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Destination Amnéville et le groupe Labellemontagne s'attaquent mutuellement en justice
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Destination Amnéville et le groupe Labellemontagne s'attaquent mutuellement en justice

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La Société publique locale Destination Amnéville vient d’assigner le groupe vosgien Labellemontagne, ancien exploitant de sa piste de ski en intérieur, et lui réclame 1 million d’euros pour "défaut d’entretien et de maintenance". Une contre-attaque judiciaire puisque, de son côté, Labellemontagne lui somme de rembourser 500 000 euros d’investissements.

Fermé en raison de l’épidémie depuis le 17 mars 2020, le Snowhall d’Amnéville a totalement rouvert à la mi-janvier 2022 — Photo : Destination Amnéville

Elle évalue le préjudice à 1 million d’euros. La Société publique locale (SPL) Destination Amnéville, créée en octobre 2017 pour assurer la promotion de la Cité des Loisirs, l’aménagement du site et la gestion de ses différents équipements, annonce avoir assigné le 8 février le groupe vosgien Labellemontagne (CA 2019 : 84 M€ ; 250 salariés à l’année et 1 200 en haute saison), gestionnaire de sept domaines skiables de l’est de la France, dont celui de La Bresse-Hohneck. La raison invoquée par la SPL ? Un "défaut d’entretien et de maintenance du Snowhall", l’unique piste de ski en intérieur de France, exploitée par le groupe bressaud entre 2018 et 2021. "La défaillance de la société Labellemontagne dans ses obligations d’exploitant et de locataire a conduit les représentants de la SPL (présidée par le maire de la ville Éric Munier) à décider d’engager une procédure juridique à [son] encontre," lit-on dans un communiqué publié par Destination Amnéville le 9 février au soir.

SnowWorld, nouvel exploitant

Labellemontagne avait effectivement repris l’exploitation du Snowhall d’Amnéville en novembre 2018 dans le cadre d’un bail commercial. Mais en mars 2020, l’irruption de la Covid-19 entraîne la fermeture du site mosellan. Selon la SPL Destination Amnéville, cette mise à l’arrêt de l’équipement a "lourdement impacté son exploitation compte tenu des charges fixes de fourniture d’énergie". Conséquence : "le Snowhall a souffert, plus encore que d’autres établissements de la Cité des Loisirs déjà durement affectés, du contexte de la crise sanitaire". Toujours selon la SPL, la société Labellemontagne aurait d’ailleurs annoncé début 2021 une perte prévisionnelle de l’ordre de 900 000 euros. Le 30 avril, l’exploitant bressaud annonce la résiliation du bail commercial avec effet six mois plus tard : le 31 octobre 2021.

Les représentants de la SPL se mettent aussitôt à la recherche d’un nouvel exploitant et lancent une consultation dès le mois d’avril. Labellemontagne se positionne à nouveau mais c’est bien le leader néerlandais des pistes de ski en intérieur SnowWorld (CA 2019-2020 : 37 M€ ; salariés : 350 équivalents temps plein) qui remporte la mise au début du mois de septembre.

Problème : lors du transfert de l’exploitation, la SPL estime "prendre la mesure de l’état des installations et équipements" et dresse dans son communiqué un constat sévère : "La suspension de l’entretien technique périodique par la société Labellemontagne pendant près de 18 mois et le délabrement de certains espaces ont rendu nécessaires d’importants travaux de remise en état afin de rendre possible la réouverture de l’établissement, qui n’a pu finalement s’opérer, partiellement, que le 24 décembre 2021" (la pleine ouverture du site est effective depuis la mi-janvier 2022). Selon les calculs de Destination Amnéville, le préjudice atteindrait donc 1 million d’euros.

Contre-attaque judiciaire

Cette assignation en justice intervient dans un contexte devenu conflictuel entre les deux structures. En effet, quelques jours plus tôt, le PDG du groupe Labellemontagne a lui aussi décidé d’emmener la SPL mosellane devant les tribunaux. Objectif : se faire rembourser 500 000 euros d’investissements. "Au fur et à mesure de l’exploitation du site, nous avons découvert le mauvais état de certains équipements, rappelle le Vosgien Jean-Yves Remy. Nous avons donc investi jusqu’à 500 000 euros pour remettre le Snowhall à niveau notamment dans le tapis, la neige de culture et le système incendie. Le pire est qu’avec la crise sanitaire, ces investissements n’ont même pas fonctionné plus de 12 mois. Comme ils vont désormais revenir à notre successeur, la moindre des choses est de nous rembourser. J’ai des emprunts et des mensualités et c’est quand même assez incroyable que mon concurrent qui a gagné l’appel d’offres en profite et ne les intègre pas comme une charge."

Le bail en question

La demande de remboursement a donc été faite dès l’annonce du changement d’exploitant en novembre 2021. Mais selon Jean-Yves Remy, les représentants de la SPL n’ont pas voulu transiger. Le PDG a donc décidé de porter l’affaire devant les juges et en profite pour rappeler que la résiliation du bail en question "n’avait rien de surprenant". "Destination Amnéville avait fait un avenant pour nous aider à prendre en charge les coûts de l’énergie nécessaires à la production du froid pendant six mois à charge d’avoir un surloyer qui ne pourrait pas aller au-delà, détaille le dirigeant. Mais compte tenu de l’incertitude économique, la SPL a convenu que le bail n’était pas le véhicule juridique idéal et qu’il fallait donc le faire évoluer. C’est pourquoi nous l’avons rompu à la fin des trois ans prévus. Et cela n’a été, en aucun cas, une surprise pour eux." Sur le volet du remboursement, une première audience est attendue dans le courant du mois de mars.

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