Mathieu Bailly a été l’un des huit chefs d’entreprise mis en lumière par les prix Montgolfier 2023, récompensant les dirigeants en plein développement de projets innovants. Le dirigeant d’Eurodia (120 salariés) poursuit en effet la diversification de l’entreprise dont il a pris la direction en 2016 et ambitionne ainsi de tripler le chiffre d’affaires (CA : 32 M€) d’ici cinq à sept ans. Il affiche notamment de fortes ambitions dans le domaine de la transition écologique.
Le groupe, créé voici 35 ans par Bernard Gillery et spécialisé dans la mise en place de procédés industriels (l’électrodialyse, les résines échangeuses d’ions et la filtration membranaire) sur mesure de purification des liquides, a jusque-là principalement réalisé sa croissance dans le secteur de l’agroalimentaire (lait, sucre, vins et jus de fruits), qui représente encore 65 % de son chiffre d’affaires. "Notre capacité à combiner à l’infini trois types de technologies pour créer des solutions process innovantes, sur mesure, clés en main, qui garantissent la plus haute qualité de fluides purifiés au meilleur coût énergétique et au plus faible impact, constitue notre savoir-faire", précise Mathieu Bailly.
15 % des ressources en R & D
Depuis une dizaine d’années, Eurodia, qui consacre chaque année près de 15 % de ses frais de fonctionnement et de ses effectifs à la recherche & développement, se diversifie toutefois dans la transition énergétique et écologique, notamment au travers du lithium et de la chimie biosourcée. "Nous valorisons la biomasse afin de purifier des molécules biosourcées. Nous avons ainsi fourni les équipements pour une bio raffinerie en Allemagne", détaille le dirigeant.
Purifier le lithium
Par ailleurs, Eurodia travaille actuellement à la construction de l’unité industrielle de la future usine de lithium que le groupe minier et métallurgique Eramet met en place, à 4 000 mètres d’altitude, dans les Hauts-Plateaux en Argentine. Eramet vise sa première tonne de carbonate de lithium en 2024 et 24 000 tonnes en 2025. Un projet global représentant un investissement de 800 millions d’euros. "Nous travaillons depuis des années en R & D sur ce projet. Nous avons ainsi investi il y a deux ans dans la start-up Geolith, basée à Saclay en région parisienne, qui développe des filtres à lithium utilisés dans l’extraction du minerai. En complément de nos solutions destinées au raffinage, nous maîtrisons ainsi l’ensemble de la chaîne", précise le dirigeant. Et de souligner : "Nous travaillons aujourd’hui sur des projets de plus grande ampleur que dans le secteur agroalimentaire et les besoins de l’industrie du lithium sont importants". Le groupe Eurodia dispose de filiales au Brésil et aux États-Unis, en Californie et réalise 80 % de son chiffre d’affaires à l’international, toutefois 70 % des composants de ses installations sont français et/ou européen. "Nous préfabriquons nos unités qui sont ensuite livrées clé en main, avec le minimum de construction chez le client". Les dirigeants d’Eurodia, qui depuis 2016, comptait le groupe Mitsubichi Chemicals dans son capital (25 %), viennent de reprendre les parts de l’entreprise japonaise. Ainsi la holding d’investissement d’Eurodia, constituée des principaux cadres de l'entreprise, détient aujourd'hui 100 % de l’entreprise.
