« Faire ce que les autres ne font pas, avec pour fil conducteur l’audace ! » Alain Parmentier, dirigeant de Fabrication automatique Gerbelot (Fag) et PDG de la toute nouvelle Fonderie du Mont-Blanc, plante ainsi le décor : « Nos concurrents partent de la fonderie pour aller vers l’usinage ; nous, nous faisons le contraire. » Aucune fanfaronnade ni folie dans les décisions du dirigeant. La création de la Fonderie du Mont-Blanc à Marnaz le mois dernier a demandé « sept ans de gestation et quatre ans de travail. C’est une prise de risque, admet Alain Parmentier. Mais nous avions besoin de sécuriser nos approvisionnements pour les deux activités de Fag. »
Fag produit des cages de roulements pour de grands comptes comme SKF et NTN-SNR ; cette activité représente 70 % de son chiffre d’affaires et 30 % de son résultat. La société de Cluses (74) est également le leader français et le numéro deux européen de simulateurs de mâchoires et d’arc faciaux, des produits utilisés dans les écoles et universités, mais également par les dentistes et prothésistes. Le dentaire représente 30 % du chiffre d’affaires de Fag et 70 % de son résultat. Fag s’approvisionnait jusqu’à présent en tubes de laiton auprès de l’Allemand Metallguss, qui a annoncé en 2011 l’intention d’arrêter cette production. « J’avais alors trois solutions, explique Alain Parmentier. La première était de faire entrer des concurrents dans notre capital, mais nous risquions de nous faire absorber. La seconde était de se séparer de la production de roulements, mais nous perdions 70 % du chiffre et supprimions quinze emplois. La troisième était de pérenniser la société et préparer mes enfants à la succession. »
Ouverture de capital
La société a donc décidé « d’apprendre un nouveau métier, de maîtriser la chaîne complète de la production » et d’investir 4,5 M€ pour créer la Fonderie du Mont-Blanc, dont 750 000 € sur fonds propres. Pour réaliser ce projet industriel, Alain Parmentier n’a pas hésité à ouvrir son capital à Arve industrie capital (Amundi), Expansinvest (BPA) et FRI Rhône-Alpes (Siparex). BPIFrance et quatre établissements bancaires ont également apporté leur concours. « Ouvrir son capital, au départ, je n’aimais pas, admet Alain Parmentier. Mais elle pallie la solitude du dirigeant et permet de s’appuyer sur des actionnaires. Les investisseurs détiennent 15 %, la famille garde 85 %. » L’investissement important a permis de choisir la technique de centrifugation pour fabriquer les tubes de laiton. Si aujourd’hui Fag est le client unique de la Fonderie du Mont-Blanc, des perspectives de développement et une ouverture à d’autres clients est déjà en projet. Alain Parmentier prévoit d’ailleurs d’investir dans une deuxième centrifugeuse d’ici à deux ans et d’avoir une coulée continue dans quatre à cinq ans, contre quatre à cinq jours par semaine actuellement. « Nous pouvons proposer notre nouveau savoir-faire aux décolleteurs de la vallée de l’Arve », assure le dirigeant.
Créations d’emplois
Ces projets lui permettent d’envisager la rentabilité sous peu. La crise avait en effet fait plonger le chiffre d’affaires de Fag de 4 M€ à 2,9 M€. Il est remonté à 3,6 M€ en 2013 pour l’ensemble du groupe (Fag + Fonderie), avec un résultat net de 350 000 € pour Fag seul. Le premier chiffre d’affaires de la Fonderie du Mont-Blanc devrait atteindre 1,4 M€ en 2014, avec dix personnes.
Holding Fag
(Cluses - 74) Dirigeant : Alain Parmentier 39 personnes CA 2013 : 3,6 M€ 04 50 98 04 91 www.fag.fr
