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La croissance de Sodise, distributeur d'outillage, est dans les starting-blocks
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La croissance de Sodise, distributeur d'outillage, est dans les starting-blocks

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Confrontée à un problème de place, le distributeur d'outillage Sodise va investir 13,5 millions d’euros dans un nouveau siège. L’entreprise quittera Châteaulin en 2023 pour s’installer à Briec. Son objectif : poursuivre sa croissance en atteignant 60 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2030 grâce à un développement en France et en Europe.

Le nouveau siège de Sodise a Briec devrait être opérationnel en 2023 — Photo : © Facet Ingénierie

C’est acté. En 2023, Sodise (115 salariés, 45 M€ de CA) quittera Châteaulin pour Briec. Le distributeur d’outillage, d’équipement et de consommable pour les professionnels va investir 13,5 millions d’euros pour un bâtiment neuf de 17 000 m² de surface plancher, dans la zone des Pays-Bas. La société s’installera sur l’ancien site de Rector-Lesage et une parcelle attenante, soit sur une surface totale de 67 000 m². Le début des travaux est prévu en 2020 pour une livraison en juin 2022. « Le bâtiment devrait être opérationnel au 1er janvier 2023 », annonce Christian Mondaut, le PDG de Sodise.

Un CA multiplié par 3 en 10 ans

Une bonne nouvelle pour Briec, qui se débarrasse ainsi d’une friche industrielle. Moins pour Châteaulin, qui perd l’une des grandes entreprises de son territoire. « Nous sommes déjà très à l’étroit dans nos locaux actuels. Nous avons du stockage un peu partout, y compris jusque Quimperlé, explique Christian Mondaut. Nous avons cherché à Châteaulin mais il y a peu de terrains. Nous ne sommes pas tombés d’accord avec la Communauté de Communes. C’est comme ça… » Une piste à Lothey avait un temps été envisagée. « C’est une question de choix. J’ai fait un tableau avec les avantages et les inconvénients. » Les critères qui ont pesé dans la balance pour Briec ? La proximité du site actuel, à une dizaine de kilomètres, dans une zone proche de la quatre-voies. Surtout, Briec se trouve dans le bassin d’emploi de Quimper et Sodise a besoin de main-d’œuvre.

« Nous visions une multiplication par 2 en 10 ans, nous avons multiplié par 3 »

L’entreprise est en effet en pleine croissance avec un chiffre d’affaires passé de 15 millions d’euros à 45 millions d’euros en dix ans, soit une progression de 200 %. « Nous visions une multiplication par 2, nous avons multiplié par 3 », se réjouissent les dirigeants, qui comptent bien poursuivre sur ce rythme. « Notre objectif est d’atteindre 60 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2030, contre 45 millions d’euros aujourd’hui. Nous passerions aussi de 115 salariés à 160. » D’ailleurs, une extension de 6 000 m² pour le stockage est déjà dans les cartons pour s’ajouter au nouveau bâtiment. « Nous utiliserons notre bâtiment de Châteaulin en attendant. Mais il est en vente. Dès que nous avons trouvé un acheteur, nous lançons l’extension. Le permis de construire est déjà près. »

Des commerciaux « maison »

La stratégie qui a permis cette croissance a été mise en place par Christian Mondaut dès 2009, à son arrivée à la direction. Il entre alors également au capital avec Marc Lavanant, le directeur des achats, aux côtés de Ronan Feillant, le fondateur et ses deux enfants.

Christian Mondaut, PDG et Marc Lavanant, directeur des achats de Sodise — Photo : © Isabelle Jaffré

Sodise fonctionne à cette époque avec des commerciaux multicartes. Un frein pour le développement, selon le nouveau dirigeant, ancien directeur de magasins Castorama, notamment à Brest. Il décide donc d’abandonner ces agents à partir de 2011 pour privilégier des commerciaux « maison ». La transition s’achève début 2014 et Sodise compte alors 6 commerciaux au lieu de 14 agents. « C’était un risque mais une solution plus efficace », assure Christian Mondaut. Sodise compte aujourd’hui 15 commerciaux sur la France, qui concentre 80 % de l’activité. « Ils n’ont pas encore fini de visiter nos 6 000 clients, alors la prospection, n’en parlons pas ! Je l’interdis aux équipes depuis 2010. On n’a pas la place ! Nous irons chercher de nouveaux clients quand le bâtiment de Briec sera prêt. » Une conquête commerciale qui se poursuivra en France, mais aussi en Europe.

