Cela fait cinquante ans que Kermel SAS (CA 2022 : 52 M€ ; une centaine de salariés) développe à Colmar sa propre fibre destinée aux vêtements de protection des pompiers, des militaires, des forces de l’ordre et des travailleurs de l’industrie exposés au risque du feu. Pour franchir un cap, l’entreprise investit 13 millions d’euros dans une nouvelle unité de distillation. Avec l’ambition d’accroître sa production de 50 % pour atteindre 3 000 tonnes par an d’ici 2026, et la possibilité d’accéder à 4 000 tonnes dans un second temps. "Le rendement de l’ancienne unité ne nous permettait pas d’envisager d’augmenter nos capacités de production dans ces proportions", indique Élodie Pitois, directrice RSE de Kermel. Pour cela, les deux lignes de production vont tourner en continu (en 5x8), ce qui implique le recrutement de dix conducteurs de ligne supplémentaires.
Trois kilomètres de tuyaux pour recycler le solvant à 95 %
Cette nouvelle unité de distillation a engendré d’importants travaux sur le site que l’industriel, labellisé France terre textile, partage avec l’entreprise Freudenberg Performance Materials (CA : 77,1 M€ ; 160 salariés environ) qui produit du textile en filaments. Deux entrepôts de stockage ont été détruits pour permettre la création, sur son propre terrain, d’un bâtiment de 1 300 m2 qui abrite cuves et colonnes ainsi que les trois kilomètres de tuyaux qui caractérisent cette nouvelle unité. Cette dernière permet de purifier le solvant utilisé dans un circuit fermé et vertueux puisque celui-ci peut ainsi être recyclé à hauteur de 95 %. "On a besoin qu’il soit à un niveau de pureté de plus de 99 %. Quand il arrive neuf, il passe quand même dans la boucle de distillation pour atteindre ce niveau qui est indispensable pour permettre la production d’une fibre de qualité", explique Élodie Pitois.
Deux millions de mètres cubes d’eau économisés par an
L’investissement réalisé par Kermel, qui a bénéficié de 200 000 euros de subvention de la Région Grand Est et 50 000 euros de la part de Colmar Agglomération ainsi que du soutien de l’Adira, va également limiter son impact sur le plan environnemental. "Les circuits de l’ancienne distillation étaient refroidis par eau ce qui nécessitait de pomper dans la nappe phréatique. Nous rejetions une eau qui n’était pas polluée mais à une température légèrement plus élevée que la température de pompage", souligne Elodie Pitois. À l’inverse, la nouvelle unité est refroidie par air à l’aide d’une installation adiabatique située sur le toit du bâtiment. "Nous réduisons notre consommation d’eau de 90 %, soit près de 2 millions de m3 par an".
Le marché des vêtements de protection en forte croissance
Avec sa fibre thermostable, labellisée Oeko-Tex, Kermel exporte 80 % de sa production sur le marché des vêtements de protection qui se trouve en forte croissance. Essentiellement en Amérique du Nord où Glen Raven, est son principal client. "Notre logique de développement passe aussi par une volonté et un engagement inébranlable de travailler avec la chaîne textile, précise Élodie Pitois. Pour développer de forts partenariats et renforcer notre empreinte géographique". Aussi bien aux États-Unis que dans les pays germanophones, et ce tout en continuant à travailler avec l’armée française.
