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Denis Matériaux s’adapte à la construction de demain
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Denis Matériaux s’adapte à la construction de demain

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Le groupe bretillien Denis Matériaux, négociant, distributeur et fabricant de matériaux de construction, est bien placé pour constater les évolutions actuelles majeures du secteur du BTP. Pour pérenniser son activité, il mise sur l’innovation dans le béton et la décarbonation. Il poursuit également sa politique d’investissement, par des rachats et des projets dans le solaire.

Renan Denis, PDG de Denis Matériaux — Photo : Virginie Monvoisin

Le béton est le cœur de métier du groupe Denis Matériaux depuis sa création en 1980. Mais en quarante ans, les modes constructifs ont largement évolué, et Denis Matériaux avec. Groupe familial indépendant dirigé depuis Guignen par Renan Denis, il est aujourd’hui spécialisé dans le négoce, la distribution et la fabrication de matériaux de construction à destination des professionnels (maçonnerie, TP, bois, couverture, isolation, menuiserie, carrelage et faïence, revêtements muraux, outillage). Il les fournit sur un périmètre qui va de la Normandie aux Pays de la Loire en passant par la Bretagne.

Pour poursuivre son développement, Denis Matériaux cherche notamment à consolider ses positions dans le grand Ouest, par croissance organique ou rachats. Il ouvre ainsi en ce mois de mai un 7e magasin Esprit Casa (dédié à la distribution de carrelages et faïences uniquement), à Nantes, pour 500 000 euros d’investissement. Avec 1 200 m² de showroom et un espace de stockage, il s’adresse à des professionnels qui travaillent en zone urbaine, les dépôts Denis Matériaux étant davantage destinés aux villes moyennes. Le groupe vise d’ailleurs d’autres ouvertures pour l’enseigne en 2024.

Showroom Esprit Casa, du groupe Denis Matériaux — Photo : Denis Matériaux

Un nouvel ancrage dans le Morbihan

Fin 2022, Denis Matériaux a également saisi l’opportunité de renforcer ses positions dans le Morbihan, en reprenant les trois sites de l’entreprise Ruaud à Elven Plumelec et Muzillac. Basée près de Vannes, celle-ci est essentiellement positionnée sur le négoce pour le gros œuvre et sur le béton prêt à l’emploi, dont elle est l’un des premiers acteurs sur son territoire. "Nous avions la même culture d’entreprise et Ruaud est un acteur majeur à Vannes sur le gros œuvre, qui est aussi notre spécialité", souligne Renan Denis. Les 58 collaborateurs de Ruaud (dont l’activité pèse 16 millions d’euros) intègrent ainsi la branche négoce du groupe bretillien, qui opère sous la bannière historique Denis Matériaux. Celle-ci compte aujourd’hui 36 dépôts de négoce, employant 400 collaborateurs. Elle dispose également d’une plateforme de 5 000 m² à Guignen au sud de Rennes, qui abrite d’ailleurs son siège social depuis 2013. "Nos dépôts, présents tous les 25-30 km, permettent de livrer les derniers kilomètres, pour des chantiers de rénovation ou de construction de maison individuelle", précise Renan Denis. L’entreprise familiale, fondée par son père en 1980, a jusqu’alors toujours grandi sur ce segment de marché, atteignant aujourd’hui les 130 millions d’euros de chiffre d’affaires avec Ruaud (vs 107 M€ en 2021, mais sans Ruaud).

Des brevets pour décarboner le béton

Mais pour sortir son épingle du jeu dans un domaine très concurrentiel, Denis Matériaux a su se détacher assez tôt des blocs de béton traditionnels pour proposer des produits nouveaux. À côté de son activité de distributeur de matériaux, le groupe a en effet développé une activité de préfabrication de béton, via sa filiale Perin & Cie, qui détient 7 usines en Bretagne. De quoi proposer ses propres produits innovants. "Nous fabriquons aujourd’hui 20 % de blocs traditionnels et 80 % de produits dits techniques", précise Renan Denis.

