France Invest : « Nous débloquons 6 milliards d’euros pour accompagner les entreprises familiales »
Interview # Capital

Claire Chabrier vice-présidente de France Invest France Invest : « Nous débloquons 6 milliards d’euros pour accompagner les entreprises familiales »

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Claire Chabrier, directrice associée de Amundi Private Equity Funds et vice-présidente de l'association de capitaux-investisseurs France Invest, détaille le mécanisme de financement en fonds propres des entreprises familiales qui pourrait voir le jour d’ici à septembre 2020. Objectifs : aider ces PME et ETI malmenées par la crise à rembourser leurs dettes et retrouver la voie de la croissance.

— Photo : DR

Le Journal des Entreprises : L’association professionnelle du capital-investissement France Invest travaille avec le gouvernement et tous les acteurs de la place au déploiement d’un nouveau mécanisme d’aide pour les entreprises familiales malmenées par la crise. En quoi consiste ce dispositif ?

Claire Chabrier : Depuis le début de la pandémie, tous les fonds d’investissement adhérents de France Invest ont accompagné, dans une grande proximité, les entreprises dans lesquelles ils sont présents notamment pour en préserver immédiatement la trésorerie et les rendre éligibles aux prêts garantis par l’État (PGE). L’intérêt d’avoir un partenaire financier à ses côtés dans une telle période a ainsi été largement démontré. Dans les mois à venir les entreprises vont avoir besoin de renforcer leurs fonds propres. Celles qui sont déjà accompagnées par des fonds d’investissement n’auront pas de problème, les fonds joueront pleinement leur rôle. Mais les entreprises qui ne sont pas accompagnées par un acteur du capital-investissement, notamment les entreprises familiales, risquent d’avoir de sérieuses difficultés pour faire face à leurs besoins financiers. Elles devront en effet rembourser dans les 12 prochains mois ou dans les cinq ans les PGE contractés et seront ainsi freinées dans leur développement et leur capacité d’investissement. C’est pourquoi France Invest a pris l’initiative de leur venir en aide avec un dispositif d’aide adapté. Il s’agit de mettre en place un fonds de 6 milliards d’euros capable d’accompagner le retour à la croissance de ces entreprises dès l’automne et sur les 24 à 30 prochains mois. Les discussions sont en cours avec le gouvernement et nous espérons obtenir un feu vert d’ici fin juillet, au plus tard début septembre.

Concrètement, comment ce fonds sera-t-il mis en œuvre ?

Claire Chabrier : Ce fonds serait financé à hauteur de 5 milliards d’euros par les investisseurs institutionnels privés et publics et, pour 1 milliard d’euros, par les sociétés de gestion mandataires. Il y aurait entre 30 et 35 mandats de gestion nationaux et régionaux qui seraient attribués à ces sociétés pour déployer le dispositif sur l’ensemble du territoire. Les bénéficiaires : 2 000 à 2 500 PME et ETI familiales.

"Seront concernées des entreprises de plus de 20 salariés, anciennes ou de création récente, tous secteurs d’activité confondus"

Ces entreprises généralement méfiantes à l’égard des fonds d’investissement ne risquent-elles pas de bouder ce mécanisme ?

Claire Chabrier : Nous allons proposer un mode d’investissement non dilutif aux actionnaires familiaux confrontés, du fait de la crise, au problème de la valorisation de leur entreprise. Les investissements se feront donc à hauteur de 80 % sous forme d’obligations convertibles (OC) ou d’obligations remboursables en actions (ORA) pour ne pas pénaliser les dirigeants et ne pas donner le sentiment que les fonds profiteraient de la crise par opportunisme pour entrer au capital de ces entreprises. En outre, il s’agit non seulement d’apporter du capital mais également de partager un savoir-faire en matière de gouvernance et d’aider ces entreprises à relever les défis de la transition énergétique, environnementale et numérique.

Comment seront choisies les entreprises qui bénéficieront de ce fonds ?

Claire Chabrier : Les entreprises intéressées par ce dispositif devront avoir des besoins en fonds propres et démontrer leurs difficultés à rembourser leurs dettes. Elles devront également convaincre sur leur capacité de rebond. La sélection sera faite par les sociétés de gestion mandataires. Seront concernées des entreprises de plus de 20 salariés, anciennes ou de création récente, tous secteurs d’activité confondus. Le dispositif s’adressera également à des entreprises en difficulté pour mener à bien des opérations de retournement avec l’aide de fonds spécialisés.

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