La cession d’entreprise doit être anticipée très en amont
Avis d'expert # Fusion-acquisition

La cession d’entreprise doit être anticipée très en amont

Le dirigeant qui envisage de céder son entreprise à plus ou moins longue échéance doit anticiper l’évènement et bâtir sa stratégie de façon à optimiser les conditions de la cession future, au meilleur prix et avec une fiscalité moindre si possible. Être prêt techniquement permet en outre de céder plus rapidement en cas d’opportunité non programmée ou de difficultés d’ordre personnel.

Jean-Maurice Nesme, directeur associé d'Exco Nexiom — Photo : DR

La cession d’une entreprise ne s’improvise pas, c’est pourquoi son dirigeant doit s’y préparer très en amont en s’interrogeant, notamment, de manière très concrète, sur les leviers de valorisation de son entreprise. Il doit faire pour cela des simulations en faisant varier les pourcentages d’évolution du chiffre d’affaires, les taux de marge, de façon à en mesurer l’impact sur l’excédent brut d’exploitation (EBE) qui est un agrégat souvent essentiel dans la valorisation d’une entreprise. À noter que dans le cas d’une PME, cette valorisation est souvent approchée en prenant en compte un multiple de 4 à 6, appliqué à l’EBE.

Le dirigeant doit ensuite définir une stratégie pour parvenir à ses objectifs, ce qui peut passer par des évolutions d’organisation, des choix de croissance (organique vs externe).

Si l’entreprise a besoin de deux ans pour parvenir à doper ses indicateurs de performance, pour ensuite profiter à plein de leur effet financier et comptable sur les trois ans qui suivent, le dirigeant futur cédant devra logiquement se poser les bonnes questions au moins cinq ans en amont de sa décision de cession.

Anticipation à trois ou cinq ans

Il sera bon également de définir par avance le cadre et les grandes lignes du futur mémorandum vendeur qui sera rédigé à l’attention des candidats repreneurs, sorte d’exercice anticipé de story telling financier. À charge pour le dirigeant de réfléchir à l’histoire - au sens économique, capitalistique, humain – de l’entreprise pour la rendre au besoin plus attractive quand sera venu le temps des discussions et des négociations de la vente.

L’anticipation à trois ou cinq ans permet en outre d’envisager avec sérénité certains montages juridiques et patrimoniaux qui demandent du temps en prenant date pour être conformes à la réglementation et ne pas tomber dans certains travers d’abus de droit. Le contexte familial du dirigeant, la structuration juridique de ses activités (société unique vs groupe ; détention de l’immobilier professionnel intégrée ou séparée des actifs de l’entreprise…) doivent bien sûr également être pris en compte, avec des enjeux potentiellement importants en termes de limitation de la pression fiscale et de transmission du patrimoine personnel.

Enfin, préparer la cession de son entreprise sera, pour nombre de dirigeants, l’occasion de réfléchir à son départ en retraite, modéliser son futur train de vie et imaginer d’autres projets…

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