Vendée
Franck Chadeau (Campings Chadotel) : « On attend beaucoup de l'arrière-saison »
Interview Vendée # Tourisme

Franck Chadeau président de la fédération vendéenne de l'hôtellerie de plein air Franck Chadeau (Campings Chadotel) : « On attend beaucoup de l'arrière-saison »

S'abonner

Les campings vont pouvoir rouvrir le 2 juin et la barrière des 100 kilomètres tombe. En Vendée, où le tourisme est le premier secteur économique, ces annonces du Premier ministre sont vécues comme un « grand soulagement ». Franck Chadeau, président de la fédération départemental de l'hôtellerie de plein air, et gérant des campings Chadotel fait le point sur la situation d'un secteur qui a déjà perdu plusieurs mois de chiffre d'affaires du fait de l'épidémie de Covid-19.

— Photo : Franck Chadeau

Quelles sont les perspectives pour le tourisme en Vendée, à la suite des annonces du Premier ministre, Édouard Philippe, le 28 mai ?

Franck Chadeau : C’est un grand soulagement, les campings peuvent rouvrir le 2 juin et la barrière des 100 km tombe. Tous les Français vont pouvoir venir séjourner où ils veulent en France. On en oublie presque que le plus dur reste à faire puisqu’il va falloir remplir les plannings, désormais.


Est-ce que les réservations sont reparties ?

Franck Chadeau : Depuis l’allocution du Premier ministre, annonçant que les Français allaient pouvoir partir en vacances cet été, les réservations sont reparties alors que nous n’en avions pas eu depuis deux mois. Ça a été un effet déclencheur. L’autre accélérateur, c’est donc l’ouverture des campings mais nous avons un tel retard au niveau des plannings, qu’il va falloir beaucoup d’appels.


Aujourd’hui, quel est le taux de remplissage des campings pour juillet – août ?

Franck Chadeau : Il est d’à peu près 50 %. Alors que d’habitude, à cette époque, les plannings sont bien fournis. Pendant les deux mois de confinement, nous n’avons géré que des annulations. Au début, elles concernaient les réservations du mois de mai, puis celles de juin et à la fin, les gens annulaient leur séjour même pour juillet et août. La saison touristique 2020 s’annonçait pourtant exceptionnelle. On sait d’ores et déjà qu’avec le manque à gagner du printemps, nous partons sur une baisse de chiffre d’affaires de 20 à 30 %.

Les campings sont-ils prêts à rouvrir dès le 2 juin ?

Franck Chadeau : Nous, le 2 juin à 8 heures, on ouvre. Nous attendions depuis très longtemps cette ouverture donc on ne peut pas se permettre d’attendre. Nous avons déjà travaillé sur des mesures sanitaires, donc nous sommes prêts à recevoir nos premiers clients. Même si nous savons que la saison va démarrer tranquillement.

Comment vous adaptez-vous pour assurer la sécurité des campeurs ?

Franck Chadeau : Nous avons de l’espace, nous sommes en plein air donc il n’y a aucun problème pour respecter la distanciation sociale. Il y aura des mesures mises en place avec des marquages au sol, un sens de circulation, du gel hydroalcoolique à chaque entrée d’espace commun et puis pour la piscine, le nombre de baigneurs sera sans doute limité. Mais les restrictions devraient s’assouplir dans le temps.

Dans quel état d’esprit se trouvent les professionnels du secteur ?

Franck Chadeau : Après sondage, 13 % des professionnels du tourisme se disaient très inquiets pour la réouverture, ils se demandaient si cela allait être possible, on risque une casse après la saison. Il ne faut pas se dire que la crise est passée, je pense que la crise est à venir. Cet hiver, nous aurons les premières conséquences de cette crise sanitaire. Il y a un risque de perdition pour nos professionnels. Aujourd’hui, nous avons reporté les charges, mais il va falloir les payer à un moment donné. Si on arrive à faire une saison satisfaisante, nous regarderons l’avenir avec sérénité, si a contrario, elle est mauvaise, cela risque d’être catastrophique.

Sans compter que depuis le début de la crise, on a interdit aux professionnels d’ouvrir. Les seuls autorisés à le faire au moment du déconfinement étaient les AirBnB et les modèles touristiques de l’ubérisation, sans aucun protocole sanitaire. Nous sommes encore les grands perdants.

La clientèle étrangère est-elle importante en Vendée ?

Franck Chadeau : Oui, elle représente environ 18 % des touristes dans le département. Cette année, cette clientèle devrait être quasiment absente. On espère qu’elle sera remplacée, au moins en partie, par la clientèle de proximité qui devrait, elle, se développer. Pour l’instant nous sommes optimistes, mais on marche sur des œufs.

Quel est l’impact de la crise sur l’emploi ?

Les saisonniers que nous avions l’habitude d’avoir en avril et en mai, n’ont pas été recrutés. Pour les autres, nous attendons de savoir comment cela va se passer en juin et quelles sont les perspectives pour juillet et août. Tous les contrats saisonniers qui n’ont pas été finalisés sont en attente. En Vendée, globalement, on compte 15 % de saisonniers en moins cette année.


Quelles sont les conséquences pour les territoires, comme les stations balnéaires des Sables d’Olonne ou de Saint-Jean-de-Monts qui vivent en grande partie du tourisme ?

Franck Chadeau : Au niveau départemental, le tourisme pèse 14 % du PIB. La Vendée est économiquement très dépendante du tourisme. Les collectivités aident les acteurs, maintenant il faut que les touristes soient au rendez-vous.

Vous misez beaucoup sur l’arrière-saison ?

Franck Chadeau : Nous ciblons la clientèle de proximité, ce que l’on souhaite c’est que les événements qui n’ont pas eu lieu en avant saison puissent avoir lieu en septembre, octobre et que cela s’étende jusqu’au Vendée Globe, le 8 novembre. Nos établissements seront ouverts et nous essayerons de créer des événements pour attirer les clients. Les gens ne sont pas partis en avant-saison donc on espère qu’ils auront envie de le faire après l’été. On attend beaucoup de cette arrière-saison.

Vendée # Tourisme