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Grâce à une astucieuse gestion de ses stocks, Gys est en très forte croissance et investit massivement
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Grâce à une astucieuse gestion de ses stocks, Gys est en très forte croissance et investit massivement

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Le fabricant d’équipements de soudage, de chargeurs de batterie et de systèmes de réparation de carrosserie Gys a connu une forte croissance, grâce notamment à une bonne gestion de ses stocks. L’entreprise mayennaise compte poursuivre sur sa lancée en multipliant les investissements près de Laval et à l’international.

À Saint-Berthevin, Gys a construit 6 000 m² de locaux neufs pour agrandir son site de production — Photo : Gys

Fabricant de postes à souder et de chargeurs de batteries, Gys affiche une croissance de start-up. L’ETI mayennaise de 880 salariés a réalisé un chiffre d’affaires de 125 millions d’euros en 2021, dont les deux tiers à l’international. C’est 27 % de plus qu’en 2020 (98 M€ de CA).

La forte croissance du chiffre d’affaires tient à deux explications, avance le PDG Bruno Bouygues. D’abord une inflation importante de 12 à 13 % qui a pu être en partie répercutée sur les tarifs. Comment ? C’est la deuxième raison : "On était un des seuls à pouvoir livrer. Nous avions fait le pari d’acheter énormément de composants électroniques en 2020". Quand la crise des composants est arrivée, "on a pu livrer nos clients dans des temps très courts, moins de 36 heures, quand les confrères européens livraient avec des délais de six à dix semaines". Conséquence, "on a gagné des parts de marché", explique Bruno Bouygues. Les postes de soudure, les équipements servant à l’entretien des batteries (chargeurs, câbles...) et à la réparation des carrosseries sont destinés au marché automobile, au BTP et à l'industrie.

Un deuxième entrepôt en Mayenne

Bruno Bouygues a eu du flair. Il a surtout retenu la leçon : "Avec la crise de 2008-2009, je m’étais dit que le jour où on retrouverait des résultats, on constituerait des stocks. Les exercices 2017 et 2018 ont été bons, on a mis de l’argent de côté pour construire un centre logistique de 10 000 m² à Changé, au nord de Laval. Fin 2019, le bâtiment commençait à se remplir. Avec le Covid, début 2020, la demande mondiale s’est arrêtée et les fournisseurs se sont retrouvés avec des stocks colossaux. Nous, on avait des entrepôts…" qui ont été remplis. Et quand ensuite, la demande est repartie entraînant des ruptures d’approvisionnement, Gys était à l’abri, avec cinquante semaines de stock de composants électroniques (40 à 80 semaines selon les composants). La pénurie de composants perdurant, l'entreprise commence à être impactée cette année.

Toutefois, l'activité est telle que Gys va s'agrandir. Elle construit une deuxième tranche sur ce site mayennais, qui s’apprête à accueillir 10 000 m² d’entrepôts supplémentaires. Le premier coup de pioche a été donné fin janvier, pour une livraison attendue en fin d’année. Un investissement de 6 millions d’euros.

Le terrain de 29 000 m² pourra encore accueillir un dernier bâtiment de production, dont la mise en chantier est envisagée en 2023. Si le marché se maintient.

Un troisième site en projet à Laval

À Saint-Berthevin, au sud de Laval, Gys a aussi beaucoup investi pour agrandir son site historique, qui s’étendait sur 25 000 m². Une réorganisation importante touche à sa fin, elle a été menée depuis 2020. Un bâtiment de 6 000 m² a été construit, pour accueillir des activités d’assemblage. S’y ajoutent 1 800 m² d’un ancien entrepôt de stockage reconverti pour la production (le stock ayant été transféré à Changé). Cela porte à près de 33 000 m² la surface totale dédiée à la production. Là aussi, l’investissement a été de plus de 6 millions d’euros. Par ailleurs, l’entreprise lance des travaux d’extension de son service R & D, afin de faire passer ses effectifs de 85 à 120 personnes. Ces grandes manœuvres ne suffiront peut-être pas, prévoit le dirigeant mayennais : des discussions démarrent avec Laval Agglomération afin de repérer un troisième site, "pour préparer l’après-2023".

Rassemblant 650 salariés dans ses deux sites de l’agglomération lavalloise, Gys emploie aussi 230 personnes à l’étranger (120 dans l’usine chinoise de Shanghai et 110 dans les quatre filiales en Europe). Et à l’international, l’entreprise reprise par le père de Bruno Bouygues au tribunal de commerce pour un franc symbolique en 1998 (elle employait alors une quarantaine de salariés) multiplie aussi les investissements.

Vent porteur à l’international

Gys va ainsi installer son quartier général pour l’Europe, en Italie, où elle a créé sa filiale il y a cinq ans. Pour cela, l’entreprise a acheté un bâtiment qu’elle va rénover, près de Venise. Un an de travaux, 4 millions d’euros d’investissement. L’objectif est d’y employer une quarantaine de collaborateurs (contre 18 actuellement). Les filiales de distribution connaissent une forte croissance avec des dépôts de permis de construire en Allemagne et en Grande-Bretagne, tandis que la filiale madrilène est en cours de création.

En Chine, se trouve la deuxième usine du groupe, on y fabrique aussi bien des postes à souder que des chargeurs de batterie. Jusqu’à présent, cet atelier déporté envoie 80 % de sa production en France, mais les cartes vont être rebattues, pour répondre à la demande du marché chinois. "Il y a un potentiel sur tous nos métiers. La Chine est le premier marché automobile mondial. Et on est leader technique mondial en soudage pour l’automobile…", analyse Bruno Bouygues. "On va rapatrier certaines productions". En 2025, un tiers de la production sera destiné au marché chinois, un autre tiers à l’Asie, et un tiers pour la France.

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