Enfin, elles tournent. Les trois lignes de production de l’usine de Daurema, à Wattrelos, ont été officiellement inaugurées au début de l’été, et sont désormais en capacité de produire 30 millions de barquettes en cellulose à l’année. C’est sur ce matériau naturel, tiré de pulpe de bois, qu’a parié Frédéric Salomon en créant l’entreprise en 2021, en partenariat avec Florian Lefebvre, le dirigeant de la lilloise Plastisem. Avec l’inauguration de cet outil, fruit d’un investissement de 4 millions d’euros financé en prêt bancaire et par l’IRD, Daurema lance pleinement son activité et entend concrétiser rapidement les marques d’intérêt reçues depuis deux ans, venant de tous les secteurs d’activité. "Nous allons poser les jalons cette année, pour décoller en 2024. Je prévois deux millions d’euros de chiffre d’affaires l’an prochain et 4 millions d’euros d’ici trois ans, quand nous aurons pu doubler le nombre de lignes", se projette Frédéric Salomon, qui emploie actuellement 4 personnes.
Recul du secteur agricole
Il faut dire que la cellulose, écoresponsable, légère et peu coûteuse, a tous les atouts pour remplacer le plastique à usage unique, de plus en plus indésirable… Même si le législateur prend encore le temps d’attendre. "Le premier décret interdisant l’usage du plastique pour l’emballage des fruits et légumes est paru en janvier 2022, mais il a été jugé inéquitable par le Conseil d’État parce qu’il prévoyait des délais plus ou moins long selon les secteurs. Le nouveau décret est paru le 1er juillet 2023, et sera applicable à tous dès janvier 2024. Mais il est beaucoup plus souple que le précédent, et exempte un certain nombre de produits, dont les fruits rouges", regrette Frédéric Salomon, pour qui le marché des petits fruits vendus en barquettes est une cible privilégiée. Daurema se retrouve donc plus tributaire que prévu de la volonté des producteurs, distributeurs et consommateurs de se détourner du plastique, à un moment où les marges se serrent.
Mais si le secteur agricole français n’est finalement pas très engageant, d’autres marchés, et d’autres pays européens, sont plus mûrs. "En Allemagne, en Angleterre et dans les pays du nord de l’Europe, la demande est nettement plus importante pour les emballages alternatifs au plastique. Nous nous faisons connaître via les grands salons internationaux. L’objectif pour le moment, c’est d’être référencé dans les catalogues de distributeurs de packaging. Maintenant que nous avons l’outil de production, nous allons pouvoir également répondre à des appels d’offres, dès la fin de l’année," décrit Frédéric Salomon.
S’imposer sur d’autres marchés
En parallèle, Daurema travaille également à des prototypes pour différents secteurs non-alimentaires. La versatilité de la cellulose, qui peut être moulée et teinte à façon, lui permet de concurrencer le plastique dans la plupart de ses applications. "Dans tous les secteurs, la place du plastique est aujourd’hui interrogée. Nous sommes par exemple en train d’étudier comment remplacer par de la cellulose les racks en plastique qui maintiennent les fioles dans certaines boîtes de médicaments ou de vaccins", décrit le dirigeant. Des tests sont également menés avec un horticulteur, pour mettre au point des pots de semis biodégradables, qui se désagrègent dans le sol.
