Pas d’envolée des recrutements, pas de frein non plus. Voilà ce qui ressort de l’enquête annuelle menée par la Capeb auprès de 1 000 entreprises artisanales du bâtiment en Pays de la Loire. Dans un secteur de la construction en pleine crise, où le logement neuf a reculé en volume de 7,8 % en 2023 à l’échelle nationale, les conclusions auraient pu être plus alarmistes.
En Pays de la Loire, si 63 % des entreprises artisanales du bâtiment souhaitaient recruter en 2022, ce chiffre est passé à 54 % en 2023. "Cette tendance est liée à un rééquilibrage vis-à-vis de la baisse des activités. Nos entreprises sont beaucoup sur de la rénovation, et sont moins touchées par cette crise", analyse Virginie Baudrit, secrétaire générale Capeb Pays de la Loire.
L’organisme professionnel est plus préoccupé par la baisse des offres d’apprentissages de 5 % par rapport à l’année dernière. "Nous avons recensé 300 offres d’apprentissage pour la rentrée 2024 parmi les 1 000 répondants", précise la secrétaire générale. Or, l’apprentissage constitue le premier vivier de recrutement, notamment pour faire face aux départs à la retraite des années à venir. La Capeb espère donc garder un certain dynamisme sur ce volet.
90 % des apprentis restent dans le bâtiment
Malgré tout, l’apprentissage s’inscrit dans un contexte général positif. "Nous avons formé plus de 5 540 apprenants en Pays de la Loire en 2023. C’est 1 700 de plus qu’il y a sept ans", note Eymard de Crécy, secrétaire général chez BTP CFA Pays de la Loire. Selon ce dernier, les métiers du bâtiment ont particulièrement tiré leur épingle du jeu durant le Covid-19. "Nous avons eu des profils qui avaient envie de se reconvertir, et de quitter leur ordinateur pour un travail en extérieur et manuel", ajoute Eymard de Crécy. La loi de 2018, qui repousse la possibilité de suivre un apprentissage à 30 ans, a bien aidé sur ce pan. Et ces réorientations ne semblent pas prises sur de simples coups de tête. "Après un apprentissage, 90 % des jeunes formés restent dans le bâtiment", poursuit Eymard de Crécy.
Les formations prodiguées doivent aujourd’hui s’adapter, entre l’arrivée de nouvelles technologies qui transforment certains métiers, et les demandes du marché pour de plus en plus de matériaux éco-conçus. "J’ai dans mon atelier un établi qui a 150 ans, et une défonceuse numérique qui permet de faire des coupes précises au dixième de millimètre. Les deux se complètent", note Alain Lacour, menuisier et président de la Capeb Pays de la Loire.
Un secteur plus concurrentiel
Outre les technologies et la poussée vers l’écoconception, le marché sera aussi modifié par la conjoncture actuelle. Les plus grosses entreprises, plutôt centrées initialement sur le marché du neuf, vont s’aventurer sur le marché de la rénovation. "Le secteur va devenir plus concurrentiel. Mais il va aussi s’accroître avec les incitations gouvernementales", analyse Virginie Baudrit. Les entreprises vont donc devoir s’adapter à ces marchés chamboulés. "Je reste très confiant. Les petites structures ont une agilité qui leur permet de s’adapter plus rapidement", poursuit Alain Lacour. À condition qu’elles trouvent une main-d’œuvre qualifiée demain… ce qui passe par de l’apprentissage aujourd’hui.