Usine Perin (groupe Denis Matériaux) à Saint-Maudez — Photo : Perin

Depuis 2005, l’entreprise a en effet monté une cellule de R & D avec 4 collaborateurs. Elle a notamment mis au point un bloc de béton breveté en 2016, le Air Bloc, pour lequel la fabrication rejette moitié moins de CO2 qu’une brique classique (elle permet de pré-isoler un mur grâce à une "mousse" de béton fabriquée à base de béton et d’un tensioactif naturel). Et le dirigeant veut aller plus loin. "Nous travaillons sur un nouveau produit, qui serait un bloc béton zéro carbone", confie Renan Denis, qui a déposé un autre brevet il y a quelques mois.

Association avec le landais Materrup

Perin vient également de s’associer avec la société landaise Materrup, pour produire des éléments préfabriqués en béton bas carbone à base d’argile non calcinée. "Ce partenariat avec Materrup nous permet de convertir une partie de notre production d’éléments préfabriqués en éléments en béton bas carbone à base d’argile non calcinée et de proposer des produits plus responsables", renchérit Renan Denis. Ce partenariat représente une capacité de production de 50 000 tonnes par an. L’entreprise bretonne franchit ainsi une nouvelle étape dans la décarbonation de la construction, puisqu’elle va utiliser une matière abondante dans ses carrières locales, l’argile crue, pour proposer un produit décarboné à 45 %. Cette démarche de décarbonation est un véritable engagement pris par Renan Denis depuis plus d’une dizaine d’années déjà. Et ces innovations n’ont pas seulement pour objectif de répondre à la réglementation, notamment européenne, qui vise à diviser par deux les émissions de CO2 de la construction. Elles sont également une manière pour le groupe breton d’anticiper les besoins de demain face à la ZAN (zéro artificialisation nette des sols).

"Les maisons individuelles vont devenir chères car il y aura moins de foncier disponible. Nous qui travaillons essentiellement sur le segment de la maison individuelle, devons nous diversifier en adressant davantage le marché du collectif", explique Renan Denis. Se faire sa place sur ce segment passe entre autres par l’innovation.

12 millions d’euros investis en photovoltaïque

Cette bascule vers des ciments décarbonés nécessite par ailleurs des aménagements et investissements en outils de production. Le temps de fabrication est plus long (plus de temps de séchage), donc Perin doit réisoler ses étuves, les ventiler et chauffer les préparations pour suivre la demande. Le groupe, qui va par conséquent consommer plus d’énergie pour produire, a fait le choix d’installer des centrales photovoltaïques sur ses 7 usines Perin et 12 de ses sites Denis Matériaux. "Nous allons démarrer ce projet en août, avec Legendre Énergie pour tiers investisseur, explique Renan Denis. Dans deux ans, ces 19 fermes solaires vont pouvoir produire l’électricité que l’on consomme aujourd’hui".

Création de Denis Solaire

Pour aller plus loin, le groupe Denis Matériaux a également créé en 2022 une société à capital variable, Denis Solaire, qui permet à tous les salariés du groupe (et seulement à eux) d’investir dans le solaire, sur des installations qui seront réalisées sur une dizaine de sites du groupe. "Nous avons déjà levé 85 000 euros auprès d’une quarantaine de collaborateurs et organiserons une seconde opération très prochainement, indique le dirigeant, qui emprunte 85 % de la somme nécessaire à ces projets auprès des banques. Si nous levons 150 000 euros, nous pourrons investir un million." L’électricité produite sera réinjectée dans le réseau, assurant un rendement de 8 à 9 % aux actionnaires, dont la somme de départ est bloquée pendant cinq ans. "Cela fait partie de notre démarche RSE, c’est un peu comme une participation. L’intégralité des résultats sera versée aux salariés dans cinq ans", souligne Renan Denis. Pour l’instant, les installations sont déjà prévues sur deux premiers sites, à Bain-de-Bretagne et Danestal (Calvados).

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