Le Crédit Agricole Alpes Provence (CAAP) a présenté ses résultats pour l’année 2023, "une année complexe et atypique", selon les mots de son directeur général par intérim, Jérôme Lebon. Une inflation à 4,9 %, des taux d’intérêt à plus de 3 %, une croissance économique faible à +0,8 %. "Tous ces éléments ont eu des conséquences sur notre activité."
Le produit net bancaire s’élève à 438,5 millions d’euros, soit "une baisse contenue" de 5,2 %. Les charges de fonctionnement s’élèvent à un peu plus de 289 millions d’euros, en augmentation de 1,2 %. Dans le même intervalle, la masse salariale a augmenté de près de 10 %, traduisant selon Jérôme Lebon, d’un engagement fort de la banque pour protéger le pouvoir d’achat de ses 2 200 collaborateurs. Quant au résultat net, il s’affiche à 92,4 millions d’euros, "en légère baisse par rapport à 2022, mais un peu au-dessus de la moyenne des cinq dernières années."
3 % du résultat net injecté pour le territoire
Ce résultat, preuve selon le CAAP de la "solidité du modèle de banque coopérative territoriale", a permis de contribuer au développement économique des trois départements couverts par la banque, les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse et les Hautes-Alpes.
"Parce que nous vivons par et pour notre territoire, nous avons créé il y a 17 ans notre dividende territorial. Il correspond à 3 % de notre résultat annuel, soit environ 3 millions d’euros par an et est alloué à des projets utiles au territoire", explique Franck Alexandre, président du Conseil d’administration.
En 2023, la fondation d’entreprise du CAAP a accompagné la création d’une filière mer et littoral au lycée des Calanques, à hauteur de 40 000 euros. "Depuis 2007, notre fondation a soutenu 750 projets pour un total de 14 millions d’euros."
Le fonds dédié à l’innovation, CAAP Innov Eco, a octroyé, depuis sa création en 2015, 279 prêts d’honneur pour aider la création de 209 entreprises, parmi lesquelles la start-up Acwa Robotics, à l’origine d’un robot capable de détecter les fuites dans les réseaux d’eau. "Cette société a bénéficié d’un prêt d’honneur en 2019, avant que notre banque n’entre au capital en 2023", souligne Franck Alexandre.
En décembre 2023, la banque coopérative a créé CAAP Solidarités pour "renforcer la cohésion et l’inclusion sociale."
Investir dans les transitions
Depuis le début de l’année 2023, le Crédit Agricole Alpes Provence met également en pratique un nouvel axe de sa stratégie : l’accompagnement des transitions.
"Depuis un an, nous sommes devenus investisseurs et conseiller et transition énergétique", résume Serge Gaona, directeur général adjoint.
En tant qu’investisseur, le CAAP entend accélérer le développement des énergies bas carbone et a injecté 20 millions d’euros en fonds propres (20 % de l’enveloppe sur 5 ans) dans des projets et infrastructures. La banque et trois autres fonds d’investissement des caisses régionales du Crédit Agricole se sont associés à la Compagnie nationale du Rhône (1 500 salariés, CA 2022 : 951 M€) et la Banque des Territoires pour créer la société d’investissement Solarhona Invest, chargée de financer la construction de centrales photovoltaïques le long des berges du Rhône.
La banque a aussi apporté 25 % des besoins en fonds propres de la société aixoise SilverSun. Elle a investi sur 250 centrales photovoltaïques sous forme d’obligations ou participé à la Société d’économie mixte Hautes-Alpes Énergies pour développer des infrastructures photovoltaïques pour les collectivités des Hautes-Alpes. Quatorze projets seraient déjà identifiés pour près de 60 millions d’euros.
Accélérer la création de projets d’énergie solaire
Quant au développement du volet "conseil", le Crédit Agricole Alpes Provence a notamment choisi de s’appuyer sur une entreprise locale, qu’elle finance par ailleurs depuis sa création en 2008, la PME aixoise Tenergie (250 collaborateurs, CA 2022 : 212 M€). Ensemble, les deux structures ont créé une coentreprise, Caapten. Leur ambition : développer des centrales pour produire l’équivalent de la consommation électrique verte d’une ville de la taille d’Aix-en-Provence d’ici 2030, en proposant aux agriculteurs, industriels, entreprises clients du CAAP, une solution pour développer des projets d’énergie solaire sans investir. Pour Nicolas Jeuffrain, président de Tenergie, ce partenariat lui offre "une capacité forte d’accélérer sur le territoire" et de concourir à son objectif de doubler le nombre de centrales (3 000) à l’horizon 2026.
