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La Fabrique rapatrie en France la production de la marque de vêtements Adresse
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La Fabrique rapatrie en France la production de la marque de vêtements Adresse

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Créée en 2013 par Christèle Merter et basée à Roubaix dans le Nord, La Fabrique commercialise des vêtements sous la marque La Gentle Factory. La PME de 20 salariés a repris en juillet dernier à la barre du tribunal de commerce de Paris Adresse et rapatrie l’ensemble de la production de la marque parisienne de mode masculine en France.

Christèle Merter, dirigeante de La Gentle Factory a rapatrié en France la production de la marque de vêtements Adresse — Photo : La Gentle Factory

Depuis la reprise de la marque de mode Adresse en juillet dernier à la barre du tribunal de commerce de Paris Adresse, la Fabrique, qui commercialise des vêtements 100 % recyclés et écoresponsables sous la marque La Gentle Factory, a rapatrié la majeure partie de la production de la marque en France. La PME nordiste de 20 salariés créée en 2013, dont le tour de force était de maîtriser le patronage et la conception de ses vêtements en France, a souhaité faire de même avec Adresse. Les vêtements de la marque parisienne de mode masculine étaient jusqu’alors confectionnés en Europe, notamment en Italie, au Portugal, en Pologne et en Lituanie.

90 % du sourcing est désormais français

La PME a donc travaillé d’arrache-pied pour maîtriser la confection technique et sélectionner les bons fournisseurs. "Nous avons sourcé auprès de notre trentaine de partenaires existants", raconte Christèle Merter, fondatrice et dirigeante de La Fabrique. Résultat, 90 % du sourcing de l’Adresse vient dorénavant de France avec "des conditions économiques acceptables : on paie le même prix que si l’on fabriquait en Europe", assure la dirigeante.

Au total, ce sont ainsi une quinzaine de références qui ont été relancées en France, des chemises aux pulls en laine mérinos, en passant par les vestes de travail fleming flex et les pantalons de biking en toile et en tissu technique. "La difficulté du rapatriement a été liée au temps de mobilisation des équipes produits et achats pour sélectionner, expliquer, mettre au point et valider la centaine de références différentes d’Adresse en six mois. Reste un énorme chantier sur les grosses pièces – manteaux et blousons, qui nécessitent un haut niveau de technicité sur les coutures déperlantes et l’étanchéité, soit encore 10 % de la production à rapatrier", poursuit la dirigeante. L’entreprise est justement en pourparlers sur le sujet avec un partenaire basé en Ardèche qui travaille pour une marque d’outdoor. "Nous ne serons pas prêts pour l’hiver 2024 mais plutôt pour l’été 2025", signale-t-elle.

Une logistique plus réactive

Christèle Merter s’est également évertué à rapatrier la logistique d’Adresse, qui était jusque-là externalisée pour en faire un atout. "La force de La Gentle Factory est d’avoir une logistique internalisée. Cela participe à la qualité du service apportée au client", indique-t-elle. Le made in France apporte à ce niveau de la réactivité. "Nous avons la capacité d’avoir des stocks tampons", explique Christèle Merter, soit la possibilité d’avoir un réassort rapidement pour remettre le stock à niveau.

Impact positif sur la trésorerie et le BFR

Au-delà de favoriser une économie vertueuse et de faire vivre l’écosystème local, la chef d’entreprise se félicite de son choix pour son impact positif à la fois sur sa trésorerie et son BFR. "C’est un vrai avantage de travailler avec des fournisseurs français. Les conditions de paiement à 30 jours sont beaucoup plus favorables que celles dont bénéficiait la marque Adresse lorsqu’elle travaillait avec des partenaires européens", assure Christèle Merter. De fait, l’entrepreneure a même fait le choix d’accélérer le rapatriement du sourcing en France.

Des modes de consommation repensés

La Fabrique, qui a également repris les deux boutiques parisiennes de l’Adresse qu’elle a rebaptisées La Factory - trait d’union entre Adresse et La Gentle Factory -, a totalement repensé leur concept pour tester de nouveaux modes de consommation via des ateliers autour de la mode durable et des corners dédiés à la seconde main, au recyclage ou aux retouches. "Nous avons installé un atelier de réparation, un repair day avec un retoucheur sur place et mis à disposition les patrons de nos t-shirts. "L’idée est de proposer des services à la carte sur tous les modes de consommation responsable", explique Christèle Merter.

Made in France ou petit prix : les consommateurs tiraillés

Au vu de la baisse de la consommation qu’elle constate depuis un an, la chef d’entreprise évoque "la dualité, voire la schizophrénie, des clients tiraillés entre les petits prix et la fabriqué en France. Il faut rester accroché à ses convictions même si l’on souffre beaucoup aujourd’hui. Tant qu’il y aura cette proposition de surconsommation, l’arbitrage va être compliqué", confie-t-elle.

L’entreprise nordiste La Fabrique exploite depuis août dernier deux boutiques parisiennes, avec ses deux marques de prêt-à-porter : La Gentle Factory et Adresse — Photo : La Fabrique

Si jusqu’alors le taux de marge de l’entreprise, qui affichait 1,58 million d’euros de chiffre d’affaires en 2023, lui permettait d’être à l’équilibre et qu’elle était jusqu’à maintenant rentable, la chef d’entreprise consent que "le prochain exercice va être compliqué : je ne sens pas un redémarrage de la consommation très rapide".

En conséquence, après avoir réalisé "un marathon" depuis juillet et la reprise d’Adresse, la dirigeante va mettre l’entreprise "en mode raisonnée et raisonnable" sur les prochains mois pour consolider ces huit derniers mois d’activité intense. "Nous allons préserver nos ressources internes, analyser les performances, faire les ajustements nécessaires et optimiser les process".

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