Finistère
Kerhis, éditeur de logiciels en pleine croissance
Finistère # Agroalimentaire

Kerhis, éditeur de logiciels en pleine croissance

S'abonner

Spécialisé sur les filières amont de l'agriculture, l'éditeur de logiciels professionnels Kerhis vise une croissance à deux chiffres d'ici 2020. Depuis son siège installé à Châteaulin, il emploie aujourd'hui 74 salariés et affiche un chiffre d’affaires consolidé de 6 millions d’euros en 2017.

— Photo : Pierre Gicquel

Spécialisé sur les filières amont de l'agriculture, Kerhis est l’un des rares éditeurs de logiciels professionnels en France à couvrir l'intégralité des filières animales et végétales. Mais dans une niche bien spécifique : « Nos clients sont exclusivement des groupements agricoles: des coopératives ou des sociétés de négoce et de l’agro-industrie. Notre atout majeur est notre connaissance du besoin et des particularités de chaque métier », résume Jo Dréau, à la barre de Kerhis depuis sa revente en 1999. À l’époque, elle comptait moins de 80 clients pour un chiffre d’affaires de 600 000 euros.

Aujourd’hui, elle emploie 74 salariés, et affiche un chiffre d’affaires consolidé de 6 millions d’euros en 2017 et un carnet de 300 clients. Depuis son siège installé face à la campagne de Châteaulin, bien loin de la Silicon Valley, elle espère compter une centaine de salariés et un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros en 2020.

Agriculteur développeur

« La société avait été fondée en 1986, dans le giron des coopératives porcines bretonnes. Dès la fin des années 1970, elles avaient essayé de créer leurs propres services informatiques. Il existait aussi des acteurs comme nous, régionaux et spécialisés sur une seule filière. Mais sans anticipation, à chaque évolution technologique, on arrive après la bataille », se rappelle celui qui avait débuté sa carrière comme agriculteur, avant de devenir directeur commercial chez Isagri, un des leaders de l’édition de logiciels de gestion agricole, basé à Beauvais. « À la fin des années 1990, Isagri passait de 10 à 300 salariés. La croissance d’entreprises est donc quelque chose que l’on savait faire et que l’on avait envie de faire. Avec Jean-Marie Savalle, dirigeant d’Isagri, nous avons donc racheté Kerhis ». L’entreprise s’est alors développée sur deux axes, en élargissant ses compétences à toutes les filières agricoles et son périmètre à toutes les fonctions utiles à la mise sur le marché de productions de l’agriculture: achat, gestion, logistique, planification, collecte de données et traçabilité.

Un progiciel avec une base unique

Pour y parvenir, il fallait se démarquer. « Si l’on regarde de loin, toutes les filières font à peu près le même métier, mais dans le détail, chaque coopérative a besoin d’outils différents ». Kerhis a donc développé un progiciel intégré qui est le même chez tous ses clients mais adaptable, par le paramétrage, à chaque cas de figure. « Cela permet de faire évoluer le progiciel progressivement, de manière indolore, sans avoir à réécrire du code à chaque nouveauté. Nous sommes les seuls sur notre marché à proposer une base de données unique et mise-à-jour sur tous les supports utilisables ».

Stratégie payante

Le bouche-à-oreille faisant son effet, la simplicité de l’outil a séduit d’autres filières. En 2010, Kerhis signait son premier contrat avec le marché de l’agro-industrie : « En gérant toute l’organisation de l’amont et la traçabilité en aval d’un abattoir, là, on s’est dit qu’on avait un rôle à jouer pour tous les acteurs, de la collecte à l’industrie, voire auprès de la grande distribution».

En 2013, Kerhis poursuivait sa croissance externe avec l’acquisition d’un éditeur de logiciels pour la gestion de couvoirs. Plus récemment, en octobre dernier, Kerhis vient de racheter Gicasa Informatique, un éditeur de logiciel du Val-de-Marne spécialisé dans l’approvisionnement céréalier.

Big data et analyse prédictive

En 2015, elle se lançait dans Domopig, un projet qui vise à interconnecter tous les appareils d’un élevage porcin. « Domopig permet de collecter des données plus fines voire prédictives. Il est déployé à ce jour sur une dizaine d’élevages pilotes et sera commercialisé début 2018 ». L’avenir pour Kerhis est donc tourné vers le big data : « Les coopératives ont besoin de savoir en direct ce qui se passe sur le terrain. Grâce à nos outils de planification de la production, nous permettons des économies d’échelle de plusieurs millions d’euros. Avec le prédictif, c’est un pas de plus pour la productivité ».

Investir dans la matière grise

L'équipe de Kerhis grandit à vue d'oeil: une dizaine d'embauches sont prévues chaque année jusqu'en 2025 — Photo : Kerhis

« Dans le monde du logiciel, la croissance est nécessaire afin d’amortir le coût de développement. Nous travaillons aujourd’hui sur des produits que nous commercialiserons dans trois ans ». C’est pour cela que Jo Dréau insiste sur un point : « Notre investissement premier se fait dans la matière grise ». De 2000 à 2015, Kerhis embauchait 4 à 5 personnes par an. « Pour 2020 à 2025, nous tablons sur dix embauches par an. Majoritairement des ingénieurs informatiques et agronomes». Douze postes sont en cours de création d’ici fin 2017. Il faudra même bientôt pousser les murs : en 2019, Kerhis déménagera « mais en restant à Châteaulin ».

Finistère # Agroalimentaire