Le site industriel Recipharm de Kaysersberg (CA 2020 : 48,5 M€, 320 collaborateurs), dans le Haut-Rhin, se lance dans une nouvelle activité. Sa maison mère, le façonnier suédois Recipharm (CA groupe : 11,06 Md€, 9 000 collaborateurs) va y investir 14 millions d'euros. Alors que le site produisait jusqu’ici principalement des unidoses stériles de gouttes ophtalmologiques, il fera désormais également du remplissage de vaccins buvables dans des unidoses en polyéthylène. Trente recrutements sont prévus d’ici à 2026 pour accompagner cette évolution.
Un accord avec un grand groupe pharmaceutique
"C’est le résultat d’une réflexion sur notre stratégie de diversification entamée en 2019", explique Yves Buelens, le directeur du site Kaysersberg Pharmaceuticals. Il précise qu’il ne s’agit pas d’un produit innovant, mais "d’un vaccin qui existe de longue date sur le marché." À l’été 2020, le site avait déjà testé le remplissage pour un vaccin anti-Covid, "mais les tests de stabilité n’ont pas donné les résultats escomptés", confie Yves Buelens. Cet investissement de Recipharm dans le remplissage de vaccins est notamment poussé par un accord signé à l’automne 2021 avec un groupe pharmaceutique de taille mondiale, dont le nom n’est pas communiqué.
À Kaysersberg, Recipharm va ainsi installer une nouvelle ligne de remplissage et toute la partie conditionnement. La ligne de remplissage devrait être livrée d’ici début 2023 avec un démarrage de la fabrication des lots de stabilité en septembre 2023. Ils seront stockés pendant un an pour vérifier leur évolution avant que la production industrielle ne démarre, si tout va bien, en 2024.
Les locaux où sera installée la ligne de production ont été construits en 2018, suite à un investissement de 18 millions d’euros de Recipharm dans un bâtiment de 800 mètres carrés. Il peut accueillir quatre lignes de production. Celle pour les vaccins, installée sur 150 mètres carrés, est la deuxième à être mise en place.
Maintenir la chaîne du froid
"La difficulté est de maintenir la chaîne du froid, entre deux et huit degrés Celsius", dévoile le directeur du site. Recipharm a ainsi fait le choix d’installer une ligne de remplissage discontinue, moins productive que les lignes rotatives, mais dont les machines ne montent pas à plus de 30 degrés Celsius. "Leur capacité de production représente un quart de ce qui peut être produit avec des lignes rotatives, ces dernières pouvant fabriquer jusqu’à 200 millions d’unidoses par an, mais les machines chauffent trop, jusqu’à 50 degrés. Ce ne serait pas compatible avec les produits biotech comme les vaccins", justifie Yves Buelens. Le site compte déjà quatre lignes discontinues et trois lignes de remplissage rotatives pour les produits ophtalmiques.
Recipharm maintient ainsi un haut niveau d’investissement à Kaysersberg alors qu’il avait déjà investi 2,6 millions d’euros en 2021 dans de nouvelles cuves pour augmenter sa capacité de production de produits ophtalmologiques. Avant 2016, le site était la propriété d'Alcon, filiale du groupe pharmaceutique suisse Novartis. Les deux sociétés, scindées depuis, sont toujours les clients principaux du site alsacien.
