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Crise du logement : les acteurs girondins tirent la sonnette d’alarme et réclament des mesures
Gironde # Bâtiment # Conjoncture

Crise du logement : les acteurs girondins tirent la sonnette d’alarme et réclament des mesures

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Dans la droite ligne de l’Alliance pour le logement qui réunit les grands acteurs nationaux, les représentants girondins de huit organisations alertent de concert sur une baisse d’activité sans précédent dans le département et un avenir social et économique "sombre" les prochaines années. Ils réclament des "décisions chocs".

Les acteurs de la construction et de l’immobilier se sont unis ce mercredi pour interpeller les pouvoirs publics sur la crise du logement sans précédent en Gironde. Frédéric Lesvigne (Fnaim), Jérôme Banderier (Unam), Mathias Saura (Medef Gironde), Muriel Boulmier (UR HLM), Sophie Hopensztand (Aria), Pierre Vital (FPI), Thierry Leblanc (FFB Gironde), Cécile Despons (CPME Gironde), Franck Schikowski (FFB Gironde) — Photo : Caroline Ansart

"La crise de 1992 était moins difficile, celle de 2008 était très courte. Celle-ci est sans précédent", résume Franck Schikowski, président du Pôle habitat de la FFB Gironde. Huit organisations locales - Fnaim, Medef, Union régionale HLM, Fédération des promoteurs indépendants (FPI), Fédération du bâtiment (FFB), CPME, Union des aménageurs (Unam), Association régionale d’ingénierie (Aria) - réunies ce mercredi se disent "tous concernés, tous unis" face à une "catastrophe sociale et économique annoncée". À grand renfort de chiffres - éloquents -, ils alertent les pouvoirs publics et réclament des actions.

Chute des mises en chantiers

"Le secteur est quasiment à l’arrêt", estime Mathias Saura, le président du Medef Gironde. "Plusieurs plans sociaux sont en cours chez les constructeurs de maisons individuelles qui accusent une baisse des ventes de 25 à 30 %. Les notaires licencient aussi. On s’attend en Gironde à une chute de la main-d’œuvre dans le logement collectif de 1 500 personnes en 2024. Il y aura une accélération en 2025 si rien n’est fait", prévient Thierry Leblanc, président de la FFB Gironde. Dans le logement collectif, "des entreprises sont déjà en difficulté et décalent des échéances en 2024", témoigne Pierre Vital, président de la FPI Nouvelle-Aquitaine. "L’ensemble de la profession s’attend à ce que 2024 soit pire à cause de l’inertie du marché. On craint une baisse des effectifs de 20 % et des faillites d’entreprises."

La mise en chantier de logements collectifs a reculé de 32 % en un an. "Avec des conséquences qui se retrouveront en 2025-2026", prédit Thierry Leblanc. En cause, le fort taux de désistement des ménages depuis deux trimestres (50 % selon l’Observatoire de l’immobilier du Sud Ouest) qui se heurtent à la flambée des taux d’intérêt (50 % des dossiers sont retoqués). "Or, quand on démarre une opération, 50 % doivent être vendus. En l’absence d’équation, les entreprises préféreront ne pas démarrer un chantier plutôt que démarrer à perte", explique Jérôme Banderier, président de l’Unam.

La demande de logements très élevée

En parallèle, la demande de logements ne cesse de croître, avec 16 000 nouveaux habitants en Gironde chaque année. La Nouvelle-Aquitaine cumule 172 000 demandes de logements sociaux contre 139 000 il y a deux ans. "Avec des points forts qui ne sont pas qu’en Gironde mais aussi au Pays basque, à La Rochelle et sur tout le littoral", analyse Muriel Boulmier, présidente de l’Union régionale HLM. 47 000 demandes demeurent non pourvues dans la métropole bordelaise qui pourtant en construit moins (8 200 en 2022 contre 10 500 en 2019).

Les professionnels pointent du doigt les taux d’intérêt, le coût du foncier, la frilosité des élus, le phénomène de décohabitation qui engendre un foyer moyen sur la métropole de Bordeaux de 1,99 personne contre 2,65. "Donc il faut davantage de logements…", analyse Thierry Leblanc. Pour preuve, "une annonce pour un studio enregistre 80 appels en deux heures".

Dégripper le système

Les professionnels dénoncent aussi l’empilement des normes, qui "va à l’encontre de la nécessité immédiate de logements", selon Sophie Hopensztand, de l’Aria, arguant une durée moyenne de construction "de 5 à 6 ans versus 3 ans avant le Covid". Les Bâtiments de France sont aussi étrillés au passage, ainsi que le calendrier de la rénovation énergétique, "intenable tant en délai que financièrement", regrette le président de la Fnaim Gironde Frédéric Lesvigne.

Pour dégripper le système, ils réclament entre autres un retour de l’accessibilité au Prêt à taux zéro (PTZ) pour les maisons individuelles et l’ensemble du territoire. L’Union régionale HLM propose le rétablissement du taux de TVA à 5,5 % pour toute la production neuve et l’ensemble des opérations de réhabilitation. L’Unam pour sa part plaide pour une exonération des droits de succession en cas de réemploi pour l’acquisition de logement neuf. L’Aria demande la maîtrise des coûts de la distribution des matériaux comme dans la grande distribution. La FPI souhaite un fléchage des aides à la rénovation au profit non seulement des particuliers mais aussi des opérateurs privés.

"Sans réaction urgente, l’avenir s’annonce sombre pour tout le monde", prévient le président de la FFB Gironde. "Cela engendre une baisse d’attractivité pour notre territoire avec des collaborateurs qui ne parviennent pas à se loger", rappelle le président du Medef Gironde Mathias Saura.

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