Émeutes : les organisations patronales demandent des mesures d’urgence
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Émeutes : les organisations patronales demandent des mesures d’urgence

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Des milliers d’entreprises sont directement touchées par la vague de violences urbaines qui frappe la France. Plusieurs organisations patronales interpellent à ce sujet l’État, mais aussi les banques et les assureurs.

Plus de 2 000 commerces auraient été vandalisés, certains même pillés — Photo : David Pouilloux

Si l’intensité des violences urbaines tend à s’affaiblir, le bilan économique des émeutes qui ravagent la France s’alourdit nuit après nuit. Difficile toutefois à ce stade de mesurer l’impact précis des pillages, actes de vandalisme et incendies qui touchent non seulement le mobilier urbain, les écoles et les institutions de la République, mais aussi beaucoup d’entreprises, essentiellement des commerces. Plus de 2 000 établissements auraient été vandalisés, assure Alain di Crescenzo, président de CCI France, sur France Inter, précisant que cette estimation ne prend pas en compte les dégâts de la nuit de dimanche à lundi. Rien qu’à Marseille, la facture s’élèverait à plus de 100 millions d’euros, toujours selon le patron de CCI France.

Les commerces en première ligne

À Bercy, on est aussi en train de faire les comptes. Samedi 1er juillet, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire assurait qu’une dizaine de centres commerciaux ont été attaqués et pillés, tout comme plus de 200 enseignes de grande distribution, 250 débitants de tabac, 250 agences bancaires. Parmi les commerces les plus touchés : la mode, les articles de sport et la restauration rapide. C’est le cas de l’enseigne de lingerie Etam. Entre les magasins saccagés et ceux que l’enseigne a préféré fermer par précaution, "c’est un million d’euros de chiffre d’affaires qui est perdu", estime sur Franceinfo Laurent Milchior, dirigeant de ce groupe francilien qui a réalisé 847 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022.

Des dégâts sur le tourisme

Le bilan économique des émeutes ne se limite pas aux dégâts visibles. Les professionnels du tourisme redoutent ainsi que le climat insurrectionnel nuise au business tout au long de l’été. Président confédéral de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), Thierry Marx affirme que "nos adhérents hôteliers subissent une vague d’annulation de leurs réservations sur tous les territoires touchés par les dégradations et affrontements". Il n’évalue toutefois pas l’ampleur du phénomène. En 2005, suite aux émeutes qui avaient déjà embrasé les banlieues, "environ 30 % des touristes avaient annulé leurs déplacements", affirme Alain di Crescenzo.

Au-delà du tourisme, cette nouvelle vague de violences ne peut qu’écorner l’image du pays à l’étranger. "Des investisseurs pourraient renoncer à des projets si le calme n’est pas restauré et la sécurité assurée", prévient-on au Medef.

Report de charges sociales et fiscales

Pour aider les entreprises touchées, les organisations patronales demandent des mesures d’urgence. Bruno Le Maire a d’ores et déjà annoncé que les entreprises victimes de ces violences pourront bénéficier de reports de charges sociales et fiscales. "Une bonne chose", selon la CPME, qui craint toutefois que "cela ne soit pas suffisant". Rappelant que les entrepreneurs ayant le statut d’indépendant n’ont pas accès à l’assurance chômage, le syndicat patronal demande la mise en place d’un fonds de secours. "Pour ceux qui ont tout perdu, il est essentiel de leur assurer un moyen de subsistance".

"Tout ne sera pas pris en charge par les assurances"

Les organisations patronales comptent aussi beaucoup sur les assurances pour aider les entreprises vandalisées. La CPME plaide pour une diminution des franchises, l’extension des délais de déclaration de sinistre et un traitement rapide des demandes et des indemnisations. Reste qu’un contrat est un contrat et que "tout ne sera pas pris en charge par les assurances", prévient Alain di Crescenzo. Les entrepreneurs sinistrés sont légalement tenus de régler le montant de la franchise. Et ceux qui n’ont pas d’assurance garantissant les pertes d’exploitation risquent de se retrouver dans une situation très compliquée si leur entreprise a besoin de temps pour redémarrer. C’est pourquoi certains, à l’instar d’Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du Commerce, interrogé sur BFM TV, demandent à l’État "que soit mis en place un fonds d’indemnisation pour que les commerçants n’aient rien à payer leur poche".

Report de PGE ?

Les banques vont aussi avoir un rôle clé à jouer pour beaucoup d’entreprises. L’Union des entreprises de proximité (U2P) leur demande d' "accorder des facilités aux entreprises mises à mal". Pour la CPME, ces facilités pourraient prendre la forme d’un report des échéances du prêt garanti par l’État (PGE). Sur ce point Philippe Brassac, président de la Fédération bancaire française, ne s’est pas exprimé. Mais celui qui est aussi directeur général du Crédit Agricole l’assure : "Comme toujours, les banques françaises répondent présentes, pleinement mobilisées pour répondre de façon personnalisée aux besoins de leurs clients touchés par les récentes émeutes".

Une chose est certaine, pour venir en aide à ceux et celles qui ont parfois tout perdu, les acteurs économiques du pays vont devoir une nouvelle fois se serrer les coudes et faire preuve de solidarité. Une solidarité qui commence déjà à se mettre en place, avec la réactivation de cellules de crise, aussi bien au sein des préfectures, des CCI que des organisations patronales.

Des fonds de soutien portés par les collectivités

De leur côté les collectivités commencent à mobiliser des fonds de soutien. C’est par exemple le cas dans le Grand Est, où le conseil régional compte flécher 5 millions d’euros pour les TPE et commerçants. C’est aussi le cas en Paca. La Région Sud et la Métropole d’Aix Marseille financent un fonds de soutien "Solidarité commerces pillés" doté de 10 millions d’euros et géré par la CCI de Marseille Provence. Ce fonds octroiera une aide financière de 10 000 euros aux commerçants, sous 15 jours.

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