Cap sur l’Europe

« Nos concurrents sont étrangers, des Espagnols, des Hollandais comme Kramp, etc. L’autre finistérien avec qui nous sommes en concurrence, Sparex à Commana, a été racheté par un fonds de pension », rappelle le PDG. Avec 80 % de son activité basée sur la vente d’équipements aux garages et d’outillage agricole, contre 20 % de location et fournitures aux professionnels divers, Sodise fait donc face à de grands groupes. « Et ils ne se gênent pas pour venir s’installer et prendre des marchés en France en cassant les prix », remarque Christian Mondaut.

« Nous ne serons pas les épiciers de l’Europe. »

Si la société n’est pas - encore - de taille à attaquer toute l’Europe de front, son dirigeant souhaite commencer par l’Espagne. Christian Mondaut vise aussi la Pologne, le Benelux… « Nous aussi, nous pouvons aller grignoter des parts de marché chez eux ! » À long terme, la direction espère atteindre 20 % de chiffre d’affaires à l’export, forcément avec de gros clients. « Nous ne serons pas les épiciers de l’Europe, plaisante-t-il. Nous ne pourrons pas multiplier les petites livraisons aussi loin. Il faudra des commandes importantes de 5 000 à 7 000 euros. Loin de notre panier moyen actuel de 500 euros. » Car pas question de quitter le Finistère. « C’est un choix. Sodise est Finistérien. Nous restons ici, même si d’un point de vue purement économique, il faudrait s’installer ailleurs. »

Un pôle chimie

Pour se développer, Sodise veut aussi se transformer. « Actuellement, nous fonctionnons avec 100 % de stock. C’est très lourd et cela nécessite beaucoup d’espace », note le directeur des achats, Marc Lavanant. Pour soulager sa trésorerie, l’entreprise va essayer de développer ses références sur commandes : 10 000 à l’horizon 2030, contre 15 000 références déjà en stock. « Beaucoup d’industriels peuvent nous livrer en trois semaines. Nos plus gros concurrents, eux, parviennent à stocker uniquement 30 % de leur produit ». Pour vendre toutes ces références, Sodise va développer un site marchand, qui n’existe pas vraiment aujourd’hui. Faute de place, l’entreprise s’est, en effet, freinée ces dernières années dans son élan, ne pouvant absorber un éventuel afflux de commandes.

Sodise lance sa propre marque de produits de nettoyage : Karzhan — Photo : © Sodise

Le nouveau siège va aussi permettre au distributeur finistérien de mettre en œuvre un autre axe de développement : la création d’un pôle Chimie à Briec. « Il y a un an, nous avons racheté Green Plaisance, une petite entreprise (2 salariés, 250 000 € de CA) à Plomodiern », relatent les dirigeants. Green Plaisance a été créée en 2009 par Yves Le Maître. Ce passionné a mis au point une gamme de produits d’entretien écologiques pour les équipements de loisirs (bateau, caravane, camping-car, maison et jardin). « Ce sont de super produits, mais la société n’avait pas les épaules pour développer l’aspect commercial », raconte Christian Mondaut. Sodise rapatriera à terme cette production à Briec, créant ainsi son pôle Chimie et devenant, de fait, fabricant de sa propre marque de produits : Karzhan. « Nous avons déjà démarré avec un aérosol dégrippant en visant 100 000 ventes cette année, précise Marc Lavanant. C’est dans la tendance des produits bio. Nous allons ensuite déployer la marque de nettoyage professionnel à partir de 2021 : savon, shampoing de carrosserie, etc. »À côté de ce laboratoire, Sodise prévoit un showroom des produits avec un mini-garage pour les mettre en situation ainsi que 200 m² dédiés au service après-vente. « L’idée est de faire venir des clients, ce qui est compliqué aujourd’hui ». Des projets qui doivent maintenant attendre la livraison de leur nouveau siège pour pleinement se concrétiser.

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