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Hugo Spiess (Prosoon) : "Notre objectif est de lutter contre la falsification des diplômes et des compétences"
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Hugo Spiess fondateur de Prosoon "Notre objectif est de lutter contre la falsification des diplômes et des compétences"

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La start-up strasbourgeoise Prosoon permet aux écoles, associations et entreprises de délivrer des certifications de compétences à l’aide de la technologie blockchain. L’entreprise, dirigée par Hugo Spiess, a trois objectifs : lutter contre la falsification des diplômes, permettre la valorisation des expériences personnelles et professionnelles, et résoudre les discriminations à l’embauche.

Hugo Spiess, fondateur et PDG de Prosoon, qui permet de délivrer des certifications de compétences à l’aide de la technologie blockchain — Photo : Prosoon

La première version de l’application que développe Prosoon, qui permet aux écoles, associations et entreprises de délivrer des certifications de compétences authentifiées grâce à la blockchain, est disponible depuis janvier 2023. Pourquoi utiliser la technologie blockchain pour ces certifications ?

Aujourd’hui, obtenir un faux diplôme de Stanford coûte environ 100 $ sur Internet. Avec un minimum de connaissance des outils, il est possible de falsifier n’importe quel parchemin. La technologie blockchain vient répondre à ça. Lorsqu’une transaction est réalisée grâce à cette technologie, elle est inscrite dans un registre numérique décentralisé dont il est impossible de modifier, de falsifier ou d’effacer le contenu. C’est une technologie au service de la preuve, pour mettre de la confiance là où il n’y en a pas.

Quel est l’intérêt de cette certification pour les recruteurs ?

C’est tout d’abord un gain de temps. Si une personne se présente avec un diplôme certifié par Prosoon, le recruteur n’a pas besoin de vérifier cet antécédent, vu qu’il est infalsifiable grâce à la blockchain. De plus, lorsqu’un bénéficiaire reçoit le lien vers son diplôme certifié, ce dernier est totalement anonymisé. Ainsi, l’identité de cette personne est préservée lorsqu’un recruteur clique sur sa certification. De cette façon, ce dernier s’engage dans une démarche de lutte contre la discrimination à l’embauche, tout en étant assuré des compétences du bénéficiaire des certifications. La promesse de Prosoon, c’est de permettre à chacun, sur la base de la méritocratie, de se rendre en entretien quelle que soit sa couleur de peau, son adresse, son sexe, son âge…

Quelle est la place des entreprises dans le projet de Prosoon ?

Elles occupent une place très importante. Dès l’année prochaine, Prosoon va proposer une interface de l’application pour les entreprises qui recrutent. L’objectif est de développer une forme de solution de recrutement, afin de créer une adéquation entre les compétences des bénéficiaires de Prosoon disponibles sur le marché de l’emploi et les besoins des sociétés. Cela permet de construire des ponts entre le monde socio-économique et les écoles. Et bien évidemment, ce sont aussi des clients potentiels pour "micro-certifier" les compétences de leurs salariés au sein même de l’entreprise.

Quel est le but de "micro-certifier" la compétence d’un salarié ?

Les micro-certifications des compétences permettent la mise en valeur des spécificités de chacun, de valoriser les expériences personnelles et professionnelles. C’est pour cela que Prosoon ne s’adresse pas uniquement aux écoles mais aussi à des associations et des entreprises. Dans ce cas, cela permet à un salarié d’être récompensé et d’obtenir la preuve qu’il a participé à un projet, un séminaire ou un hackathon, par exemple.

Quelles sont les prochaines étapes pour Prosoon, qui est actuellement incubée chez Semia et soutenue par la région Grand Est, Bpifrance et l’association Réseau Entreprendre Alsace ?

Prosoon a pour vocation de devenir le spécialiste de la certification tournée vers l’emploi et dédiée à la compétence. Un objectif à long terme est de faire grandir l’entreprise pour atteindre les 10 salariés en dix ans. Mais le premier objectif à court terme est d’atteindre les 200 clients d’ici décembre 2024, c’est-à-dire multiplier par dix le nombre de nos clients actuels. Parmi ces nouveaux clients, nous recherchons principalement des entreprises et des recruteurs. L’entreprise alsacienne spécialiste des ressources humaines Link Group travaille déjà avec nous. Nous sommes aussi dans des discussions assez avancées avec L’Oréal. Pour nous, il y a un vrai enjeu de commercialisation mais aussi d’internationalisation de la start-up dans les deux années à venir.

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