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D’artisan à industriel, l’entreprise familiale Cuisines Grandidier poursuit sa montée en puissance
Moselle # Fabrication de meubles # Stratégie

D’artisan à industriel, l’entreprise familiale Cuisines Grandidier poursuit sa montée en puissance

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Quand Denis Grandidier reprend les Cuisines Grandidier en Moselle en 1998, il décide rapidement d’investir toutes ses économies dans une première machine à commande numérique, pour sécuriser la production de la PME artisanale. Presque vingt ans plus tard, il codirige avec ses deux fils un atelier entièrement modernisé et se prépare à passer à la vitesse supérieure.

Cuisines Grandidier est actuellement dirigé par trois cogérants : Lucas, Denis et Thibaut Grandidier, épaulés par Patricia Grandidier — Photo : M. Dupont

En mars 2024, le mosellan Cuisines Grandidier a intégré la quatrième promotion de l’Accélérateur Bois, porté par Bpifrance et par le Comité stratégique de la filière Bois. "Il y a huit ou neuf axes de formation", explique Thibaut Grandidier, cogérant de l’entreprise. "Nous espérons surtout progresser sur un axe commercial, de stratégie et de développement", complète Lucas Grandidier, son frère, lui aussi cogérant, au côté de Denis Grandidier, le père des deux dirigeants.

Spécialisé dans la fabrication et la commercialisation de cuisines sur mesure et haut de gamme, Cuisines Grandidier (40 salariés, 4 M€ de CA) s’adresse pour l’heure à une majorité de particuliers, via ses trois magasins et depuis son siège de Rémilly, en Moselle. "L’objectif de cet accélérateur, c’est de réussir à s’ouvrir sur de nouveaux marchés", annonce Thibaut Grandidier. D’abord, les deux frères espèrent étendre l’entreprise familiale à l’échelle nationale. "Sur ce point, nous partirions sur un modèle de franchises", avance Thibaut Grandidier. Deuxièmement, ils souhaitent s’adresser à plus de professionnels. Ensemble, Thibaut et Lucas Grandidier veulent suivre la lancée de leur père pour développer l’entreprise. "Lorsqu’il a repris Cuisines Grandidier, il a multiplié le nombre de salariés par dix. Nous, nous aimerions atteindre la centaine de salariés. Au moins d’ici notre retraite", sourit Lucas Grandidier.

Du garage à l’atelier industriel

"En 1956, notre grand-père Gabriel, qui a aujourd’hui 93 ans, s’est installé au centre du village et a commencé à produire des meubles. Il s’occupait seul de la vente, de la fabrication et de l’installation", raconte Thibaut Grandidier. Arrivé à la tête de l’entreprise en 1998, Denis Grandidier, son fils, entame en 2009 la construction d’un nouveau bâtiment de 800 m², pour déménager le magasin dans une zone plus passante. L’entreprise ne compte encore que quatre salariés.

Après l’ouverture du nouveau point de vente, Cuisines Grandidier connaît un boom, qui oblige les gérants à recruter une dizaine de personnes en deux ans. "La production de l’entreprise se faisait dans le garage, et les meubles étaient stockés dans les chambres", se souvient Thibaut Grandidier. Saturé, Cuisines Grandidier construit alors un atelier de 1 200m² et installe son siège derrière le nouveau magasin, en 2011.

Représentant la troisième génération aux commandes de la PME, Thibaut et Lucas Grandidier (au centre) sont devenus cogérants de l’entreprise en 2019 — Photo : Cuisines Grandidier

Les clients continuent d’affluer de toute la Région, jusqu’au Luxembourg. "C’est là que notre père a décidé de s’implanter là-bas", raconte encore Thibaut Grandidier. Denis Grandidier y acquiert un nouveau site en 2014 et développe peu à peu le magasin, pour atteindre les 200 m² en 2018. Un second point de vente de 350 m² suit en 2020, dans la ZAC d’Augny, en Moselle.

Après le Covid, la relance

"Et puis, paf, le Covid", se souvient Lucas Grandidier. Tout ferme, l’entreprise vient d’ouvrir un magasin et impossible de toucher d’indemnités, puisque le code APE de Cuisines Grandidier dépendait de l’artisanat. Si les cogérants en profitent pour mettre en place un logiciel de gestion de l’entreprise, la production reste à l’arrêt. "Là, nous avons contracté un Prêt Garanti par l’État (PGE) à hauteur de 500 000 euros, pour pouvoir payer les salaires", poursuit Thibaut Grandidier.

Thibaut et Lucas Grandidier, cogérants de Cuisines Grandidier — Photo : Anabelle Filoche

C’est à ce moment que l’État contacte Cuisines Grandidier, pour son plan France Relance 2030. Avec un défi : présenter un projet ambitieux. Tout juste sortis de l’ENIM (École Nationale d’Ingénieurs de Metz), Thibaut et Lucas Grandidier, accompagnés par leurs parents, sont retenus pour leur plan d’investissement de quatre millions d’euros visant à développer un nouvel outil industriel équipé d’un logiciel de dessin et de vente.

Une ligne de 100 mètres de long

Le plan proposé par Cuisines Grandidier a fini d’être exécuté fin 2023. L’entreprise dispose désormais d’une nouvelle ligne de production de cent mètres de long, d’un logiciel optimisé, ou encore d’une nouvelle extension de 600 m² pour abriter le nouvel outil industriel, automatisé et numérisé, avec des pièces qui se déplacent seules de machines en machines. "Nous avons multiplié nos capacités de production par cinq. Nous sommes capables d’usiner et de sortir 1 000 pièces en sept heures", énumère Thibaut Grandidier.

"C’est notre père qui a fait le premier pas vers la numérisation", se souvient Lucas Grandidier. En 2003, l’entreprise réalisait alors 200 000 euros de chiffre d’affaires. Désireux d’installer plus de sécurité sur les machines, Denis Grandidier et sa compagne investissent toutes leurs économies dans la première machine à commande numérique de l’entreprise. Un investissement de 100 000 euros à l’époque.

En 1986, Cuisines Grandidier disposait déjà d'un showroom, au centre de Rémilly — Photo : Cuisines Grandidier

Une seconde extension au programme

Si les cogérants n’ont pas pour l’heure de nouveaux investissements machines prévus, ils ont racheté en octobre 2023 un terrain de 15 000 m², accolé au siège de l’entreprise. "Nous prévoyons de construire 2 000 m² en plus : cela doublerait la surface et nous permettrait de gagner un espace de stockage. Pour l’heure nous n’en avons pas vraiment et nous produisons en flux tendu", souffle Lucas Grandidier. Le cuisiniste a encore beaucoup de projets devant lui.

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