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Ielo veut créer une paille d’isolation pour le bâtiment
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Ielo veut créer une paille d’isolation pour le bâtiment

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Discrète, la SCIC Ielo, née dans la Vienne en mars 2021, développe une nouvelle filière d’isolation du bâtiment à partir de paille hachée. Son directeur général évoque ce modèle, engagé à maintenir un revenu fixe pour les agriculteurs et à devenir l’un des matériaux d’isolation de demain.

Ielo est une coopérative de 38 sociétaires visant la fabrication et la commercialisation d’une paille hachée servant d’isolant dans le bâtiment — Photo : Ielo

La société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) Ielo est engagée à plus d’un titre. En premier lieu, son schéma juridique et sa stratégie de développement sont avant tout pensés pour les agriculteurs qui lui fournissent sa matière première : de la paille hachée destinée à l’isolation des bâtiments.

Objectif fin 2023

Elle regroupe aujourd’hui 36 sociétaires dont 13 fondateurs parmi lesquels des agriculteurs, des architectes ou des constructeurs. Leur objectif : massifier l’offre de cet isolant écologique, "100 % compostable, sans additifs et très efficace pour protéger de la chaleur en été", indique le porte-parole.

"Nous étions convaincus qu’il fallait un modèle coopératif car nous avions besoin de tous les acteurs de la chaîne de valeur", assure Nicolas Rabuel. Ainsi, la société compte être un important relais technique et commercial entre les agriculteurs de la société Brin d’Or, elle-même filiale de la coopérative agricole La Tricherie, et les futurs clients. Brin d’Or va investir 1,3 million d’euros dans une usine pilote, basée à Bonneuil-Matours (Vienne) sur la friche d’une ancienne usine de bois lamellé, pour transformer 10 000 à 15 000 tonnes annuelles de paille en isolant. "La ligne sera opérationnelle en fin d’année. Ensuite nous aurons quelques mois de réglage et des tests en laboratoire pour certifier la production avant une mise sur le marché espérée pour fin 2023", prévoit Nicolas Rabuel.

La construction bois comme premier marché

Si la coopérative gère la production, Ielo l’accompagne sur le cahier des charges, passe les contrats avec les industriels qui fournissent l’outil de production et financent les tests en laboratoire. Surtout, c’est elle qui vendra le produit transformé et normé, promettant une garantie de revenus aux agriculteurs via des contrats d’achat à prix fixe. "La marge représentera les coûts induits par les certifications et les essais. Pour nous, l’investissement technique représente 1,3 millions d’euros sur trois ans". Comptant sur une économie d’échelle pour absorber ses coûts, Ielo espère dupliquer le modèle ailleurs en France. "Seuls les professionnels formés et certifiés par Ielo pourront acheter notre paille hachée. Notre premier marché sera la construction bois, nous irons progressivement vers des marchés plus conventionnels".

Vers d’autres gisements

Face à des règles de performance environnementale durcies par la RE2020, Ielo espère s’imposer comme une alternative. "Nous sommes structurés pour pouvoir évoluer assez vite et représenter 10 % du marché de l’isolation dans une dizaine d’années", ambitionne Nicolas Rabuel. Pour ce faire, il envisage de dupliquer son modèle coopératif "sur des bassins céréaliers ayant de la paille en excédent, proches des grandes agglomérations et des acteurs du bâtiment".

Ielo espère un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros en 2025 et 30 à 40 millions d’euros en 2030, le tout "redistribué aux agriculteurs ou investi pour faire baisser le prix d’achat des constructeurs et développer la recherche. Nous souhaitons notamment améliorer les machines ou trouver d’autres modes de distribution, comme le vrac". S’il reste encore beaucoup de freins à lever, la démarche est soutenue par la Région à hauteur de 363 675 euros et son ambition n’a rien d’un feu de paille.

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