Alors que les courbes de vente de véhicules électriques explosent, avec une part de marché passée de 2,6 % en 2019 à 18,3 % en 2022 selon les chiffres de l’AVERE, le réseau de recharge se structure en conséquence. En mai 2023 a ainsi été atteint l’objectif de 100 000 bornes de recharge implantées en France, fixé à l’origine par le président Macron en juin 2020, pour l’été 2021. Le prochain jalon est placé à 400 000 points de charge pour 2030. C’est dire si un boulevard est ouvert devant les fabricants de bornes, dont fait partie le groupe DBT, basé à Brebières près de Douai. "Malgré des difficultés liées aux hausses des coûts des matériaux, nous avons enregistré une croissance de 128 % en 2022, qui nous a permis de doubler notre chiffre d’affaires consolidé, passé de 4,3 à 9,8 millions d’euros. Nous visons les 15 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023", présente Alexandre Borgoltz, qui a pris en 2020 la tête de l’entreprise familiale d’une centaine de salariés. Surtout, 2022 a vu pour la première fois depuis longtemps se résorber le déficit de la PME. Affichant encore près de 6 millions de pertes, elle pourrait retrouver le point d’équilibre dès cette année, selon son dirigeant.
Décollage de la fusée R3 ?
Indéniablement, les projets se multiplient pour DBT, qui s’est doté en 2021 d’une filiale d’exploitation, R3. Cette dernière a bénéficié en 2023 d’un financement de 50 millions d’euros de la part d’Amundi Transition Énergétique et de la Banque des Territoires, pour l’accompagner dans son objectif d’atteindre les 350 stations installées d’ici 2025, et le millier en 2030. Outre l’équipement d’une cinquantaine de sites de Norauto, des accords signés avec la grande distribution et des chaînes de restauration permettent à R3 de se rapprocher de son but, avec des inaugurations quasi quotidiennes de stations. R3 installe ses stations sur les parkings de ses clients, désormais obligés par la loi de proposer des places équipées de bornes de recharge. Elle en assure ensuite la gestion et se rémunère sur la vente de l’électricité, avec un retour sur investissement estimé à 7 ans. Encore très minoritaire en termes de chiffres d’affaires en cette première année d’exercice, R3 devrait monter en charge en 2023 pour réaliser dans les 7 millions d’euros. À terme, Alexandre Borgoltz vise les 50 millions d’euros de chiffre d’affaires consolidé, réalisé pour moitié sur R3, et pour moitié sur DBT.
Toujours plus de puissance
C’est que de son côté, l’activité de production de bornes voit aussi les commandes affluer. Et DBT prévoit une accélération avec la sortie prochaine d’un nouveau modèle, plus compact et délivrant une puissance de 180 kW, avant un modèle délivrant 360 kW pour l’an prochain. De quoi suivre la croissance des batteries, de plus en plus grosses, et continuer à leur garantir une charge rapide. "Le marché de l’électrique se polarise entre deux extrêmes, les petites citadines avec une autonomie limitée, et les grosses routières, avec des modèles qui avoisinent déjà les 1 000 kilomètres d’autonomie", détaille Alexandre Borgoltz. DBT vise principalement une clientèle de grands opérateurs, comme Total ou Station-E, en mesure de décrocher d’importants contrats d’aménagement de stations-service électriques. Avec en ligne de mire, l’entrée en vigueur prochaine de la réglementation européenne imposant l’installation de bornes de recharge rapide tous les 60 kilomètres sur le réseau autoroutier. Autant de belles occasions à saisir pour le constructeur douaisien.
