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La Chaudronnerie de l'Est : "Nous formons des soudeurs et des chaudronniers sur-mesure grâce à France Travail"
Témoignage Haute-Marne # Industrie # Ressources humaines

La Chaudronnerie de l'Est : "Nous formons des soudeurs et des chaudronniers sur-mesure grâce à France Travail"

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La Chaudronnerie de l’Est, à Saints-Geosmes en Haute-Marne, fait face à un défi majeur : le vieillissement de ses salariés. Contrainte d’anticiper les départs en retraite, l’entreprise peinait à recruter des soudeurs chaudronniers… Jusqu’au lancement d’une formation sur site il y a cinq ans : treize CDD et huit CDI ont déjà été signés.

La CDE fournit tout le nécessaire aux cours pratiques, comme de l’acier, les locaux de travail, le gaz, l’énergie ou encore les équipements de protection individuelle — Photo : Julia Guinamard

"Des personnes se sont déjà présentées à l’accueil pensant arriver dans un centre de formation", raconte amusée Laurence Prudent, responsable des ressources humaines à la Chaudronnerie de l’Est (CDE). Si l’activité de l’entreprise basée à Saints-Geosmes (Haute-Marne), qui a réalisé 19,2 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023 avec 91 salariés, reste bien de produire des cuves de stockage pour le gaz, le pétrole et le nucléaire, sa "formation de soudeur chaudronnier commence à se faire connaître dans la région".

Une situation positive pour la société dont la moyenne d’âge est de 44 ans. En effet, CDE doit anticiper dès aujourd’hui de futurs départs en retraite. Toutefois, dans l’industrie, et plus particulièrement dans un secteur pointu comme la chaudronnerie, trouver les bons profils est très compliqué. D’autant qu’un vide a été laissé avec la fermeture de l’École de chaudronnerie de Langres (Haute-Marne), il y a une trentaine d’années.

C’est pourquoi CDE a accepté la proposition de l’agence France Travail de Langres de mettre en place une formation au sein de ses locaux. Depuis 2019, cinq promotions se sont ainsi succédé. La formation est réalisée en partenariat avec l’Association pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) de Saint-Avold (Moselle), dont est issu le formateur. À la fois théorique et pratique, elle se déroule sur une durée cumulée de sept semaines qui sont suivies par quatre semaines de stages, puis d’un CDD de 6 mois pour les candidats qui l’acceptent. Le projet porte ses fruits et l’entreprise peut aujourd’hui se satisfaire de "tourner à plein régime".

Un coût de 66 000 euros en partie pris en charge

Pour lancer un cycle de formation, la chaudronnerie a seulement à se tourner vers France Travail. Pour être éligible, il suffit d’accueillir au minimum quatre personnes et de s’engager à proposer un CDD de six mois à chacune d’entre elles. "Nous contactons France Travail chaque année vers la fin novembre. Après, ils s’occupent de tout", indique la responsable des ressources humaines.

Isabelle Bazard, conseillère entreprise à l’agence France Travail de Langres, détaille : "Nous partons du besoin de l’entreprise pour trouver la solution. Nous nous occupons ensuite de l’ensemble des démarches, même des dossiers de financement".

Toutefois, elle précise que ce fonctionnement peut changer en fonction des agences. "Notre agence est à taille humaine, ce qui nous permet d’être très proches des employeurs que nous accompagnons", reconnaît-elle.

Le coût de la formation, soit 66 000 euros, est pris en charge par la Région Grand Est, France Travail et l’entreprise. CDE met à disposition les fournitures nécessaires pour les cours pratiques, comme de l’acier, les locaux de travail, le gaz, l’énergie, les équipements de protection individuelle, etc.

Une méthode de recrutement par simulation pour toucher plus de candidats

Avant l’inscription des candidats à la formation, l’entreprise participante doit organiser une visite du site. Pour la session en cours, qui a commencé en février, une vingtaine de candidats ont été accueillis par CDE en janvier pour découvrir la chaudronnerie et le métier de soudeur. Une méthode de recrutement par simulation (MRS) a ensuite été utilisée pour les personnes intéressées. Cette méthode se fonde sur des tests pratiques afin d’ouvrir la sélection à tous les types de candidats, peu importe leur niveau d’expérience ou de formation. Seule leur dextérité est évaluée. "Nous avons bâti une section de MRS spécifique pour la Chaudronnerie de l'Est ", précise la responsable entreprise de France Travail.

L’admission à la formation se fait ensuite en fonction des résultats au MRS. "Cette année nous avons eu le choix entre dix profils", s’enthousiasme Laurence Prudent, avant d’apprécier : "nous avons un très bon cru !". Elle note entre autres qu’aucun des candidats n’a manqué de séance. "Il y a deux ans, nous avons eu d’importants problèmes d’assiduité. Le courant n’était pas passé avec le formateur et aucun des candidats n’est resté", confie-t-elle.

Le premier projet de formation a tourné au "fiasco"

Heureusement, cette situation ne s’est produite qu’une seule fois. Sur plus d’une quinzaine de personnes formées, treize personnes ont accepté le CDD et huit ont fini par être recrutées en CDI. La responsable des ressources humaines rappelle que le taux de chômage sur le bassin de Langres est faible et qu’il n’est pas évident de trouver des candidats localement. Un autre enjeu est donc d’attirer des candidats en Haute-Marne. Un défi également relevé par le dispositif de formation, pour laquelle des candidats sont venus de Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne, de l’Yonne ou encore de Vendée.

Ces différentes problématiques ne sont pas nouvelles. Un premier projet de formation avait ainsi déjà été lancé en partenariat avec d’autres chaudronneries, France Travail et l’Afpa de Dijon. "Ça avait été un fiasco pour toutes les entreprises", résume Laurence Prudent. Elle pointe notamment le fait que la partie théorie de la formation se déroulait à Dijon, à 80 km des locaux de CDE, où se déroulait la partie pratique. Une situation peu aisée pour les candidats.

Aucun poste vacant chez CDE aujourd'hui

Alors, CDE était restée embourbée dans ses problématiques de recrutement, continuant à toquer sans cesse à la porte de France Travail… Jusqu’au jour où la formation en interne lui a été proposée. Et, aujourd’hui, CDE peut se féliciter de n'avoir aucun poste vacant. Néanmoins, des défis demeurent. Quatre salariés sont rattachés à un prestataire externe, ce qui implique des contrats plus onéreux. Par ailleurs, au-delà des soudeurs chaudronniers, les peintres industriels sont également difficiles à dénicher. Alors, l’entreprise multiplie les stratégies pour attirer des travailleurs, notamment en passant par la voie de l’alternance.

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