Manche
Easybike renaît avec Rebirth et pédale vers la croissance
Manche # Cycles # PME

Easybike renaît avec Rebirth et pédale vers la croissance

S'abonner

Créée sous le nom d’Easybike Group en 2005, après un redressement judiciaire en 2019 et un passage à vide de deux années, l’entreprise spécialisée dans la mobilité électrique renaît de ses cendres sous le nom de Rebirth en 2022. Le site industriel installé à Saint-Lô (Manche) affiche aujourd’hui 10 à 15 % de croissance annuelle et a déjà enregistré 45 millions d’euros de commandes fermes pour 2024.

Le site industriel de Rebirth installé à Saint-Lô affiche aujourd’hui 10 à 15 % de croissance annuelle — Photo : DR

C’est l’histoire d’une renaissance. Créée en 2005, l’entreprise Easybike, spécialisée dans la fabrication de vélos électriques, voyait déjà grand en rachetant les marques Solex, Mobiky et Matra en 2013 et 2014. Pour assurer son développement, elle installe son site industriel de 6 000 m2 à Saint-Lô dans la Manche en 2015. Mais l’entreprise s’endette et en 2019, elle est placée en redressement judiciaire. Après deux ans de bataille judiciaire, l’entreprise réussit à se redresser et prend un nouveau départ, qu’elle concrétise en se rebaptisant Rebirth. Une seconde chance qu’elle a su mettre à profit puisqu’aujourd’hui, l’entreprise affiche une croissance annuelle de 10 % à 15 % et annonce un chiffre d’affaires de près de 20 millions d’euros pour 2023. 
"Pendant le redressement judiciaire, nous avons appris à minimiser les coûts et réussi à doubler nos effectifs qui tournent autour de 85 salariés. Aujourd’hui, notre situation financière est saine. Pendant l’année 2023, nous avons réorganisé toutes nos gammes et écoulé tous nos stocks. Nous avons également enregistré 45 millions de commandes fermes pour 2024", confirme Grégory Trébaol, PDG et fondateur de l’entreprise qui espère également se développer à l’international dès 2024 à hauteur de 25 à 30 % de son activité. Et si l’entreprise s’est penchée sur la possibilité d’entrer en Bourse, elle a ajourné le projet "pour bien maîtriser sa croissance". "Avec ce nouveau nom Rebirth, notre stratégie se dirige vers un développement qui va plus loin que la simple relance de marques, et prend une nouvelle dimension avec la volonté de donner naissance à de nouveaux matériaux dédiés à l’industrie de la mobilité."

Développer les marques

Grégory Trébaol, PDG Rebirth : "Après ces nombreuses phases de croissance externe, notre politique est aujourd’hui plutôt de faire grossir nos marques, notamment Solex et Matra" — Photo : Gabriel GORGI

Depuis sa création, l’entreprise a misé sur une politique de croissance externe pour se développer, et ce "pour des raisons d’opportunités, afin de pouvoir mettre en place des économies d’échelle avec de nouvelles marques et acquérir de nouvelles expertises", explique le dirigeant. Ainsi, outre Solex, Mobiky et Matra, le groupe a racheté les Cycles Lejeune (vélos de route et ville) en 2021 et Velcan et Coleen (marques de vélo à assistance électrique) en 2022. "Après ces nombreuses phases de croissance externe, notre politique est aujourd’hui plutôt de faire grossir nos marques, notamment Solex et Matra, sur lesquelles nous allons passer à la phase numéro 2" annonce le dirigeant qui veut affiner la restructuration interne de l’entreprise : "Nous souhaitons déployer la partie scooter et cyclomoteur pour Solex et micro-car sur quatre roues pour Matra dans les cinq prochaines années." Et pour déployer ces deux marques, Rebirth cherche à s’adosser à un autre site industriel, "un partenaire industriel qui aurait une baisse ou un changement d’activité qui pourrait nous mettre à disposition son site".

