Après deux acquisitions réalisées en 2020 - Basel Chimie en Corée du Sud pour 27 millions d’euros et Polysil en Chine pour 120 millions d’euros -, malgré le contexte économique contraint par la pandémie, Elkem Silicones (CA 2020 : 1,3 Md€ ; 4 000 salariés dont 850 en Auvergne Rhône-Alpes) la branche spécialisée dans les silicones et polymères du groupe de chimie norvégien Elkem (CA 2020 : 2,22 Md€ / 6 700 salariés), détenu par le groupe chinois BlueStars, ajoute une nouvelle corde à son arc.
La division silicones vient de faire l’acquisition d’une unité de production en France "flambant neuve et jamais utilisée", construite en 2019 par un industriel dont l’identité n’a pas été dévoilée. "Le compromis a été signé la semaine dernière pour un closing attendu sous six mois. Nous espérons démarrer la production avant la fin de l’année. Il s’agit d’une unité prête à l’emploi dotée de réacteurs industriels, d’une unité pilote ainsi que d’une unité de dévolatilisation permettant de purifier les polymères", détaille Frédéric Jacquin, directeur général d’Elkem Silicones. Un entrepôt dédié à la gestion de produits dangereux ainsi qu’une surface foncière supplémentaire complètent l’opération afin de permettre une possible extension du site. "Les deux bâtiments que nous achetons sont aux derniers standards de l’industrie et accueilleront à terme 20 salariés", précise-t-il.
Nouvelle technologie
Située à proximité des sites chimiques du groupe de Saint-Fons (Rhône) dans la Vallée de la Chimie et de la plateforme chimique de Roussillon (Isère) plus au sud, cette usine, dont le montant d’acquisition est un peu supérieur à 10 millions d’euros, sera dédiée à la production de silicones OFS (organo-fonctionnels), des produits de spécialités destinés aux marchés de la cosmétique, de l’agriculture, du textile et des revêtements. Cette opération permet au groupe de chimie de se doter d’une nouvelle spécialisation autour de la technologie OFS et d’augmenter ainsi ses capacités de production.
"Les silicones OFS combinent les performances des silicones classiques à des propriétés permettant la compatibilité et la fonctionnalité avec des matières organiques", explique le directeur général. Concrètement, cela permet de fabriquer des polymères empêchant par exemple l’adhésion de produits d’origine organique comme dans les mélanges aqueux et huileux des cosmétiques. La future usine d’une capacité de "quelques centaines de tonnes", selon Frédéric Jacquin, portera sur des applications à forte valeur ajoutée alors que les produits OFS forment 20 % des ventes mondiales de silicones.
Berceau historique
Cette implantation entre Saint-Fons et le site chimique de Roussillon permet à Elkem Silicones de concentrer encore un peu plus ses sites français en Auvergne Rhône-Alpes. Dans la vallée de la Chimie, l’entreprise termine la construction de son futur centre de R & D, qui sera livré en mai prochain après 25 millions d’euros d’investissement. Il accueillera 140 chercheurs. "La R & D était jusqu’à présent éclatée sur trois sites vieillissants. Avec ce site, nous nous dotons d’un laboratoire de recherche beaucoup plus ouvert et collaboratif permettant d’accélérer nos innovations", détaille Bertrand Mollet, directeur d’Elkem Silicones pour la zone Europe Moyen-Orient Asie (EMEA). Le cinquième fournisseur mondial de silicones, dont le siège social est à Lyon, est l’héritier industriel de l’entreprise Rhône-Poulenc créée en 1944 à Saint-Fons, devenue en 1998, Rhodia. Cette dernière a été rachetée par le groupe étatique chinois BlueStar en 2007 puis renommé BlueStar Silicones et enfin Elkem Silicones en 2015.
