Comment entreprises et enseignement supérieur travaillent main dans la main
Enquête # Organismes de formation

Comment entreprises et enseignement supérieur travaillent main dans la main

S'abonner

En France, 675 000 nouveaux bacheliers vont entamer, pour la très grande majorité, des études en cette rentrée 2018. Un vivier pour les entreprises locales qui tissent des liens toujours plus étroits avec les universités.

Outre une université et des formations supérieures, Le Mans accueille deux écoles d'ingénieurs — Photo : Cédric Menuet - Le Journal des entreprises

« Autrefois on travaillait un peu chacun de son côté, c’est bel et bien terminé ! » Eric Grelier, président de la CCI de Maine-et-Loire, se réjouit des liens croissants entre enseignement supérieur et entreprises : « On n’attend plus d’avoir terminé ses études pour découvrir le monde du travail. C’est essentiel et les entreprises sont demandeuses. Nous travaillons aussi de plus en plus ensemble pour développer des filières et bâtir des formations, à l’exemple du campus de la Gastronomie, imaginé par l’Université, l’Ecole Supérieure d’Agriculture et la CCI. »

Intervenants professionnels, stages et apprentissage

Angers comme le Mans ont un vivier important d’étudiants, en écoles d’ingénieurs, université ou établissements supérieurs. Et beaucoup d’entre eux connaissent localement leur première expérience de l’entreprise. « L’enseignement supérieur a aussi pour mission de préparer à l’emploi, rappelle Christian Roblédo, président de l’université d’Angers et de l’association Angers Loire Campus, qui regroupe les universités et les 7 écoles d’ingénieurs angevines, soit 40 000 étudiants. Beaucoup de formations comptent des professionnels dans leurs intervenants et on va souvent les chercher dans les entreprises locales. Des formations se font aussi en apprentissage, et les étudiants partagent alors leur temps entre études et entreprise. »

L’ESEO à Angers, Ecole Supérieure et d’Electronique de l’Ouest, accueille 1 300 étudiants et a ouvert une formation d’ingénieurs généralistes par apprentissage en janvier dernier, comme le propose l’Ismans, au Mans, qui prépare à la mécanique et au calcul de structure, avec des débouchés dans l’aéronautique, et au génie mécanique et industriel. « Cela permet une meilleure intégration dans les entreprises, assure David Dupas, le directeur de l’Ismans. Durant leur cursus, nos étudiants ont aussi des stages en entreprise allant jusqu’à 6 mois. »

Durant son cursus, rare en effet est aujourd’hui l’étudiant qui n’effectue pas un ou plusieurs stages. « Ces nouvelles formations en alternance attirent aussi de nouveaux publics, et permettent de nouvelles collaborations avec les entreprises », complète Olivier Biencourt, président de Le Mans Technopole.

Une majorité d’étudiant quittent la région, comme ce peut être le cas pour les ingénieurs diplômés de l’Istams, qui intègrent de grands groupes tels Airbus — Photo : Airbus

Projets collaboratifs, programmes de recherche et doctorats

Ces collaborations, Christophe Angot, directeur d’Angers Technopole, les constate aussi, et sa structure encourage les liens entre le monde universitaire et le tissu économique local, à travers l’alternance ou les stages, comme le fait Technisem, mais aussi sur des projets collaboratifs ou des programmes de recherche : « Les stages de master ou d’ingénieur sont souvent, pour les PME, l’occasion d’ancrer les problématiques de recherche et d’installer peu à peu les idées de R&D et d’innovation, quand elles n’ont pas toujours les outils pour le faire. Elles vont alors chercher les compétences dans les écoles et les universités. »

« Les écoles d'ingénieurs ont un rôle essentiel à jouer dans l’anticipation de l’avenir de l’industrie. »

« Les écoles d’ingénieurs sont là pour répondre à un besoin de compétences précises pour les entreprises, complète David Dupas. Elles ont un rôle essentiel à jouer dans l’anticipation de l’avenir de l’industrie. » Ce qui est vrai pour les écoles d’ingénieur l’est tout autant pour les universités et l’enseignement supérieur en général, et parfois dans des domaines assez inattendus : la maison de vins saumuroise Ackermann accueille un doctorant… en histoire, préparant sa thèse à partir des archives de la société, qui s’en servira dans sa stratégie de communication. Existent aussi de nombreux programmes de recherche co-financés par des entreprises locales, et certains laboratoires universitaires sont également sollicités pour travailler sur des problématiques propres à des entreprises locales.

La porte du premier emploi ?

Souvent, un stage ou une collaboration peuvent conduire au premier emploi dans une entreprise. « Nous accueillons régulièrement des stagiaires et leur faisons passer un véritable entretien, pour connaitre leur aptitude à nous rejoindre, témoigne Michel Houdou, président d’OEM à Angers, spécialiste de l’électronique. Nous en avons embauché certains et c’est l’occasion pour eux de mener un projet à son terme, ce qui n’est pas toujours possible sur la durée d’un stage. »

« Tous ces étudiants deviennent ensuite ambassadeurs du territoire, qu'ils y fassent leur vie ou non. »

Malgré tout, tous les étudiants angevins ou manceaux ne travailleront pas sur place. L’Ismans voit certains de ses diplômés intégrer de grands groupes comme Snecma ou Airbus, seuls 30 % des ingénieurs de l’ESEO restent dans l’Ouest et chez les étudiants de l’université, on estime qu’un tiers des étudiants travaillent ensuite dans la grande région. « Ce n’est pas grave, estime Eric Grelier. Certains restent, d’autres non, mais tous deviennent ambassadeurs du territoire. Ils y reviennent parfois plus tard, avec plus de compétences et d’expérience. » Et ces étudiants qui ont créé des liens avec le milieu économique ont aussi, pour beaucoup, développé l’envie d’entreprendre, ce qu’ils feront peut-être un jour, localement ou non.


A chaque ville ses spécialités

En octobre 2018, l'Istom accueille sa première promotion à ANgers, après son déménagement en provenance de région parisienne — Photo : Olivier Hamard – Le Journal des Entreprises

A Angers, qui compte deux universités et 8 écoles d’ingénieurs, nombre de formations en électronique et dans le secteur du végétal se sont développées en lien avec les secteurs économique locaux.

Le Mans, de son côté, s’est, entre autres, fait une spécialité dans le secteur de l’acoustique : « Cela nous donne une visibilité et nous amène des doctorants, assure Olivier Biencourt. Nous nous appuyons sur ce domaine d’excellence que nous essayons de renforcer avec Le Mans Acoustique pour accélérer la création d’entreprises. » Metacoustic, Sound to Sight ou encore Ouest Acoustique en sont l’exemple et ce « phénomène acoustique » ne demande qu’à être amplifié, tout comme la région angevine veut continuer d’attirer des entreprises de l’objet connecté et du végétal.

A la rentrée, le campus angevin accueille d’ailleurs une nouvelle école d’ingénieurs, l’Istom, l’école supérieure d’agro-développement international, installée auparavant depuis 100 ans en région parisienne et dont les étudiants feront leur rentrée en octobre.

# Organismes de formation