Saint-Nazaire
Florence Olivier (Airbus) : "Dans l’aéronautique, nous avons la culture de l’apprentissage"
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"Dans l’aéronautique, nous avons la culture de l’apprentissage"

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Florence Olivier est la nouvelle directrice du site Airbus Atlantic de Saint-Nazaire, première femme à piloter l’un des sites industriels d’Airbus, en France. Alors que les cadences de production de la famille Airbus montent en flèche, elle annonce une centaine de recrutements sur ce site de fabrication de pièces pour les avions.

Ingénieure en soudage, Nazairienne, Florence Olivier est la nouvelle directrice de l’usine Airbus Atlantic, à Saint-Nazaire. Ici, devant un panneau de fuselage — Photo : David Pouilloux

Vous êtes la nouvelle patronne du site industriel d’Airbus Atlantic, à Saint-Nazaire. Quel est votre parcours, jusqu’à votre nomination ?

J’ai aujourd’hui 49 ans. Je suis née à Saint-Nazaire et j’ai suivi des études d’ingénieur à La Roche-sur-Yon, puis à Nantes. Je suis ingénieure matériaux spécialisée en soudage. Au début de ma carrière, j’ai travaillé notamment chez un sous-traitant du monde automobile, Autoliv, puis à la SNPE, entre Quimper et Brest. Début 2000, j’ai fait le choix de revenir dans la région pour regroupement familial, mon mari travaillant à Nantes. Airbus aérospatiale, à ce moment-là, cherchait à féminiser ses effectifs, et j’ai passé 7 ans dans l’usine de Montoir-de-Bretagne. Désormais, je dirige le site de Saint-Nazaire, où j’ai passé une partie de ma carrière également. C’est un site qui me tient à cœur.

Le groupe Airbus possède de nombreuses usines. Quel est le savoir-faire de celle que vous pilotez à Saint-Nazaire ?

Le cœur de notre métier, c’est la transformation de la matière. Principalement l’aluminium et le titane. Ici, c’est un site de fabrication de pièces pour les avions, pas un site d’assemblage. D’abord, nous concevons des pièces d’encadrement de la verrière du cockpit, des panneaux du fuselage de l’avion et les rails sur lesquels les sièges sont fixés. De l’autre, nous fabriquons la tuyauterie qui sert à la circulation des fluides : air, eau, eaux usées, oxygène, carburant, etc. Nous avons également notre atelier fil rouge, une unité de production de pièces sur-mesure, des pièces complexes qu’il faut fabriquer rapidement, parfois en 48 heures, notamment pour la réparation. Notre PDG appelle cette unité "nos forces spéciales", car elles sont mobilisables très rapidement et ont une très forte technicité. Ma feuille de route consiste à confirmer le site comme centre d’excellence de la pièce élémentaire et de préparer aux challenges du futur.

Quel est l’effectif de cette usine et qui sont vos clients ?

Notre site s’étend sur 16 hectares. Les effectifs sont aujourd’hui de 900 salariés, dont environ 500 compagnons. Nos autres salariés appartiennent aux fonctions supports et au bureau d’études. Une petite centaine de recrutements sont prévus dans les 12 mois, afin d’augmenter nos cadences de production pour répondre au carnet de commandes significatif d’Airbus, notamment pour les A 320, A 330 et A 350. Notre principal client est bien sûr Airbus, à travers l’usine de Montoir-de-Bretagne où nos pièces sont assemblées. Mais nous avons d’autres clients : Bombardier, Flacon, Embraer ou ATR.

Avez-vous des problèmes pour recruter ?

Nous sommes dans une région qui est proche du plein-emploi. Il faut donc aller vers les candidats et essayer de les attirer vers l’industrie, notamment les jeunes et les femmes. Nous devons ouvrir nos portes et dépoussiérer cette image de l’usine. Aujourd’hui, les femmes représentent 15 % de nos effectifs, et nous souhaitons faire mieux, c’est une véritable volonté de notre part, car nous considérons que c’est un vivier important pour nos recrutements. Il n’y a aucune raison que les femmes ne puissent pas aller sur nos métiers. Nous acceptons également les profils atypiques, et nous les formons. Nous avons recruté récemment une femme fonctionnaire, et maintenant elle est opératrice de commande numérique. Nous recrutons volontiers des personnes en reconversion professionnelle. Dans l’aéronautique, nous avons la culture de l’apprentissage.

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