Depuis sa création en 2008, le montpelliérain Groupe L.A (23 salariés, CA 2022 : 5,5 M€) développe une gamme de services de plus en plus étendue dans la construction : il réunit neuf entreprises, dont l’expertise couvre l’architecture, l’ingénierie, la décoration, l’aménagement intérieur, la construction, le montage d’opérations immobilières, etc. En 2019, Gaël Lhenry, le dirigeant fondateur de Groupe L.A, a franchi un cap supplémentaire en passant à la maîtrise d’ouvrage, avec cette ambition : chercher des solutions immobilières pérennes dans un contexte réglementaire évolutif. "Nous faisons face à une hausse constante des réglementations environnementales et thermiques dans la construction. Si bien que construire autrement et à coûts maîtrisés relève de la quadrature du cercle. Nous avons donc décidé de travailler sur de nouvelles solutions techniques à bas carbone ou à base de produits naturels", analyse-t-il.
Un procédé constructif hors-site
Fruit de cette réflexion, la nouvelle société Ecobitats, créée en début d’année 2023, visera à produire des solutions modulaires pour l’immobilier à base de containers. Au sein de Groupe L.A, le cabinet Lhenry Architecture s’est déjà associé, en 2021, au chantier de la première école réalisée en containers : située à Faugères (Hérault), elle a été bâtie en partenariat avec la société biterroise Everlia. Mais Ecobitats porte une ambition industrielle plus grande, car elle fédère un écosystème de six entreprises partenaires, situées dans le Languedoc et le Var. Elles disposent de compétences en maçonnerie gros œuvre, charpente, architecture et maîtrise d’œuvre, plomberie et assainissement, thermique et mécanique industrielle.
Ainsi, Ecobitats projette de construire, dans les trois ans, une usine destinée à la transformation de containers maritimes recyclés. Elle produira sur cette base des solutions modulaires conçues pour des projets de grand volume, tels que des logements collectifs, des sites industriels, des commerces, des établissements recevant du public, etc. "Nous proposons un système de construction hors-site : les modules seront préfabriqués en totalité, pour pouvoir être livrés finis au client", précise Gaël Lhenry, qui rajoute qu’une levée de fonds est lancée pour amorcer le projet industriel.
Un deuxième projet dans l’ossature bois
L’usine, qui mobilisera un investissement d’environ 10 millions d’euros, s’étendra sur 9 000 m2 et devrait générer la création de 50 emplois. Son emplacement reste à préciser en Languedoc-Roussillon, mais des pourparlers sont déjà avancés avec la Ville de Beaucaire (Gard) : la zone industrielle locale, proche du Rhône et jouissant d’un embranchement ferroviaire, est jugée "idéale" par Gaël Lhenry pour l’acheminement des containers. En toute hypothèse, elle sera conçue comme une "micro factory", dont le rayonnement logistique se limitera à 300 km aux alentours, "sous peine de ruiner nos efforts pour réduire les émissions carbone", selon le dirigeant.
Si Ecobitats est une société nouvellement créée, encore dépourvue d’outil industriel, elle est peut-être déjà à la veille d’un chantier majeur. En effet, Groupe L.A a été retenu par un grand aménageur urbain pour développer en totalité, dans la métropole montpelliéraine, le premier centre commercial et ludique de plus de 1 000 m2 réalisé en containers (soit plus de 50 containers recyclés). Gaël Lhenry a proposé à son client de confier le chantier à Ecobitats.
En attendant la réponse, l’entrepreneur peaufine déjà un deuxième projet d’entreprise, baptisée Lecowood, qui sera créée en fin d’année. Dans le même souci de valoriser des matériaux naturels, elle produira des modules pour la construction à ossature bois, conçus pour des projets de grande hauteur. Ces produits visent les villes qui, "confrontées aux limitations imposées par le ZAN (zéro artificialisation nette, NLDR) vont densifier encore plus, en allant chercher des hauteurs d’immeubles allant jusqu’au R + 8 ou R + 10", selon Gaël Lhenry. Le système utilisé par Lecowood alliera acier et bois. Groupe L.A vient de déposer une demande de financement pour fabriquer un premier module en phase de test, et publiera les résultats en janvier prochain afin d’attirer de futurs partenaires, promoteurs ou constructeurs. Là encore, cette démarche doit déboucher, à terme, sur la construction d’une "micro factory", avec une cinquantaine d’emplois à la clef.
