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Face à la concurrence asiatique, AJ Biais décide d'arrêter sa production de masques
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Face à la concurrence asiatique, AJ Biais décide d'arrêter sa production de masques

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La concurrence étrangère aura eu raison d'AJ Biais. Le fabricant stéphanois de bordures textiles en biais pour le prêt-à-porter, le linge de maison et l'industrie a décidé de stopper sa production de masques barrière pour se concentrer sur son développement dans les textiles techniques.

— Photo : AJ Biais

Spécialisée dans la fabrication de bordures textiles en biais pour le prêt-à-porter, le linge de maison, l’industrie et le textile technique, la société AJ Biais s’était lancée, le 31 mars, dans la fabrication de masques de protection en tissu, testés par la DGA et labellisés par l’AFNOR. Un business au demeurant fleurissant puisque la PME stéphanoise (120 salariés ; 10,9 M€ de CA en 2019) a produit au total plus de 1,6 million de masques textile 100 % made in France avec des cadences, qui au plus fort de la crise, sont montées à 70 000 unités par jour.

Oui, mais depuis, la donne a changé. Les entreprises françaises qui avaient répondu aux sollicitations de l’État, des collectivités territoriales et des entreprises, pour produire à la hâte des masques de protection, ont été lâchées au profit de produits d’importation venant le plus souvent d’Asie.

Un marché du masque saturé

« Aujourd’hui, nous connaissons une saturation du marché. Beaucoup de masques textiles ont été importés alors même que la capacité de production de masques textiles en France n’était pas atteinte, et sans réel avantage tarifaire pour ces produits arrivant de l’étranger. S’ajoute à cela le fait que la plupart des personnes portent un masque jetable. Ce dernier qui a fait défaut aux soignants et qui devait encore être réservé à faire des stocks stratégiques, a été accaparé par la grande distribution et les grands groupes possédant un fort pouvoir d’achat. Tous ces facteurs font que nous connaissons un creux de commandes », argumente Raphaël Laval, codirigeant d’AJ Biais.

Résultat, AJ Biais a pris la décision de ne pas pérenniser sa production de masques. « Compte tenu du nombre d’entreprises aujourd’hui positionnées sur ce marché et du fait que les discours sur le made in France n’auront finalement duré qu’un temps, il ne nous paraît pas opportun de maintenir une production de masques à une échelle industrielle. Nous allons essayer de conserver un petit pôle porté sur la fantaisie et la personnalisation, mais nous ne serons plus sur les mêmes volumes », précise Guillaume Jabouley, le second codirigeant d’AJ Biais.

L’entreprise stéphanoise, qui avait mis 100 000 euros pour industrialiser cette nouvelle activité, va donc devoir faire le deuil de son investissement. « Nous avions mis 50 000 euros dans l’achat de machines à coudre et 50 000 euros supplémentaires dans une machine qui nous permettait d’automatiser la production de masques. Cette machine ne pourra malheureusement pas nous servir à d’autres tâches », enrage Guillaume Jabouley.

L’avenir est aux textiles techniques

L’avenir n’étant clairement pas aux masques textiles, AJ Biais a donc décidé de poursuivre son développement dans les textiles techniques. La PME ligérienne qui avait mis au point en début d’année un biais technique innovant en Cordura®, planche aujourd’hui sur deux nouveaux projets de R & D. Deux projets qui au total ne mobilisent pas loin de 300 000 euros d’investissement.

Le premier concerne la réalisation d’une pièce spécifique à base de textile pour les moteurs, qui pourrait voir le jour sous 6 mois. « Ce produit va nous permettre de toucher le secteur de l’automobile et peut-être de l’aéronautique. Il s’agit d’un marché de volume. On nous a parlé de plusieurs millions de pièces », précise sans plus de détails Guillaume Jabouley.

Le second projet s’inscrit, lui, dans le cadre d’un consortium de six PME d’Auvergne Rhône-Alpes, qui vise à développer la fonctionnalité des textiles. Parmi ces fonctionnalités, l’un des sujets touche à la métallisation des textiles à destination des équipements de protection individuelle (EPI) mais aussi du secteur du luxe (textile avec des reflets métalliques) ou encore de l’aéronautique qui pourrait ainsi « réduire le poids de certaines pièces métalliques en passant sur un support textile », précise Guillaume Jabouley.

Pour ce projet de métallisation des textiles, AJ Biais devra se montrer patient. « C’est un gros projet qui engage deux voire trois ans de travail en R & D », ajoute Raphaël Laval. « Le textile technique demande du temps mais nous espérons que cela représentera 20 à 25 % de notre chiffre d’affaires sous deux à trois ans. Aujourd’hui, c’est moins de 10 % », conclut Guillaume Jabouley.

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