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Face aux crises, l’atout du mutualisme
Avis d'expert Finistère # Banque

Face aux crises, l’atout du mutualisme

Le modèle des banques coopératives se renforce dans un contexte nouveau d’instabilité financière. Il offre une alternative crédible, en convergence avec le développement durable et la résilience nécessaire.

Yann Regnard, maître de conférences en sciences de gestion, enseignant-chercheur à l'Université de Bretagne Occidentale, Institut d'administration des entreprises (IAE) — Photo : DR

Chaque année, à cette période, la presse quotidienne publie les invitations à participer aux assemblées générales des caisses des banques coopératives, en particulier le Crédit Agricole et le Crédit Mutuel, pour citer les plus importantes en Bretagne. Ce "rituel" méconnu du grand public, en particulier des jeunes générations, nous fournit l’occasion de parler du mutualisme. Délaissé pendant de nombreuses années, il est pourtant un rempart aux crises que nous traversons et pourrait bien constituer une opportunité dans les défis du XXIe siècle.

Quel est son intérêt immédiat ?

Il semble que la crise financière de 2008 ait épargné les banques mutualistes un peu plus que les autres, les dépôts des épargnants servant d’amortisseur bien que ce ne soit pas leur finalité première. Et surtout, les parts sociales, ces fractions de propriété collective, qualifiées il n’y a pas si longtemps de ringardises, offrent une protection providentielle face à la versatilité des marchés. Concrètement, elles découragent toute OPA inamicale.

Quels sont ses véritables points forts ?

Une population désabusée par les soubresauts de l’économie crée paradoxalement les conditions d’une réceptivité plus forte au message mutualiste. Dans un monde apatride, l’argent à court terme est fugace et l’individu a le sentiment d’un destin qui lui échappe. Dans ce contexte, le modèle mutualiste offre une alternative crédible, en convergence avec le développement durable et la résilience. Il repose sur une expérience distinctive et avérée de plus d’un siècle durant laquelle une partie de l’argent gagné par la banque coopérative a été mise en réserve pour servir à plusieurs générations de sociétaires et non distribuée à des actionnaires. En outre les actions menées localement dynamisent un territoire. Tout sociétaire peut, en théorie (le statut juridique le permet), peser sur les décisions prises en participant à l’élection du conseil d’administration ou en se présentant lui-même comme administrateur.

Combien de sociétaires savent-ils qu’ils le sont ? Certains ne voient qu’un placement à taux d’intérêt avantageux. Quels sont ceux qui identifient leurs autres attributions ? Le potentiel est là. Il reste à le faire connaître. Les banques coopératives ont, jusqu’à présent, entrepris peu d’effort pédagogique pour expliquer très concrètement, au grand public, ce qu’est le mutualisme. Une fois qu'il sera séduit sur ces questions, la difficulté sera de le fidéliser en l’impliquant… autrement que par une assemblée générale routinière.

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