Frédéric Carteret (MMC) : "Il nous faut trouver de la croissance en dehors de la maison individuelle"
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Frédéric Carteret PDG du groupe MMC "Il nous faut trouver de la croissance en dehors de la maison individuelle"

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Face à l'effondrement du marché de la maison individuelle, le groupe de construction toulousain MMC poursuit ses efforts de diversification entamés en 2022. Alors qu'il anticipe une baisse de 12 % de son chiffre d'affaires, il mise notamment sur sa filiale lot-et-garonnaise Ima Bois pour limiter sa dépendance au neuf et accélérer son offre d'extensions, surélévations et rénovations.

Frédéric Carteret, PDG du groupe MMC — Photo : F.Amaroli

Quel regard portez-vous sur la crise de l’immobilier et comment impacte-t-elle le constructeur MMC (140 salariés, 34 M€ de CA) ?

Il y a une intention politique de reconstruire la ville sur la ville au sein de laquelle la maison individuelle n’est pas la bienvenue. L’aspect environnemental rentre de plus en plus en compte et il y a une volonté accrue de travailler en préfabrication hors site. Le groupe est aujourd’hui en mesure de répondre à l’ensemble de ces attentes.

Notre activité sur la maison individuelle, qui représentait, il y a quelques années, plus de 80 % de notre chiffre d’affaires, a baissé à environ 50 % cette année. En termes de ventes, elle perd 45 % avec la crise. Les mises en chantier sont extrêmement ralenties. En 2024, nous estimons que le chiffre d’affaires du groupe baissera d’environ 12 %. Il nous faut donc trouver de la croissance ailleurs.

Par exemple en développant un service d’extension à destination des particuliers, des collectivités et acteurs privés ?

Ce service est en place depuis environ quatre ans. La force commerciale d’Ami Bois (navire amiral de MMC dédié à la maison individuelle, NDLR) développe ces sujets et nous les accompagnons pour l’accélérer, notamment en diversifiant nos profils de commerciaux. Nous en avons recruté 7 en 2023. Nous disposons aussi de conducteurs de travaux spécialisés et d’équipes de sous-traitance dédiée.

Notre usine de Marmande Ima Bois (5 M€ de CA, 20 salariés), qui fabrique des murs, planchers et charpentes, se charge de l'industrialisation. L’an dernier, nous avons réalisé une cinquantaine de projets de ce type sur l’ensemble de nos agences. Demain, nous souhaiterions en faire 100 à 150 par an sur l’ensemble des territoires où nous sommes présents, c'est-à-dire dans les régions Centre, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine.

La demande générale augmente constamment depuis quatre ans, mais ce n’est pas lié à la conjoncture. Je pense que le marché n’est pas encore mature mais qu’il se développe, au gré de la prise de conscience que le foncier est trop cher.

Vous avez choisi en 2022 de diversifier votre activité vers le public. La période vous conforte-t-elle dans ce choix et comment espérez vous le pérenniser ?

Nous avons souhaité nous diversifier vers le public en nous servant d’Ima Bois, qui travaillait avant cela quasi exclusivement pour le constructeur Ami Bois. Cela a été un pari gagnant sur l’année 2023 puisqu’Ima Bois a connu une forte augmentation de son volume de production (de 25 à 40 000 m2). Nous souhaitons pérenniser cette stratégie et sommes de plus en plus sollicités pour du non résidentiel, notamment pour des façades ossatures bois préfabriquées, produit de plus en plus demandé par les bailleurs sociaux.

Dans les trois années à venir, l’ambition du groupe est de travailler sur trois pieds distincts : le marché du neuf de la maison individuelle ou en bande (en lotissement ou mitoyennes, NDLR), qui devrait représenter au maximum 30 à 35 % de notre chiffre d’affaires, les activités d’extension, de rénovation et de surélévation 30 % et 30 à 35 % pour la partie industrielle avec Ima Bois et le constructeur de charpentes Goacolou (2,5 M€ de CA, 17 salariés), tous deux en Lot-et-Garonne.

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