutilisons. L’objectif, c’est zéro CO2." Pour avoir des véhicules à énergie propre, l’entreprise a décidé de miser sur le rétrofit, une technique qui consiste à changer le moteur thermique d’un véhicule par un moteur électrique. Elle fait appel aux services de la start-up grenobloise TOLV, pour transformer ses véhicules de service. La société réfléchit aussi à conduire un projet de joint-venture pour le rétrofit de ses engins de chantier. Elle pourrait en confier les clés à Laurent Desbois, responsable parc matériel et atelier de la SARC.

Nouvelle gouvernance

Une nouvelle ère est donc en train de s’écrire pour l’entreprise bretonne, qui consacre son appropriation par ses salariés et un engagement collectif pour le respect de la planète. Jean-Louis Vanhee, lui, prévoit de rendre les clés de la PME pour la fin 2025. Avant cela, il s’attelle à renforcer le comité de direction de la société de TP, pour avoir les meilleures expertises à bord. Le chef d’entreprise a nommé en 2021 deux directeurs généraux adjoints : Alain Garnier, responsable de la région Normandie, en charge de la partie opérationnelle (travaux/chantiers), et Christophe Charil, qui pilote le pôle administratif et financier. Il cherche maintenant à recruter un responsable des transitions, un poste stratégique au vu du tournant pris par l’entreprise. "J’espère que ce sera une femme. Il faut féminiser notre Codir, surtout dans notre métier", sourit le président du groupe, soucieux de faire évoluer la SARC de l’intérieur, jusqu’au dernier jour.

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