Créée en 1993 et aujourd’hui basée à Carpentras, l’entreprise Kaoka (CA : 37 millions d’euros ; 17 collaborateurs), fabricant de chocolat bio, a développé une organisation spécifique, dans laquelle elle sous-traite la fabrication du chocolat sous toutes ses formes, mais où elle dispose de la main mise sur ses approvisionnements en nouant des partenariats équitables avec de petits producteurs de cacao en Équateur, en République dominicaine, au Pérou et dans l’île de Sao Tomé. "Nous avons toujours sous-traité notre production et, en 1999, nous nous sommes adossés au groupe Cémoi chez qui nous externalisions déjà la fabrication", rappelle Guy Deberdt, l’actuel dirigeant de l’entreprise créée par son père, André Deberdt.
Kaoka est aujourd’hui détenu à 51 % par Cémoi (CA groupe 2020 : 750 M€, 3 700 collaborateurs, basé à Perpignan dans les Pyrénées Orientales), dont elle est par ailleurs aujourd’hui le fournisseur en cacao bio. Le groupe apporte notamment à Kaoka la capacité financière de prendre en charge la production auprès des agriculteurs. "L’ensemble de nos approvisionnements représente une grande quantité de données. Jusqu’à l’année passée, nous ne disposions pas d’ERP, nous traitions tout cela manuellement", confie Guy Deberdt.
2 000 tonnes de chocolat bio par an
L’entreprise, qui souhaitait pouvoir répondre aux exigences de traçabilité pour assurer le suivi et l’authenticité des matières premières mais aussi optimiser la gestion des stocks, s’est ainsi lancée dans sa digitalisation en mars 2019, suite à un appel d’offres remporté par les sociétés Divalto et PG2i. Cette dernière a assuré l’intégration de la totalité des données clés de l’entreprise dans le système d’information : 300 références produits, 300 fiches clients, 50 fiches fournisseurs et 100 fois plus de fiches producteurs. Toutes ces informations peuvent maintenant être consultées et mises à jour en temps réel.
"Notre activité a des spécificités. Ainsi, nous vendons nos fèves de cacao à Cémoi, qui les transforme et nous lui rachetons le produit fini. Nous devons toutefois toujours connaître le volume de cacao qui nous appartient in fine dans le process". Chaque année, Kaoka distribue près de 2 000 tonnes de chocolat bio qu’elle vend pour moitié sous forme de tablettes dans l’ensemble (près de 3 000 points de vente) du réseau des magasins bio (à l’exception de l’enseigne La vie claire), et pour moitié auprès des professionnels, dans l’industrie agroalimentaire ou auprès des artisans boulangers-pâtissiers-chocolatiers, qui vont incorporer le chocolat de Kaoka à leurs préparations.
Pour y parvenir, Kaoka a choisi depuis son origine d’intégrer l’ensemble de la filière. L’entreprise collabore ainsi avec près de 5 000 producteurs, en Amérique du Sud et en Afrique, sur plus de 15 000 hectares de plantations certifiées.
Fin 2021, l’entreprise s’est engagée dans un projet ambitieux en partenariat avec le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) afin de travailler sur la conservation et la régénération des écosystèmes et la promotion de l’agroécologie au sein des filières cacao, parfois décriées pour leur rôle dans la déforestation. Une opération qui représente un budget de 8,97 millions d’euros sur quatre ans pour laquelle l’État apportera 2,65 millions d’euros et Kaoka, 2 millions d’euros, le reste venant de différents partenaires du monde de la recherche. L'opération qui va se déployer en Équateur, au Pérou et en Colombie. "Nous allons contribuer à la lutte contre la déforestation importée en expérimentant une culture de cacao en agroforesterie", conclut Guy Deberdt.
