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Impression 3D : Le Finistère dans la course ?
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Impression 3D : Le Finistère dans la course ?

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L'impression 3D est en train de révolutionner de nombreux domaines, et notamment certains secteurs de l'industrie. Si quelques Finistériens s'y intéressent de longue date, d'autres viennent de s'en emparer et espèrent bien profiter de la vague.

Photo : CC BY 2.0 - Luke Jones

À la Forêt-Fouesnant, Actuaplast (env. 100 salariés ; 13M€ de CA), spécialisée dans la plasturgie, est un acteur incontournable de l'impression 3D dans le Finistère. Ronan Perénnou, son directeur, met tout de suite les choses au clair : « Je vois arriver cette technologie depuis une vingtaine d'années. Pour moi, l'impression 3D est davantage orientée grand public : je préfère parler de prototypage rapide, et cette activité représente 50 % de notre CA. Pour donner un ordre d'idée, on vient de rentrer une machine dédie à cette activité qui nous a coûté 800.000€. 70 % de nos clients sont des équipementiers de l'industrie automobile, le reste étant diffusé entre aéronautique, électronique ou encore cosmétique. Le prototypage rapide nous permet de capter des affaires dès le stade de l'étude ».




« Le Finistère reste le parent pauvre »

Une stratégie qui paie : il vient d'ouvrir une filiale américaine à Détroit, qui emploie 10 salariés et vient de clôturer son premier exercice à 1,2 million de dollars. « La France n'est pas en retard, mais le Finistère reste le parent pauvre. Aux États-Unis, c'est un domaine qui perce dix fois plus vite qu'en France ! », analyse-t-il. S'ils ne sont pas implantés depuis aussi longtemps, Stéphane Philippe et Arthur Wolf ont eux aussi su tirer leur épingle du jeu. En 2014, ils ont créé Robotseeds, jeune start-up brestoise spécialisée dans la conception de cartes électroniques permettant notamment de piloter les imprimantes 3D. Depuis, les affaires vont plutôt bien pour les deux Brestois. « Nous sommes désormais leaders sur le marché pour tout ce qui est prototypes de nouvelles machines à commandes numériques open source, et particulièrement les imprimantes 3D qui bénéficient d'une forte communauté à travers le monde. Nous faisons 80 % de notre chiffre d'affaires à l'international, dont 30% au grand export. Le reste, c'est 20% en France, et 46% dans le reste de l'UE. Par ailleurs, la R&D fait partie de nos gênes, et nous sommes en train de travailler sur plusieurs prototypes de machines de grande envergure, capables d'imprimer en céramique. On travaille aussi sur de nouvelles générations de machines capables de combiner plusieurs process, dont l'impression 3D. Mais au niveau de nos ventes, nous n'avons encore que très peu de clients dans le Finistère, je dirais à peine 0.1%, et ce sont principalement des Fablab ».




« Un domaine qui se développe doucement... »
Alors, le Finistère est-il si en retard que cela ? « C'est un domaine qui se développe doucement dans le département, mais qui se développe indéniablement », estime Jean-Baptiste Charrier, le directeur du Centre de Ressources Techniques de Morlaix, spécialisé dans l'étalonnage et l'expertise tridimensionnelle. « Nos clients vont de la TPE/PME aux très grands groupes industriels ou de Défense. Si la partie impression 3D reste encore marginale, - de l'ordre de 1 % de notre volume d'affaires -, il faut souligner qu'il y a encore deux ans, c'était 0 % », explique le directeur de la structure, qui emploie 10 salariés et génère un chiffre d'affaires de 600.000€ par an. Une fois modélisés à partir d'un logiciel, d'un scanner ou d'un appareil photo spécifique, le CRT envoie régulièrement ses fichiers à des entreprises spécialisées en impression 3D.

3DCAD, à Landerneau, est l'une d'elles. « Nous sommes opérationnels depuis un peu plus d'un an », explique Gérard Segalen, son directeur, qui a créé cette société en parallèle de son activité principale : les systèmes d'informations géographiques au sein de Gescad (4 salariés, 300.000€ de CA). « Le CA de l'activité impression 3D reste marginal, - de l'ordre de 50.000€ -, mais c'est intéressant de noter que quasiment à 100 % de nos clients sont des professionnels, alors que l'on visait davantage les particuliers ».




« Il y a encore beaucoup de vulgarisation à faire »
« Nous avons des projets en cours avec Ifremer, DCNS, Bigard, ou encore des architectes ou des laboratoires pharmaceutiques. Les commandes viennent des quatre coins de la France ! », se félicite-t-il.

Son atout ? « Nous sommes les seuls en Bretagne à proposer des impressions 3D en quadri couleur », insiste celui qui a investi de l'ordre de 40.000€ dans son imprimante. « Depuis deux ou trois mois, on sent vraiment que la demande est plus pressante : les gens se renseignent davantage, mais il y a encore beaucoup de vulgarisation à faire », analyse-t-il. « Il faut aussi souligner que ce n'est pas l'impression qui compte, c'est bien la modélisation ! C'est un vrai métier de créer des fichiers de modélisation propres ».




« Le vrai pouvoir, c'est la créativité autour ! »

Un avis amplement partagé par David Pliquet, qui a créé E-mage-in-3D en 2013 à Camaret. « Nous avons commencé à faire de l'impression 3D en tant que prestataires, mais nous sommes désormais davantage un bureau d'étude. L'impression 3D représente aujourd'hui 60 % de notre CA. Notre stratégie fait que c'est bien souvent nous qui déclenchons la demande, et on se rend bien compte que le vrai pouvoir de cette technologie, c'est la créativité qui va autour, les bureaux d'étude, etc. ». À Fouesnant, Cédric Larvol, qui vient tout juste d'entrer dans la course, partage lui aussi cet avis. Il y a trois mois, il a créé Alternative Méca, une PME spécialisée dans le prototypage pour les entreprises locales, et particulièrement des pièces pour faire des essais de calibrage avant usinage. « Je fais bien plus de chiffre sur la partie étude que sur la partie impression : redessiner les pièces, les améliorer reprendre les données du client qui ne sont pas forcément adaptées au format 3D... », confie celui qui a investi 140.000€ dans son entreprise et s'intéresse désormais de près à l'impression 3D en métal.

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