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La crise du Covid-19 fait gagner quatre ans à l'e-commerce
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La crise du Covid-19 fait gagner quatre ans à l'e-commerce

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Même si certaines activités n’ont pas été épargnées, le secteur du commerce en ligne a globalement profité de la crise du Covid-19 en 2020. Pics de vente liés aux confinements, nouvelles habitudes des consommateurs… : l’année a servi d’accélérateur. Elle a aussi montré que les indépendants et les TPE-PME avaient beaucoup à y gagner, à condition de se lancer.

La crise du coronavirus a tout juste ralenti la croissance du chiffre d’affaires de l’e-commerce en 2020 : il a progressé de 8,5 %, contre 11,6 % en 2019 — Photo : ©alex.pin - stock.adobe.com

L’e-commerce a surfé sur les vagues du Covid-19 en 2020. Entre confinements, fermetures des magasins et peur du virus, l’épidémie a soufflé dans les voiles du secteur. Mais la crise sanitaire n’a pas manqué non plus d’éclabousser certains de ses acteurs.

La croissance de l’e-commerce freinée par la crise

Certes, le coronavirus n’est pas parvenu à briser la trajectoire de la vente en ligne, sur une pente ascendante depuis 2000. Son chiffre d’affaires a enregistré, l’an dernier, une nouvelle hausse (+8,5 %), pour atteindre 112,2 milliards d’euros, selon la Fevad, la fédération du secteur. Un chiffre à faire pâlir d’envie tout le reste de l’économie française… Sauf que ce résultat est inférieur aux prévisions de départ (115 Md€) et, fait rarissime, ce taux de croissance annuel n’est pas à deux chiffres - il l’était encore en 2019 (+11,6 %).

À l’origine de ce ralentissement, la trajectoire opposée entre, d’une part, les achats de produits en plein boom (+32 %) et, d’autre part, les services à la peine (-10 %). Engluées dans les restrictions sanitaires, les activités de tourisme et loisirs encaissent même une chute de près de moitié (-47 %).

Les confinements ont dopé les ventes en ligne

Et pourtant, cette année restera bel et bien historique. Un chiffre suffit à le montrer : la vente en ligne représente désormais 13,4 % du commerce de détail, soit 3,6 points de plus en un an. « Cette part de marché augmente en principe d’un point par an, éclaire Marc Lolivier, le délégué général de la Fevad. Autrement dit, on a gagné quasiment quatre ans en douze mois ! »

De fait, de nombreux indicateurs sont au vert, comme le nombre de transactions (1,84 milliard, +5,8 %) et même le panier moyen (+3,4 %, première hausse en 9 ans).

Autre fait notable : les deux confinements se sont traduits par une explosion des ventes sur les places de marché et, encore plus, sur les sites des grandes enseignes (x2 en mai, puis en novembre), suivies par la Fevad. Mais c’est avant tout le reverrouillage de l’économie à l’automne, avec la fermeture imposée des rayons et commerces non-essentiels pendant un mois, qui a propulsé tout le secteur, avec un bond de 23 % sur les deux derniers mois de l’année.

Aux TPE-PME de saisir l’opportunité numérique

Dans ce contexte, les TPE-PME et indépendants ont une carte à jouer. D’abord, parce que les consommateurs sont toujours plus nombreux en ligne : 41,6 millions, soit 1,5 million de plus en un an. « Nous n’avions pas constaté pareille progression depuis au moins cinq ans », souligne Jamila Yahia-Messaoud de Médiamétrie, à l’origine de cette estimation.

Ensuite, les habitudes se sont transformées, au profit d’une hybridation entre le numérique et le physique. Le retrait en magasin (le fameux click and collect) a été pratiqué par 41 % des acheteurs en 2020, en hausse de quasiment 14 points en un an, selon une étude de Médiamétrie pour la Fevad, réalisée du 11 au 18 janvier, auprès de 1 296 personnes.

« L’enjeu à présent est que les TPE-PME puissent, à leur tour, profiter de ce levier numérique »

Enfin, et surtout, ces clients attendent de retrouver leurs magasins préférés sur Internet. Un quart d’entre eux disent avoir déjà réalisé des achats en ligne auprès de commerces de proximité. Dont 7 sur 10 l’ont fait par solidarité, pour soutenir ces professionnels. Problème : cette offre locale reste insuffisante. C’est le premier frein, cité à 41 %.

« 2020 est une période de rupture, où l’on a assisté à une digitalisation de l’offre, conclut Marc Lolivier. Il est vrai qu’elle s’opère beaucoup dans les grandes enseignes, déjà engagées sur cette voie. L’enjeu à présent est que les TPE-PME puissent, à leur tour, profiter de ce levier. » D’autant que le maintien des restrictions sanitaires et la persistance de l’épidémie devraient continuer à donner des ailes à l’e-commerce. Même si, prudente, la Fevad s’est refusée à livrer sa prévision de chiffre d’affaires pour cette année.

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