Quel est le point commun entre La Redoute, Cyrillus, Jacadi et Promod ? Ces grands noms du textile se sont tous, ces derniers mois, lancés dans la vente d’occasion sur Internet. Avec un même artisan derrière toutes ces plateformes, Disruptual. L’entreprise, créée à Villeneuve-d’Ascq (Nord) en 2016, a vu la demande pour ses outils de mise en relation entre particuliers exploser. "L’idée première de notre solution, c’était l’échange de services entre particuliers. Nous avons développé des plateformes pour Cultura et Leroy Merlin. En 2017, Cyrillus nous a demandé de développer sa plateforme dédiée aux produits de seconde main. D’un coup, tous les acteurs du secteur se sont rués sur l’occasion, et ça a encore accéléré depuis la crise du Covid", constate Olivier Clair, le fondateur de Disruptual (chiffre d'affaires non communiqué).
Un produit au point, sur un marché mature
L’élément déclencheur a été sans conteste le succès du lituanien Vinted, la plateforme dédiée à l’habillement d’occasion qui a dynamité le marché. "En 2016, nos prospects dans le textile n’étaient absolument pas intéressés par le marché de la seconde main. Mais quand ils ont vu la quantité de leurs produits qui étaient échangés sur Vinted, ils sont venus nous chercher pour qu’on leur construise leur propre site", se félicite Olivier Clair, qui compte désormais une quinzaine de grands comptes parmi ses clients. Il reçoit "deux appels par jour" depuis le lancement, en janvier, de La Reboucle, le site conçu pour La Redoute.
"Nous étions prêts au bon moment, analyse le dirigeant. Les marques se rendent compte des avantages que peuvent représenter nos plateformes, en termes de RSE mais aussi de business." Le mécanisme proposé par Disruptual, adopté par la plupart de ses clients, permet aux particuliers vendeurs de se faire payer soit en euros, soit en bons d’achat valables en magasin. Dans ce cas, ils voient leur cagnotte abondée à hauteur de 30 à 50 % par la marque. Un cercle vertueux, selon Olivier Clair. "Ce système permet de limiter le gaspillage. Pour les marques, c’est aussi un moyen de créer deux fois du chiffre d’affaires sur un même produit au travers de la commission prélevée sur la vente, et de recruter de nouveaux clients. Les bons d’achat recréent du trafic en magasin, où les clients dépensent deux à trois fois le montant de leur bon."
Gagner d’autres secteurs
Et ça marche : en une semaine, la marque pour enfants Tape à l’Œil a vu fleurir 40 000 annonces sur sa plateforme. "Vinted, c’est 1 milliard d'euros de transactions par an. L’objectif, c’est que nos clients récupèrent 25 à 30 % de ces flux", confie Olivier Clair. "Les marques découvrent la clientèle de l’occasion. C’est toute une nouvelle logique d’appropriation clients et de cycle de vie des produits qui se dessine. Certaines modifient d'ailleurs leur process de fabrication pour que leurs produits soient plus durables."
Disruptual, qui compte 13 salariés, s’apprête à recruter sept ou huit personnes cette année pour renforcer son pôle commercial, poursuivre le développement de sa solution et adresser d’autres secteurs que le prêt-à-porter. L’entreprise, qui a levé 1 million d'euros en 2019, s’apprête à boucler une seconde levée de fonds, a priori "beaucoup plus importante", se réjouit Olivier Clair.