Produire 120 000 vélos par an à Saint-Lô

Les motorisations Yamaha équiperont les marques Matra — Photo : DR

D’assembleur, le groupe Rebirth évolue aujourd’hui vers le statut d’industriel : "Ce changement s’est opéré grâce aux reprises de Velcan et Coleen en 2022, avec l’objectif d’acquérir les compétences de fabrication de cadres en carbone. Ce nouveau savoir-faire va nous permettre de travailler sur des nouvelles technologies tels que les matériaux composites. Les premiers prototypes sont d’ores et déjà sortis. Tout ce qui est garde-boue et accessoires de vélos, a vocation à être produit sur notre site. L’objectif est d’atteindre les 80 à 90 % de composants français ou européens d’ici les deux prochaines années", explique Grégory Trébaol. Seule la partie motorisation ne peut être intégrée au processus de fabrication du groupe Rebirth qui cherche à nouer des partenariats avec des motoristes, en phase avec ses valeurs axées sur le développement durable et le Made In France. Premier partenariat à avoir été signé l’été dernier, celui avec Yamaha pour les marques Solex et Matra : trois motorisations Yamaha pour vélos à assistance électrique (VAE), dont le PW-X3 ainsi que le PW-S2 destiné à être assemblé en France, équiperont les marques Matra et Solex du Groupe Rebirth. "Yamaha a une vision globale de la motorisation, depuis le Japon jusqu’en Europe : il y a 30 ans, ils ont été les premiers et les seuls à proposer un moteur électrique pour vélos. Rebirth n’a pas vocation à être motoriste mais nos marques doivent pouvoir répondre aux usages et aux besoins de nos clients", commente le dirigeant qui souhaite passer d’une production de 45 000 à 120 000 vélos au cours des trois prochaines années sur le site normand qui dispose d’un pôle de drapage carbone et d’un SAV internalisé, intégrant le reconditionnement des batteries. "Notre projet est d’investir environ un million d’euros pour moderniser les moyens de production, notamment les lignes d’assemblage sur le premier trimestre 2024", précise le dirigeant.

Favoriser la recyclabilité

Rebirth a monté sa propre équipe de recherche et développement, composée de treize personnes qui travaille sur le design des vélos, ou encore les nouveaux matériaux — Photo : DR

Autre axe fort de l’entreprise, l’innovation. Depuis trois ans, Rebirth a monté sa propre équipe de recherche et développement, composée de treize personnes qui travaille sur le design des vélos, ou encore les nouveaux matériaux. "Leur mission est simple : créer et innover au sein de nos différentes marques", assure Grégory Trébaol. Avec un objectif principal : imaginer de nouveaux matériaux pour la composition des différentes parties de ses vélos : "cela passe par l’intégration de la recyclabilité. Il faut arrêter de consommer de la matière première et détruire les sols de la planète." L’entreprise pense notamment à utiliser des matériaux composites thermoplastiques (mélange de fibres de carbone et de plastique ABS) issus de l’industrie du recyclage pour ses vélos de marque Solex, "ce qui permettra d’utiliser moins d’aluminium." Autre réflexion sur laquelle l’équipe R & D travaille : le remplacement de la fibre carbone par de la fibre de lin et obtenir ainsi une matière première bio-sourcée issue de la filière normande de lin.

Dans cette même optique, le groupe a mis en place une plateforme servicielle dédiée à lever les freins à l’adoption des mobilités douces, "T-SUR" un bouquet de services destiné à ses clients particuliers (assurance, financement en leasing, recyclabilité du vélo en fin de contrat et gravage antivol agréé par le ministère de l’Intérieur.)

À plus long terme, en 2025-2026, le groupe ambitionne de créer sur la ville de Courbevoie (ville qui a accueilli les usines Solex pendant près de 40 ans) un musée Solex, une école de formation avec mission de réinsertion, et une micro-factory qui pourrait fabriquer une partie des futurs Solex électriques.

Manche # Cycles # PME # Made in France